C'est le titre d'une exposition qui a lieu au Musée du quai Branly actuellement et ce jusqu'au 29 janvier 2012. 140 pièces d'une collection unique au monde, en dehors du Japon le seul ensemble Mori, une des familles qui gouvernait le pays. C'est absolument superbe. On y apprend que la puissance de l'armure réside dans ses détails, le moindre élément ayant sa fonction. La similitude est grande avec les couteaux. D'ailleurs on peut y voir aussi une vidéo sur la fabrication des sabres qui a peu de choses près est assez similaire à la fabrication de certaines gammes de Chroma et Kasumi (les coutelleries sont les héritières des manufactures qui se sont
recyclées lorsque le port des sabres a été réservé aux seuls officiers de l'armée impériale en 1876). Les sabres japonais ont marqué l'histoire, d'après une légende un sabre de qualité supérieure devait passer au travers de sept corps empilés les uns sur les autres et à ce point tranchant que, placé dans le courant d'un ruisseau, il puisse couper en deux un nénuphar qui lui passerait dessus! Pas étonnant vu les lourdes armures de l'exposition, le sabre devait être effectivement très efficace.
L'armure, d'abord de protection de 1185 à 1603, devint ensuite avec l'apparition des armes à feu un élément de signalisation au milieu des mêlées, puis symbole de richesse et d'autorité sous les Tokugawa (1603 à 1868), suite à la marginalisation du pouvoir des seigneurs locaux. C'est un art ancien, les fouilles archéologiques attestent de la présence de protections métalliques dès le IVème siècle. Le point fort de l'exposition d'après nous : elle met en perspective la tactique guerrière avec la beauté et le confort de ces armures. On y voit ainsi des étriers, conçus dans un but de guerre afin que les guerriers puissent se tenir dessus en équilibre pour tirer à l'arc pendant le galop, incorporant des coquillages laqués et pilés comme s'il s'agissait d'aller à une parade. Les kabutos (casques) sont aussi de véritables oeuvres d'art où les artisans rivalisaient de talent (ne manquez pas le casque en forme de coquille St Jacques géante). Ils les parfumaient d'encens pour le cas où ils se feraient décapiter afin que leur tête sente bon... Le samouraï devait chercher la beauté en toute chose, l'exposition nous le fait magnifiquement comprendre. Nous aurons l'occasion d'y revenir bientôt.