La trente huitième création du Cirque National Alexis Gruss est sans nul doute celle de la maturité pour son metteur en piste Stefan Gruss, promu à ce poste par son père Alexis qui souhaitait passer la main il y a quelques années. Précise, rythmée, dense, élégante et porteuse de sens, elle permet au cirque à l'ancienne de s'imposer une fois encore comme l'un des plus grands, garant d'un savoir faire et d'une excellence inégalés dans l'art équestre, transmis de génération en génération avec passion. Car chez les Gruss, l'amour du cheval semble de toute évidence se trouver dans les gênes.
Deux parties bien distinctes composent le spectacle. La première, entièrement consacrée à la plus belle conquête de l'homme, est un vibrant et poignant hommage aux différentes techniques de dressage présentées en piste depuis 1768 (année de naissance officielle du cirque). Un étonnant et somptueux carrousel de plus de vingt chevaux conduit par Gipsy Gruss ouvre les hostilités, sur un envoutant Boléro de Ravel (orchestre live). Pour sa part, Alexis Gruss, seul ou accompagné, brille au cours de nombreux exercices de haute école et de dressage en liberté. Sa maîtrise de l'animal et la douceur employée ajoutées à une réalisation parfaite émeuvent au plus haut point. Sous son regard, tous les artistes se livrent à d'extraordinares acrobaties équestres (voltige, pyramide, amazone, écuyère à panneau...). On rit également grâce à l'amusante reprise de Francesco Fratellini, perpétuant là encore avec panache une tradition clownesque familiale, ou grâce à l'éléphante devenue barbier d'un jour. Costumes raffinés, lumières harmonieuses et subtiles achèvent superbement cet enchantement.
Dans la seconde partie, à la fois moins exceptionnelle et plus courte, la nouvelle génération s'émancipe et, forte de ce qui lui a été enseigné, explore avec un talent certain ou en devenir les arts de la piste plus récents, sur des musiques et une scénographie contemporaines, cherchant à son tour à laisser une "empreinte". Numéros de contorsion, jonglage, mât chinois, ou encore échelle libre (formidable Firmin Gruss !) se succèdent sans temps mort avant un final à cheval où toute la dynastie se trouvera réunie...
Tradition, passion, et mémoire font bon ménage avec travail, rigueur, innovation et modestie sous le chapiteau familial, au cours d'un spectacle de très haute qualité, doté de belles images et riche en émotion.
Quelle famille !
"Empreintes". Jusqu'en mars 2012, porte d'Auteuil à Paris.
Réservez des places en cliquant ci-contre :
Photos : alexis-gruss.com