Daniel est accompagnateur en montagne. C’est à dire qu’il accompagne la montagne de jolies phrases qui révèlent sa sensibilité pour la belle Gela
Joints à ses superbes photos, ses mots nous permettent de voyager, par les yeux et l’esprit, en ce lieu si cher à notre coeur.
« Par une belle journée de novembre, nous sommes montés vers la Gela.
Tous nos sens étaient en éveil dès les premiers pas
Dans chaque courbe du chemin, nous apparaissaient les sommets
Vers la porte de fer; le bizoulet nous a tout à fait réveillé.
Le torrent était clair malgré un niveau assez élevé
Il faut dire qu’il avait bien plu et aussi fort neigé
La muraille en était toute blanche comme plâtrée
Aux cabanes, un long moment, nous nous sommes reposés.
Là, au travers des jumelles, les crêtes se sont doucement dévoilées
Des corniches opulentes s’y étaient déjà formées
La couleur de l’herbe était beige amenant aux pentes une douceur inattendue
De ci de là, quelques chocards piaillaient en montant vers les nues.
Suivre ce chemin qui monte vers le sud et se remplir le corps de vent
Ce jour là, il soufflait fort, nous arrêtant de temps en temps
Au détour d’un relief, le milan royal nous a frôlé puis, vite, a plongé
Plus haut encore, c’est le grand corbeau qui, de son ballet, nous a étonné.
Par les sentiers des vaches, nous sommes allés jusqu’aux Casterets
Là, au-dessus de nos têtes, c’est le jeune gypaète qui nous a étonné
Nous étions contre le rocher émerveillé par son vol
Quand deux isards aux allures de guerriers nous ont plaqué au sol.
Dans une belle combe aux reflets d’automne, nous avons découvert la harde
Jeunes, femelles, aux couleurs camouflées, chacun était sur ses gardes
Derrière le seul pin de la crête, veillait le vieux mâle
La lumière de la fin d’après-midi devenait plus pâle.
Nous sommes restés là de longues minutes accompagnant du regard chaque mouvement
Comme il leur semble facile de parcourir ces espaces où nous sommes si lents
Puis, le nuage est passé et là, comme par enchantement
le fond de la vallée s’est éclairé, d’un coup, comme si la lumière était serpent.
Impossible de se détacher du spectacle qui s’offrait à nous
Partout les couleurs changeaient. Partout, le roux
Et là, alors que nous commencions à redescendre enfin
La Gela nous apparut comme jamais, décidément, il n’y a pas de fin.
A pas lents, pour n’en rien manquer, la passerelle nous avons rejoins
Le soir avançait, dans la forêt et quand nous en sommes sortis, la nuit n’était pas loin
Nous n’arrivions pas à marcher vite tant nos yeux étaient remplis
Pas un mot durant ce retour aux allures d’infini.
Une journée passe vite quand on y prend le temps sans se soucier
Que chacun de nous y réfléchisse encore un peu
C’est bien là haut que règne en maitresse l’intemporalité
Habitants des altitudes, pourvoyeurs de rêves, nous aimons vos jeux. »
Daniel Guilly – Novembre 2011
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