J’accuse le système bancaire d’être co-responsable de la misère des congolais

Publié le 30 novembre 2011 par Rm Communication

Par José MBUMBAMaster en Sciences de gestion mention Comptabilité, Contrôle de gestion, Audit. Expert Comptable stagiaire (doctorant). Ex Assistant pendant 10 ans (1993-2003) en ÉCONOMIE à  l’UNIKIN.

I.INTRODUCTION.

En octobre dernier, quand la fondation MO IBRAHIM, du nom du milliardaire soudanais dont le prix (le plus doté annuellement au monde : 5 millions de $ sur dix ans et 200.000 $ par an à vie au lauréat) récompense les anciens chefs d’Etats Africains des pays sub-sahariens pour leurs leaderships d’excellence et leurs gouvernances pour notamment tirer ces pays du sous développement et donc de la pauvreté, publie le classement 2011 de l’indice du même nom, le congolais est abasourdi car le pays est 50ème/53 pays africains avec 1/100 sur les infrastructures, pourtant priorités de cinq chantiers ; est ce une erreur mieux les données sont elles fiables?

Mais lorsque le PNUD publie son classement de l’Indice du Développement Humain IDH 2011, en novembre 2011, qui traduit le niveau de vie des populations de différents pays du monde et qui est calculé notamment sur base de l’espérance de vie à la naissance, du niveau d’éducation de la population, du PIB  déflaté par habitant mais en parité de pouvoir d’achat et du revenu percapita, le congolais s’attend à tout sauf à ce qu’il soit le dernier au monde à vivre bien avec un IDH de 0,286 (187ème/187 pays) largement inférieur aux IDH moyens des pays moins avancés PMA (Pays à IDH inférieur à 0,500) et des pays de l’Afrique sub-saharienne qui se situeraient autour d’un IDH de 0,400 et ce, malgré ses 24 billions de $ des potentialités minières (Selon le magazine New African, Londres avril 2010, la ruée vers le coltan) capables de payer les dettes des Etats Unis soit 15 billions de $ et de grands pays de l’Europe occidentale dont l’Allemagne, la France et l’Italie avec un solde largement créditeur : il a le souffle coupé.

Deux faits méritent d’être soulignés :

1. La RDC n’a jamais été dernière depuis 2007 au classement IDH; 178ème/185 en 2007; 168ème/177 en 2008 ; 176ème/182 en 2009 ; 168ème/169 en 2010 où elle a un indice de 0,282 contre 0,268 au dernier qui est le Zimbabwe, mais au classement 2011, pas seulement que le Zimbabwe dépasse la RDC mais il dépasse 13 autres pays pour se situer au 173ème rang/187 pays. Après une décennie de déclin pendant laquelle le Zimbabwe voit son PIB se contracter de plus d’un tiers, son revenu par habitant se réduire de 40% et son inflation chronique se transformer en hyperinflation en 2006 et 2008, le Zimbabwe amorce une mutation économique et atteint une croissance économique de 8,2% en 2010 grâce à la formation d’un gouvernement d’union nationale en février 2009 et à l’adoption d’un régime multidevises ainsi que d’autres mesures de stabilisation. La croissance devrait se situer à 7,8% en 2011 soit 2 ans seulement de création des richesses pour booster l’IDH et le faire passer à 0,376 en 2011 contre 0,268 en 2010 : un exploit hors du commun. La RDC choisit de le remplacer à la dernière place avec un IDH de 0,286 en 2011; n’a-t-elle pas créé de la richesse, via la croissance économique, pour booster son IDH comme le pays de MUGABE?

