C'est en vain que son propriétaire l'empereur de Chine, invita de grands artistes à en jouer. Ils ne tiraient de la harpe que des dissonances à en faire grincer les dents. Enfin arriva le prince des harpistes Peiwoh et le miracle se réalisa. Sous ses doigts s'éleva une mélodie admirable où l'on reconnaissait toutes les beautés de la nature, la splendeur des forêts au soleil levant, la douceur du clair de lune, les rumeurs du vent, le bruit caressant ou violent des vagues. Il rendait même perceptibles les effluves qui montent de la terre à toutes les saisons. L'empereur et sa cour étaient muets d'admiration.
Le monarque parla enfin : "Quel est, dit-il au magicien, le secret de ta victoire ?" Il répondit: « Si tous les musiciens ont échoué, c'est parce qu'ils ne cherchaient à chanter qu'eux-mêmes. J'ai laissé la harpe libre de choisir son thème et en vérité je ne savais plus si c’était la harpe qui était Peiwoh ou si Peiwoh était la harpe. »