Depuis la fin de la campagne le président de l’UDPS s’est peu exprimé. Voici quelques mots d’Etienne Tshisekedi rapportés par Colette Breackman.
Etienne Tshisekedi lors d'un point presse au lendemain du 26 nov 2011
Tshisekedi se garde bien de remettre en cause les élections elles-mêmes et s’engage à en accepter les résultats : « absolument, d’autant plus que nous en connaissons déjà d’avance les orientations… Nous attachons une importance décisive à ces élections…Malgré toutes les provocations dont nous avons été victimes, nos militants sont calmes et confiants… »Vigilants aussi : Tshisekedi rappelle que « ce sont les électeurs eux-mêmes qui ont détecté les irrégularités et réagi en conséquence. J’insiste : le mandat de Kabila prend fin le 6 décembre et nous ne pouvons pas nous permettre de lui accorder une heure de plus… »
Tshisekedi tient aussi à se démarquer des autres candidats. Avant les élections déjà, il avait refusé tout accord avec ces derniers, aujourd’hui encore il assure : « c’est une idiotie. Comment pouviez vous, avant les élections, exiger le poste de Premier Ministre sans même savoir combien de députés vous alliez avoir au Parlement ? En politique, il n’y a pas de cadeau, il faut savoir combien chacun pèsera… »
Le Tshisekedi d’après les élections n’est pas plus tendre qu’avant avec ses rivaux :« lors de leurs meetings, ils n’arrivaient même pas à réunir 50 personnes, c’est pour cela qu’ils veulent faire annuler le scrutin. J’ai toujours exclu de choisir parmi eux un Premier Ministre, et maintenant moins que jamais… »Lors de ses séjours en Europe, Tshisekedi reconnaît qu’il a subi des pressions. En vain : « j’ai toujours refusé cette idée qui venait de chez vous, selon laquelle pour l’emporter l’opposition aurait du s’unir. Ce n’est pas cela que le peuple veut. Unanimement, il veut le changement… » Un changement qu’il incarne…
A l’ égard des autres candidats, le vieux leader assure « ils n’ont qu’une ou deux voix, celle de leur femme, de leurs enfants… Les voix récoltées par Kamerhe au Kivu, cela ne me concerne pas. Avant-hier, il est venu ici et j’ai refusé de le recevoir… Cela ne me dit rien…Quant à Kengo wa Dondo, il fait partie de ces hommes que j’ai toujours combattus… »
Quant à l’Assemblée, là aussi « Ya TshiTshi » se montre optimiste : « j’ai tout fait pour avoir la totalité des parlementaires…Comme nous n’avons pas beaucoup d’argent, j’ai fait moi-même la campagne de mes députés en province et demandé qu’on leur fasse confiance. Sans aucun doute, le futur Premier Ministre sortira des rangs de mon parti… »
Se souvenant des années 80, où il engagea la lutte contre feu le président Mobutu, Tshisekedi le vieux lutteur revient sur le sens de ces élections : « malgré les irrégularités, j’ai toujours estimé qu’il fallait y aller ; c’est la fin de trente années de combat, cette date marque le départ d’un Congo prospère, bientôt un pays émergent… C’est aussi la fin du mandat de Kabila…»
Tshisekedi rejette sur le pouvoir la responsabilité des débordements, rappelant que dix de ses militants ont été tués : « quand un peuple doit se dégager de la peur pour assurer sa légitime défense, c’est ce que vous appelez violence… » Quant à sa santé, elle semble bien rétablie. L’oeil vif, la répartie facile et incisive, il assure: “j’ai un moral d’acier, et la santé en découle…”