  1. 2.  Après une forte dépression économique des années 1990-1999 avec une moyenne  de moins 5,1%, l’économie congolaise touche le fond avec moins 7% en 2000, elle se redresse en 2002 avec 3,5%  de croissance après avoir fait moins 2% en 2001. Elle bondit en 2004 soit 6,8% ; elle tombe à 2,8% mais reste positive en 2009 suite à la baisse de la demande mondiale des matières premières et à l’effondrement des marchés internationaux auxquels dépend fortement son économie via les exportations des produits à faible valeur ajoutée. Quand ceux-ci se relancent en 2010, elle rebondit à 6,1% pour toucher le plafond  à 6,9%  au premier semestre 2011 (Rapport BCC 1er semestre 2011 sur la politique monétaire) soit 10 ans de création des richesses, si on enlève, à partir de 2001, la contraction de 2009. Plus de 40% de croissance économique cumulée : un véritable exploit économique qu’on ne peut retrouver que dans les années 70.

Cette croissance économique de 10 ans, qui ferait des envieux aux Etats Unis et en Europe occidentale dont la France où je vis et la toute puissante Allemagne où moins de 3% est attendu en 2011, ne booste pas l’IDH comme au Zimbabwe mais le fait seulement passer de 0,282 en 2010 à 0,286 en 2011 : un vrai paradoxe. Il y’a création véritable des richesses que si celle-ci est accompagnée d’une politique de répartition équitable des revenus qui puisse améliorer sensiblement les conditions de vie des populations; la disparition de la pauvreté est à ce prix ; ça s’appelle faire de la croissance inclusive, gage d’une cohésion nationale (voir site de la Banque Mondiale). La croissance exclusive est à éviter car c’est une bombe atomique qui peut exploser à tout moment via les troubles sociaux, mais on ne peut pas jeter le bébé et l’eau du bain. Il faut capitaliser cette croissance économique même si je regrette car le pouvoir actuel, est passé non loin d’un exploit qui mériterait le prix MO IBRAHIM s’il avait mieux regardé du côté social en 10 ans de création des richesses; HELAS !!! Le développement économique n’est pas la croissance économique mais c’est la croissance économique doublée d’une amélioration du niveau social des populations et si vous intégrez l’écologie dans ce processus, le développement économique devient durable : trois composantes qu’on ne peut séparer, malheureusement.

II. LES RESPONSABILITES.

1. LES GOUVERNANTS

Le choix de ne privilégier qu’un seul chantier sur les cinq prévus (infrastructures tape l’œil notamment) en délaissant des chantiers pouvant accroître l’IDH dont la santé, eau et électricité, éducation; le manque des politiques de répartition équitable des revenus et surtout la corruption qui a sensiblement augmenté comme le confirme l’étude de TRANSPARENCY INTERNATIONAL publiée sur RFI le mardi 22 novembre 2011 , sur 6 pays de l’Afrique australe dont la RDC, rendent les gouvernants, premiers responsables de cette dernière place de la RDC. Cette pauvreté des congolais annihilent les efforts louables de création des richesses pendant 10 ans.

Le 13 octobre 2006, MUHAMMAD YUNUS, économiste indien, surnommé le banquier des pauvres, qui a fondé la première institution de microcrédit  la Grameen Bank, reçoit le prix Nobel de la paix, pour ses efforts de promotion du développement économique par la base (les pauvres et les laissés pour compte) via la microfinance; c’est vrai, la fondation Nobel a raison car, face à la croissance économique, le bien être des pauvres et des laissés pour compte est une contribution à la paix sociale.

Après les ex Présidents Mozambicain CHISSANO en 2007 et Botswanais FERGUS en 2008,  la fondation MO IBRAHIM a récompensé, en 2011, l’ex président du CAP VERT PEDRO PIRES qui, en dix ans de règne 2001-2011, a sorti son pays du groupe des pays dits moins avancés PMA; le CAP VERT a un IDH de 0,568 en 2011. PEDRO PIRES peut ne plus travailler, la retraite est assurée. La fondation n’a pas décerné de prix en 2009 et 2010 car aucun des anciens chefs d’Etats Africains ne s’est distingué, mais le Président Angolais, avec un IDH de 0,486 en 2011, peut être au rendez vous de 2013 et si la RDC veut, elle peut être à celui de 2016, mais pour ça MO IBRAHIM ajoute, il faut respecter les mécanismes constitutionnels d’accès et de départ du pouvoir : le pari est pris pour entrer dans l’histoire.

