Soyons juste, ce n'est pas les chiffres donnés par les instituts de sondage qui sont sujets à caution (enfin pour le cas qui m'intéresse), mais l'interprétation qui en est fait par les soit disant commentateurs politique. Depuis environ un mois, on essaie de nous vendre une fantastique remonrée de Sarkozy et un effondrement du candidat socialiste. Rien n'est plus faux, mais cela indique très clairement le camp choisi par une partie de la classe médiatique. A moins que l'on considère que pour doper les ventes il leur faut nous faire croire à une élection qui se jouerait dans un mouchoir de poche. On en est certes loin pour l'instant, mais la manipulation, elle, est bien réelle. La dernière enquête de la SOFRES publiée par le Nouvel Observateur en est un très bon exemple.
Dans cette enquête, donc, on constate que François Hollande est donné à 31 % (soit un résultat moindre par rapport à ceux qui étaient les siens en général en octobre), et Nicolas à 28 % (de fait son meilleur score depuis longtemps). La quasi totalité des commentateurs se focalisent sur ces deux candidats, oubliant tous les autres, et en concluent évidemment que Nicolas Sarkozy rattrape son retard sur François Hollande. L'explication en serait simple : les "bonnes" prestations du président de la République face à la crise conjuguées au trou d'air que connaît le candidat socialiste après les primaires et sa mauvaise gestion de l'accord avec les Verts.
Sauf que cela est faux. Pour le comprendre, il faut comparer ces chiffres avec la précédente enquête réalisée par le même institut, la SOFRES. Comme à l'époque les candidats Verts et socialiste n'étaient pas connus, il ne faut donc prendre en compte que l'hypothèse avec François Hollande et Eva Joly. Et que constate-ton ?
Tout d'abord que François Hollande était crédité de 28 %. C'est à dire qu'en novembre, il recueille 3 % de plus d'intentions de vote qu'en mai. Il ne baisse pas, il monte.
Ensuite, Nicolas Sarkozy n'était donné qu'à 24 %, il monterait donc de 4 points. Sauf qu'en mai, la candidature de Jean-Louis Borloo était prise en compte avec 8 %, ce qui nous faisait un total droite de 32 % (oui, ceux qui classent Borloo au centre sont des rigolos !). Donc la droite classique ne progresse pas de 4 points, mais baisse d'autant (et encore, par délicatesse je ne tiens pas compte de Villepin, sinon la baisse serait plus forte).
Autre chose intéressante, le second tour est totalement ignoré. Or, il confirme bien ma démonstration, puisque François Hollande y gagne 2 point, à 60 % ! Mais commenter le second tour, ce serait admettre que l'on a tout faux au premier.
On s'aperçoit donc que pour les principaux candidats, sur une période longue de 6 mois, la dynamique n'est pas du tout la même que celle dont on nous rabat les oreilles depuis des semaines.
Mais ce n'est pas tout, parce que si la classe médiatique est bipolarisée, ce n'est pas le cas de la France qui vote. Il y a bien d'autres candidats, et là aussi, il y a des évolutions notables qui sont passées à la trappe.
Marine Le Pen tout d'abord, passerait de 20 à 16,5. C'est encore beaucoup trop, je l'admets, mais, reconnaissez que 3.5 points de baisse, c'est une évolution notable. Pourquoi ce silence ? Peut-être que la droite a encore besoin pour l'instant de maintenir la menace FN pour justifier sa dérive sécuritaire ?
Jean-Luc Mélenchon enfin, passerait de 3 à 8. Il multiplierait son score par 2.5 ! Et pas un mot, que dalle, niet, nada. Le vrai candidat anti-système, c'est lui, personne n'a envie de le voir monter trop haut. Ni la droite, ni le PS, ni les médias aux ordres. D'où l'omerta.