Un des atouts de cette collection "A 20 ans" décidément chère à notre blog, est qu'elle ne force pas le propos... A 20 ans, Jean-Jacques n'est pas encore Rousseau. Il n'a, inscrit au plus profond de lui, que cet "impétueux désir de liberté", cette indépendance à tout crin qui sera sa signature existentielle. Qu'à cela ne tienne, Claude Mazauric trace, dans un essai passionnant, la genèse du "fondateur d'une anthropologie révolutionnaire", dont nous sommes clairement les héritiers.
Né à Genève , issu d'une lignée d'horlogers calvinistes, le jeune JJR fuit la ville à l'âge de 16 ans.
Il lui faut tout d'abord renier sa foi et rallier la religion catholique. C'est sur la bonne... foi de sa conversion qu' il est confié à Madame de Warrens, laquelle joue un rôle majeur dans l'éducation de "Petit " (JJR), devient sa mère de substitution ("Maman") et entreprend, quelques années plus tard, de le déniaiser.
Ensuite, il lui faut ouvrir son esprit à tout ce qui se présente à lui: on voit ainsi le jeune adulte découvrir avec passion la musique , la chimie, la médecine..engranger en lui, au gré de promenades en des lieux chers et profitables à son esprit, la matière qui nourrira sa pensée. Telle George Sand à Nohant, " C'est aux Charmettes, en effet, que s'est formée la grande synthèse intellectuelle, faite de savoirs, de lectures, de découvertes et de réflexions, dans laquelle Jean-Jacques a par la suite puisé pour donner naissance à une oeuvre proprement gigantesque."
Une pensée qui nourrira, à son tout, les générations à venir.
" En introduisant finalement la conscience des réalités de classe dans la philosophie des Lumières, Rousseau le roturier ouvre la voie à une démarche critique qui, trois générations plus tard, sera au fondement de la pensée théorique et politique du jeune Karl Marx."
Jean-Jacques Rousseau à 20 ans. Un impétueux désir de liberté, Claude Mauzaric, Ed. Au Diable Vauvert, avril 2011, 156 pp, 12 €