2. LE SYSTEME BANCAIRE CONGOLAIS.

A. RELATION  TAUX DE BANCARISATION  ET  MICROFINANCE : CAS CONCRETS.

Le taux de bancarisation (le rapport entre le nombre des personnes physiques disposant d’un compte bancaire et la population d’un pays) qui est, un des paramètres du jugement de l’efficacité d’un système bancaire, est, un des moyens qui permet aux banques de faire leur travail principal c’est-à-dire collecter l’épargne via les dépôts et la redistribuer dans l’économie à travers le crédit pour, notamment, réduire la pauvreté qui est, un des objectifs des services bancaires à la population si pas le plus important car l’homme doit être au centre de tout.

La microfinance est la fourniture d’un ensemble des produits financiers de faible montant (crédit, épargne, assurance, transfert d’argent, mobile banking, petites agences de proximité etc…) aux familles pauvres et à tous ceux qui sont exclus du système financier classique ou formel dont le système bancaire. Le microcrédit n’est pas la microfinance mais une composante de celle-ci.

En 2011, ce taux est de 1% pour la grande RDC soit au plus 700.000 clients sur une population estimée à au moins 70 millions, il est autour de 20% au Kenya soit au moins 8 millions des clients sur une population d’au moins 39 millions (en 2009 wikipédia) et il se situe à 54% au Maroc avec un objectif de 62% en 2013 soit au moins 17 millions des clients sur une population d’au moins 32 millions (décembre 2009 wikipédia) : vous pouvez déjà apprécier les performances de ces trois systèmes bancaires. Les IDH du KENYA et du MAROC sont respectivement de 0,509 et 0,582 en 2011.

Comprenant la relation taux de bancarisation et microfinance pour faire la différence dans la conquête de la clientèle, gage d’un succès avéré dans ce monde où pullulent les banques (concurrence), EQUITY BANK d’abord, au Kenya, innove en utilisant les produits du concept microfinance  chers au prix Nobel ci-haut cité, pour se hisser parmi les premières banques au Kenya. Elle décrète l’octroi de petits prêts sans collatéraux (garanties) accessibles rapidement; résultat : le nombres des clients passe de 550.000 en 2006 soit 22% de la population bancarisée à 5,4 millions des clients en 2010 soit 57% des clients bancarisés au Kenya, et lorsque le classement des 200 premières banques africaines de l’année 2011 est publié, en dollars américains, sur base du total bilantiel et du produit net bancaire (valeur ajoutée des banques), en novembre 2011, le groupe bancaire se place à la 98ème place avec 1,7 milliards de $ de total de bilan, fier d’avoir fait son travail (Jeune Afrique hors-série n°28 spécial finance pages 13 et 55), il était 106ème au classement 2010.  Le pays obtient un IDH de 0,509 en 2011 contre 0,470 en 2010 et n’est plus un pays moins avancé PMA. La RDC, toute entière, a, au plus, 700.000 clients en 2011 mais une seule banque du Kenya a, au moins, 5,4 millions de clients en 2011. C’est vrai que comparaison n’est pas raison mais quel écart?

CAPITEC BANK ensuite, ouvre 450 agences de proximité, parfois ouvertes le dimanche, dont les salariés parlent la langue locale, elle enregistre 890 milles clients en un an, un total de bilan triplé en deux exercices et +46% de profits en 2010. La banque sud africaine quitte la 105ème place en 2010 pour se hisser au 82ème rang avec 2,2 milliards de dollars de total de bilan.

