Première lecture de la rentrée littéraire de septembre ... et la rentrée s'annonçait bonne avec cette volumineuse pépite de l'auteur israëlien David Grossmann.
Celui-ci évoque un sujet qu'il connaît tristement bien : l'attente des parents dont les enfants sont mobilisés dans Tsahal ; attente de leur retour, attente de leurs nouvelles, attente des nouvelles du front à défaut des précédentes, attente redoutée de la mauvaise nouvelle.
Dans Une Femme Fuyant l'Annonce, comme le laisse suggérer le titre, Ora ne se résout pas cette attente concernant son fils Ofer, engagé volontaire pour une opération spéciale, et décide donc de partir le temps de l'opération en excursion en Galilée. Elle emmène avec elle Avram, dont on ne découvre que plus tard les liens ténus avec Ora, mais qu'on devine déjà comme le premier amour et l'ami de toujours.
Au fil de leurs marches dans le Nord du pays, Ora revient sur son histoire avec Avram, entrecoupée d'anecdotes sur l'enfance de ses fils - anecdotes racontées avec superstition, comme pour se prémunir du terrible sort qui pourrait arriver à Ofer dans son unité de tanks blindés. Avram, auditeur indiscipliné au début, devient (et nous aussi) un public captif pour ces récits entremêlés.
Une Femme Fuyant l'Annonce permet au fil de ces récits de revenir sur l'histoire d'Israël depuis la guerre de 1967, celle vécue par Avram, en s'achevant sur les troubles actuels. On y découvre la façon de vivre, l'état d'esprit, les valeurs, la culture de ce pays en état d'alerte permanent.
Ce livre, au-delà du contexte historique, offre un cadre formidable à un grand roman qui puise sa véritable force dans la puissance des relations d'amitié qu'il dépeint.