Le torchon brûle de plus en plus entre les joueurs et les éditeurs

Publié le 30 novembre 2011 par Cyberstratege

Bonne nouvelle ! L’UFC-Que Choisir se mobilise pour alarmer quant aux abus répétés des éditeurs de jeux vidéos. En effet, chacun sait que de nombreux jeux sortent buggés et inachevés, pour ne pas dire en kit avec ces extensions maintenant souvent saucissonnées en DLC. Pas toujours mais souvent la qualité baisse, c’est indéniable. Et non content de ne pas baisser le prix des jeux, les grands éditeurs, principalement, forcent aussi la main aux acheteurs pour empêcher la revente du produit, étouffant ainsi un marché de l’occasion qui, tandis qu’on crie au loup avec le piratage informatique, est tout autant dans le viseur de ceux qui ne prêchent que par une rentabilité maximale. Au détriment du produit final, inévitablement.

Seul avantage à cette tournure nauséabonde qu’a prise l’industrie du jeu vidéo ces dernières années, la rude concurrence que se livrent les portails de téléchargements, Steam en tête, qui a permis de multiplier les promotions, et ce a des pourcentages souvent intéressant pour le consommateur qui en s’armant de patience peut donc s’y retrouver financièrement. En plus de ne pas avoir à essuyer les plâtres en cas de sortie prématurée d’un jeu. Force est de reconnaître qu’acheter un jeu neuf n’est plus un gage d’acheter un produit fini, complet ou dont on peut se séparer si il ne satisfait pas. C’est d’autant plus regrettable pour les développeurs sur qui on fait automatiquement reposer une bonne partie de la responsabilité alors que les torts sont au bas mot au moins également partagés avec celui décidant la sortie d’un jeu. L’éditeur.

L’article que vous pouvez lire ci-dessous se consulte sur cette page chez Quechoisir.org, où vous trouverez aussi le PDF de l’étude complète ainsi qu’une vidéo résumant les résultats de cette analyse.

Communiqué

Alors que sortent les « blockbusters » de Noël, l’UFC-Que Choisir tire la sonnette d’alarme, et, à l’appui d’une étude sur l’ampleur et la variété des dysfonctionnements des jeux vidéo, agit auprès des autorités pour mettre fin aux inadmissibles pratiques commerciales des éditeurs et des distributeurs.

En effet, interpellée par de nombreux consommateurs courroucés par une détérioration de la qualité des jeux vidéo comme des pratiques commerciales, l’UFC-Que Choisir a décidé de lancer un appel à témoignages (plus de 560 réponses), duquel il se dégage trois problèmes majeurs transformant le jeu vidéo en véritable parcours du combattant.

1. LES ÉDITEURS NE JOUENT PAS LE JEU

Les jeux truffés de bug : Les dysfonctionnements se multiplient et empêchent, de manière inacceptable, l’usage normal des jeux vidéo*(1): arrêt inopiné (le freeze) obligeant le consommateur à recommencer à partir du dernier niveau atteint, ou pire, nécessité de recommencer entièrement le jeu*(2) à cause d’un système de sauvegarde défaillant*(3). Sur ce point, les plaintes se concentrent sur trois éditeurs : EA Games (27% des témoignages), Ubisoft (12%) et Activision (11%).

Les éditeurs vendent chèrement ce qui s’apparente à de simples démos qu’il faut compléter avec des contenus payants.

2. INTERNET : UN PRÉREQUIS LOIN D’ÊTRE LUDIQUE

L’utilisation d’un jeu vidéo exige désormais d’avoir Internet non seulement pour le mode multi-joueurs (jeux en réseau) mais aussi et -cela est plus récent- pour activer le mode mono-joueur, notamment pour télécharger les mises à jour et les correctifs (patch). Si internet devient un prérequis, force est de déplorer le laxisme des éditeurs qui ne semblent pas investir en conséquence. En effet, les défaillances de connexion (impossibilité de se connecter pendant plusieurs heures) ont été signalées spontanément par près de 13% des consommateurs. 10% d’entre eux visent explicitement la plateforme Steam.

3. DES DRM DESTINÉS À TUER LE MARCHÉ DE L’OCCASION

Les jeux vidéo sont de plus en plus attachés à une clé d’activation ou à un pass unique. Ce code lie un jeu et un terminal (ordinateur ou console). Il s’agit d’une forme de DRM*(4) qui pose les mêmes difficultés que celles connues pour la musique ou les films, i. e. impossibilité de prêter et de transférer le jeu. La limitation est parfois bien plus restrictive puisqu’un consommateur ne peut pas utiliser son jeu sur un terminal différent (un autre ordinateur ou une autre console). Cette pratique vise à tuer le marché d’occasion puisque le consommateur qui achète un jeu de seconde main doit investir dans un nouveau code d’activation rendant le jeu ainsi acquis aussi cher qu’un jeu neuf. L’UFC-Que Choisir a d’ailleurs constaté que cette limitation est souvent non ou mal indiquée lors de l’achat du jeu, que ce soit sur le boîtier lorsqu’il s’agit d’un achat physique ou sur le site du cybermarchand lorsqu’il s’agit d’un achat à distance.

Refusant la poursuite de pratiques commerciales qui truquent le marché du jeu vidéo, l’UFC-Que Choisir :

Demande à la DGCCRF d’effectuer une enquête approfondie pour déterminer l’ampleur des problèmes (fréquence et gravité) rencontrés par les consommateurs ;

Dépose plainte contre 3 distributeurs et 4 éditeurs de jeux pour pratiques commerciales trompeuses, s’agissant de l’information relative aux codes à usage unique d’accès à certains éléments du jeu.

Retrouvez l’étude et des propositions de l’UFC-Que Choisir sur “Des jeux vidéo qui n’en valent plus la chandelle !” en cliquant ici.