ECOBANK enfin, filiale d’ECOBANK TRANSNATIONAL INCORPORATED du Togo  qui occupe la 22ème place dans les Tops 200 en 2011 avec 10,5 milliards de $ de total de bilan, surprend. En effet, fondée en 1985 au pays d’EYADEMA, ECOBANK est un réseau bancaire qui est parmi les premiers, à comprendre, qu’il était capital de bancariser ceux qui étaient en marge des services bancaires par la microfinance, au prix de sa rentabilité (ROA et ROE respectivement 1,4% et 10,4% en 2010 mais le pari méritait d’être pris, elle avait raison). Certes que la banque n’est pas une œuvre sociale, mais n’est-il pas noble de se contenter d’une petite rentabilité, pour tirer l’humanité de la pauvreté?  Les Objectifs du Millénaire pour le Développement humain (OMD) ne vont-ils pas dans ce sens? Mais ALFRED NOBEL, ne pouvait-il pas prévoir un prix Nobel de la Paix pour les personnes morales?  ECOBANK le mériterait. En effet, pas seulement que le réseau a fait de la croissance interne dans différents pays africains qui regorgent beaucoup de ces pauvres et laissés pour compte, mais elle s’est même associé avec le groupe spécialisé en microfinance ACCION; mais au bout, comme résutat : d’un simple groupe ouest-africain en 2003 dans 12 pays avec 1670 employés, ECOBANK est devenue un géant bancaire présent dans 32 pays avec 755 agences et 10.000 salariés. Le réseau bancaire place 8 ECOBANK de 8 pays différents (NIGERIA, GHANA, CÔTE D’IVOIRE, SENEGAL, BENIN, BURKINA, MALI, CAMEROUN) au classement 2011 des Tops 200. La première, ECOBANK NIGERIA se classe à la 65ème place en 2011 avec 3 milliards de $ de total de bilan alors qu’elle était à la 69ème place en 2010. Le total de bilan consolidé de ces 8 ECOBANK est de 7,7 milliards de $. Merci pour votre arrivée en RDC, que Dieu vous protège pour que vous deveniez n°1 en RDC.

Ce sont des exemples concrets que la revue Jeune Afrique ci haut citée, présente aux pages 12, 13 et 14 et qui traduisent la relation confirmée, entre l’accroissement du taux de bancarisation via la microfinance et l’efficacité d’une banque. Mais que valent nos banques?

B. CLASSEMENT DES BANQUES AFRICAINES EN 2011.

1. CLASSEMENT.

Ceux d’entre nous qui ont suivi les informations africaines sur RFI à 8h30, du moins dans la région parisienne, ce dimanche 27 novembre 2011, ont certainement suivi ce reportage de Christophe Boisbouvier qui interviewait les kinois sur leurs conditions de vie; tout le monde se plaignait de sa situation sociale mais un, est allé plus loin en accusant les banques «de ne s’occuper que du blanchiment d’argent au lieu de s’occuper d’eux pour développer une activité afin de pouvoir épargner», est-ce vrai?

Lorsque, en novembre 2011, la revue Jeune Afrique ci haut citée, publie les classements des 200 premières banques africaines et des 50 premières de différentes régions africaines en 2011, aucune banque congolaise ne se classe dans les tops 200 où on retrouve, pourtant, des banques des pays comme le Benin, le Congo-Brazza, le Togo, le Gabon, le Mali, le Burkina, le Lesotho…et j’en passe.

Sur les 50 premières banques de la région Afrique Centrale dont les tops 3 sont, la BGFI BANK HOLDING CORP. du Gabon (71ème/200), l’AFRILAND FIRST GROUP Cameroun (79ème/200) et la BGFI BANK GABON (117ème/200);   RAW BANK, qui est en RDC depuis 10 ans, se pointe à la 17ème place donc n°1 en RDC avec 377,2 millions de $ de total de bilan suivie de la BCDC  18ème  et n°2 au pays, implantée depuis 102 ans avec 359,8 millions $ de total de bilan, la BIAC 23ème  et n°3 du pays, implantée depuis 41 ans avec 259,1 millions de $. La Banque Internationale de Crédit BIC se classe 29ème , 4ème en RDC avec 197,8 millions de $ de total bilantiel,17 ans d’existence; PROCREDIT BANK, qui n’existe que depuis 6 ans se classe 36ème soit 5ème en RDC avec un total de bilan de 147,5 millions de $ alors que STANDARD BANK RDC ex STANBIC BANK  est 40ème  et 6ème en RDC avec 116,9 millions de $ de total de bilan malgré ses 38 ans d’existence et le fait d’être filiale du n°1 africain, le sud africain  STANDARD BANK GROUP qui  culmine à 201 milliards de $ de total de bilan et qui, pourtant, intègre les laissés pour compte dans ses stratégies et je cite Jeune Afrique à la page 14 : «Dans le même temps, les banques réfléchissent à de nouvelles formes d’agences : mobiles pour les campagnes, spécialisées par types de clientèle, ou encore légères, avec peu d’employés, et utilisant la téléphonie mobile. En Afrique du sud, STANDARD BANK a mis en place un vaste réseau de shops, notamment dans les townships : des commerces traditionnels offrant des services bancaires de base, tels que le transfert d’argent, la gestion des comptes ou le paiement des factures» Mais combien d’agences a la STANDARD BANK RDC en 38 ans de présence?

