Margoton, Marinette, Fernande, Hélène aux sabots, Pénélope, femme d’Hector, Cendrillon... Elles ont des charmes d’un autre âge les dames du temps jadis que chante Brassens. Comme sous les boules à neige qu’on vend aux touristes, elles se mettent à bouger dans les « flocons des neiges d’antan ».
Pamphile, Nestor, Archibald, vieux Léon, brave Martin... Les hommes qui les courtisent appartiennent eux aussi à une catégorie à part de séducteurs. Ils se retroussent les manches et ils vont à la chasse aux papillons.
Cupidon, grand Pan, Saturne, Vénus et Bacchus, ces dieux-là sont à chaque fois de la partie. Impossible de faire sans eux... Ces compères savent rigoler. Rigoler comme Villon, maître François et tous les « foutrement moyenâgeux » qui poursuivent les belles parmi les amandiers, les bancs publics, les bistrots, les chênes et les claires fontaines.
Ils disputent leur place aux cocus, aux croque-notes, aux gros dégueulasses ou aux pandores. « Gare au gorille ! » Ils retroussent les nonnettes et les nonnains, les punaises de sacristies, les jeunes veuves et les filles à cent sous. Ils se font tout petits devant les jolies fleurs, et les poupées. Ils leur apprennent les ricochets, les marguerites et les filets à papillon. Ils réparent les paratonnerres, franchissent les ponts (« il suffit de trois petits bonds »), fument les bonnes vieilles pipes en bois et cueillent des baisers sous la treille ou sous le parapluie.
Ecouter Brassens, c’est se mettre sous le parapluie et entendre ruisseler toute la vieille langue qui nous vient de Villon, de Rabelais et de La Fontaine et qui traverse le temps ou le paradis, « on ne perd pas au change, pardi ! ».