ECOBANK RDC, 48ème et 7ème en RDC avec 75,5 millions de $, est la dernière banque à figurer parmi les 50 premières banques du centre de l’Afrique, alors qu’elle n’a que 3 ans d’existence SEULEMENT ALORS SEULEMENT.

Sur 22 banques (le potentiel n°4895 du 1er février 2010) en RDC, 7 soit 32% (mention REFUSE avec blâme du jury à l’Université de Kinshasa où j’ai été assistant pendant presque 10 ans du feu Professeur émérite KINZONZI et du Professeur GAMELA) ont donc pu se classer dans les tops 50 de l’Afrique centrale alors qu’elles sont censées; toutes; avoir les mêmes fonds propres minimum au départ : 10 millions de $ contre 15 millions de $ au Kenya et 40 millions de $ au Ghana (IDH 0,541). Il y’a un vrai problème de business model de nos banques.

2. ANALYSE.

C’est vrai que ce classement, fait sur base du total bilantiel, favorise les banques qui sont conglomérats financiers (banque-assurance-investissement-gestion d’actifs, venture capital, privare equity…) car elles publient des comptes consolidés, mais personne n’a interdit, si je ne m’abuse, aux banques congolaises d’élargir leur périmètre via des stratégies de croissance interne ou externe dans d’autres pays, comme les autres le font chez nous [BGFI, AFRILAND, ECOBANK (la championne)…]; c’est pourquoi nous soutenons la libéralisation du secteur des assurances et la création du système financier désintermédié en RDC car pour que nos banques se multi-spécialisent, il faut que le système financier intermédié actuel subisse un véritable aggiornamento, pour devenir un vrai système financier.

Néanmoins, si les banques congolaises avaient réalisé la performance du Kenya avec un taux de bancarisation de 20%, sur une population d’au moins 70 millions, elles détiendraient 14 millions des comptes. Cet objectif est réalisable et si chaque personne fait un dépôt moyen de 1000 dollars (ce dépôt moyen était de 1380 $ en 2009 soit 965,77 millions $ des dépôts en 2009 contre, au plus, 700.000 comptes en 2011 car données de 2010 non trouvées sur le site de l’ACB), les banques congolaises auraient mobilisées 14 milliards de $ des dépôts et comme elles ont fait 725,9 millions $ en 2009 de crédit à l’économie c’est-à-dire 75% des dépôts en 2009, elles auraient fait 10,5 milliards de $ des crédits à l’économie en 2009 au lieu de 725,9 millions de $ et c’est un minimum donc une hypothèse basse. La Fédération Congolaise des Entreprises, n’a-t-elle pas dit qu’il y’avait au moins 13 à 16 milliards de dollars américains sur le marché informel? Je vous laisse apprécier l‘impact social lorsqu’on sait qu’il y’a une relation proportionnelle entre les services bancaires et financiers aux pauvres et la réduction de leur pauvreté (dixit le prix Nobel de la paix 2006).

Les banques congolaises se sont données d’autres priorités, elles ont ciblé leurs clientèles: les entreprises qui comptent, les riches, la classe moyenne; elles ont choisi les lieux d’implantation de leurs agences : Kinshasa, les villes et les secteurs porteurs  occupés par ceux qui ont les moyens, délaissant les pauvres et l’agriculture, occupée par des «pauvres agriculteurs» pourtant, premiers pourvoyeurs de la richesse nationale(47,9% du PIB en 2009 voir perspectives économiques en Afrique PEA 2011), elles ont choisi même «leurs opérations»; RESULTAT : AUCUNE BANQUE DANS LES TOPS 200 : UNE CATASTROPHE. Dans sa livraison en ligne du 1er février 2010 n°4895, sous le titre, «Prolifération des banques : l’économie congolaise prise en otage par la Maffia», un des prestigieux journaux de la RDC si pas le plus prestigieux LE POTENTIEL  du PATRIARCHE SENATEUR MODESTE MUTINGA qui se bat pour le pays depuis 30 ans par de vrais écrits qui mériteraient un prix, tirait déjà la sonnette d’alarme.

3. PROCREDIT BANK CONGO ET ECOBANK RDC.

Et pourtant, les banques ont tort car viser les pauvres via la microfinance  est un atout majeur dans un pays de 70 millions d’habitants; les cas concrets ci-dessus évoqués le certifient et, en RDC, PROCREDIT BANK CONGO et ECOBANK RDC le prouvent.

En effet, les 7 premières banques congolaises détiennent 1,534 milliards de $ de total de bilan et totalisent en âge cumulé 217 ans d’existence. Si nous devons calculer le total de bilan moyen annuel (chiffres arrondis) de ces 7 banques, RAW BANK garderait sa première place soit 38 millions de dollars de total de bilan mais la deuxième place serait occupée par PROCREDIT BANK dont, un des cœurs des cibles est, notamment, d’offrir une gamme complète des services bancaires et financiers aux très petites entreprises et aux familles soit 25 millions de $ en ex aequo avec ECOBANK RDC.  La BIC, 4ème avec 12 millions de $.  BIAC,  5ème avec 6 millions de $, la BCDC occuperait la 6ème place avec 4 millions et la STANDARD  BANK RDC, la dernière place avec 3 millions de $, mais comment comprendre cette place  lorsque sa maison mère a 201 milliards de $ de total de bilan. Néanmoins, si toutes ces banques avaient le même business model que PROCREDIT BANK et ECOBANK pour réaliser, toutes choses restant égales par ailleurs, leurs performances moyennes annuelles, les 7 premières banques congolaises auraient réalisé, en 217 ans d’existence cumulée, 5,425 milliards de $ de total de bilan en 2010 contre 1,534 milliards de $. L’IDH aurait été au dessus pourquoi pas de 0,500 et le congolais vivrait mieux. Le système bancaire a donc eu tort, toutes choses restant égales par ailleurs, de ne pas avoir considéré via la microfinance les pauvres dans leur business model à quelques exceptions près.

III. PROPOSITIONS.

A la lecture de ce qui précède, face au succès récolté par la microfinance dont un des acteurs est prix Nobel de la paix 2006, les deux principaux responsables de notre faible niveau de vie, à savoir les gouvernants et  le système bancaire devront :

1. «Signer» un contrat social avec la population, à l’instar de la FLEXICURITE dans les pays de l’Europe du nord, du moins sur le plan engagement des parties, avec 3 objectifs d’ici 2016; 20% de taux de bancarisation; un IDH d’au moins 0,600 minimum, à l’exemple du Gabon 108ème mondial avec un IDH de 0,674 en 2011 et une mobilisation d’au moins 14 millions des clients, et à raison d’un dépôt moyen de 1000$ (950$ pour les mieux nantis et 50$ pour les pauvres) collecter 14 milliards de $ sur 5 ans à réinjecter dans l’économie, avec comme finalité réduction drastique de la pauvreté : un véritable programme quinquennal de Gouvernement où, in fine, chaque partie gagnera en jouant son rôle. En effet, les banques, pour celles qui n’y sont pas encore, ajoutent dans  leur business model la microfinance mais face aux pauvres qui n’ont pas assez des moyens et les exigences liées à l’accroissement des fonds propres pour faire face à la nouvelle activité,  les gouvernants doivent garantir la rentabilité des banques via notamment des subventions d’équilibre : les banques gagnent des clients et des dépôts, l’Etat voit la part du secteur informel dans l’économie nationale se réduire et ses recettes fiscales augmenter via l’accroissement des richesses créées par l’augmentation du crédit, la population voit sa pauvreté réduite.

2. Au Ghana (IDH 0,541 en 2011), le capital minimum des banques est de 40 millions de $; avec un peu plus de 12 millions de $ en moyenne des fonds propres, les banques congolaises sont moins loties. Compte tenu de la relation positive qui existe entre réglementation bancaire, efficacité du système bancaire et croissance économique, la BCC devra discuter avec le secteur, pour fixer un niveau de capital minimum qui garantisse son efficacité tout en protégeant la rentabilité du capital en tenant compte des interventions de l’Etat qui réduirait le choc et jouerait en faveur de l’augmentation du capital minimum. Les opérations de croissance externe sur celles qui ne pourront pas se recapitaliser peuvent être envisagées, car, comme en bourse, les entreprises qui ne peuvent pas créer de la valeur actionnariale font l’objet des OPA hostiles ou amicaux, ainsi va le capitalisme.

3. J’ai vécu, en tant chef comptable de l’African Trade Bank/RDC dans les années 90, les affres de la super hyperinflation à 4 chiffres où on pouvait calculer la decote de la monnaie nationale par rapport au dollar par seconde et avoir un chiffre tellement qu’elle était importante, losrqu’on voit aujourd’hui que l’objectif de l’inflation à un chiffre devient tenable (9,..), doublée d’une croissance économique de 6,9% au premier semestre 2011, on ne peut que s’incliner devant les efforts incommensurables  fournis par la BCC mais les pauvres sont encore là. Nous proposons donc que la BCC, en tant, patronne du système bancaire fournisse les mêmes efforts, pour faire de ce contrat social une discipline et une exigence car, ce ne sont pas les chiffres avancés qu’il faut voir mais cette vision de se mettre ensemble et en conformité avec les OMD via un contrat social qui nous engage tous et qu’on peut enrichir pour être au rendez vous de la réduction de la pauvreté en 2016 : nous en serons grandis.

4. Mener une campagne d’explication, de sensibilisation dans tout le pays sur la nécessité, pour la population, d’avoir un compte en banque, car il va être l’artisan de l’amélioration de son niveau de vie et donc du développement économique du pays : ça s’appelle un modèle de développement économique par la base.

IV. CONCLUSION.

La RDC ne mérite pas ce classement si le PNUD et la FONDATION MO IBRAHIM ne se sont pas trompés et si les données sur la RDC sont fiables. Néanmoins, nous devons relever le défi de quitter cette dernière place que nous ne méritons pas et pour ça, nous devons, comme un seul homme, nous mobiliser, pour éradiquer ce mal qu’est la pauvreté, cela passe par l’implication des gouvernants, du système bancaire et de la population dans un contrat social gagnant gagnant  où chaque partie devra jouer son rôle, à l’instar du contrat social appelé «FLEXICURITE» en Europe du Nord entre les gouvernants, les salariés et les employeurs qui leur permet; pas seulement d’avoir presque le plein emploi avec des taux de chômage les plus bas au monde mais de vivre mieux que quiconque sur la planète; la Norvège 1ère mondiale avec un IDH de 0,943 en 2011, la Suède 10ème avec un IDH de 0,904 en 2011; le Danemark 16ème avec un IDH de 0,895 en 2011 et la Finlande 22ème avec 0,882 d’IDH en 2011.

Et comme pour appuyer cet article, la 11ème édition du Forum Economique International sur l’Afrique tenu, en septembre 2011 en France où je vis, a assigné trois défis aux pays Africains : le défi de la sécurité alimentaire, le défi des infrastructures d’énergie (eau et électricité notamment), d’assainissement, de transport, d’éducation (le programme de cinq chantiers avait vu juste) et le défi économique de la diversification de l’économie pour qu’elle ne soit plus vulnérable aux soubresauts des marchés internationaux. Ainsi, le renforcement des partenariats avec les pays émergents notamment les 5 pays BRICS  et la Turquie pour créer des secteurs producteurs des produits à forte valeur ajoutée, en profitant de la spécialité de chaque pays partenaire : notamment, la technologie alimentaire avec le Brésil, la compétence avec l’Inde, les infrastructures avec la chine (cinq chantiers) et la manufacture avec la Corée et la Turquie. Les trois défis sont en harmonie parfaite avec cet article et doivent aussi interpeller les banques  pour relever le défi du financement : le système bancaire doit être réformé.

C’est ici, l’occasion de saluer l’entrée du pays à l’OHADA comme 17ème Etat partie. Cette adhésion permet d’appliquer le SYSCOHADA qui, même s’il doit subir aujourd’hui quelques ajustements car conçu vers la fin des années 90 (plus de dix ans déjà), a le mérite d’avoir anticipé certains principes chers aux IFRS quand les comptabilités européennes étaient loin de les imaginer mais surtout, comme pour appuyer cet article, d’avoir conçu le S.M.T, ce Système Minimum de Trésorerie qui tend la main, aux laissés pour compte, le secteur informel (les artisans, les très petites entreprises et j’en passe )  en leur proposant un outil de gestion très simple afin de les amener, petit à petit, via leurs états financiers que le syscohada a prévus vers les services bancaires et financiers, à travers, les produits financiers de la microfinance encore elle, (L’OHADA m’a dévancé sur la microfinance), ce qui baissera drastiquement la part du secteur informel dans l’économie nationale, en impactant positivement le taux de bancarisation (banques), la réduction de la pauvreté (population) et les recettes fiscales (l’Etat) : tous les partenaires du contrat social gagnent : merci OHADA.

Car, l’OHADA est entrée dans l’histoire pour avoir réussi, en 18 ans d’existence de faire ce que la construction européenne n’a pas réussi de faire, en 54 ans de construction : doter les Etats parties d’un même système comptable, le SYSCOHADA, comme quoi, l’Afrique peut bouger.

Bougeons donc, car si nous voulons, nous pourrions obtenir d’ici 2016, via notre contrat social, une croissance économique à deux chiffres et un IDH d’au moins 0,600 en 2016, après avoir injecté, dans l’économie sur cinq ans, au moins 10 milliards de $. Nous pourrions nous regarder dans la glace pour dire, comme le héros national Patrice Emery LUMUMBA à ses enfants, sur la route d’une disparition tragique : «l’avenir du Congo est beau».

SOURCES : – Notes de conjoncture BCC mars 2011

-Perspectives Economiques en Afrique EDITION 2011

-Rapport  1ère semestre 2011 de la BCC sur la politique monétaire

-Jeune Afrique hors série n°28 Edition 2011 SPECIAL FINANCE

-Alternatives économiques n°9, 4ème trimestre : LES CHIFFRES 2012 ECONOMIE ET LA

SOCIETE EN 30 THEMES ET 290 GRAPHIQUES

-Revue CAPITAL  n° 240 septembre 2011

-site internet PROCREDIT BANK CONGO

-ARTICLE LE SECTEUR BANCAIRE CONGOLAIS ET LA CROISSANCE ECONOMIQUE SITE

File://H:/banque.htm.

-11ème Forum économique international sur l’Afrique en France, septembre 2011

-Site FB BOURSE.COM

-WIKIPEDIA

-   -le potentiel en ligne n°4895 du 1èr février 2010

-Site internet de la Banque Mondiale

-Site Fondation MO IBRAHIM

-   -Magazine New African, Londres avril 2010 ; la ruée vers le coltan.

-Site www.lamicrofinance.org