Rien de décousu donc, d’une pièce à l’autre. Ou plutôt, le spectacle est fait de coutures, de rapiéçage, de réparation. L’histoire de la guerre 1914-1918 ne se résume pas à l’imagerie de héros baptisés poilus, mais doit prendre en compte aussi les mutinés, les « pour l’exemple » et les réhabiliter dans la mémoire collective. Le Front Populaire en 1936, c’est bien sûr la victoire de la gauche, les congés payés, l’honneur du mouvement ouvrier ; mais c’est aussi exactement la génération d’après 1914-1918, des enfants des poilus, le temps de digérer la guerre et ses conséquences. On peut se promener « au bord de l’eau », se réjouir « du renouveau » et vouloir tourner la page des tranchées, de la boue, de la mitraille. C’est comme une parenthèse, le temps d’une réconciliation avec les morts, tous les morts au combat, quel que soit leur drapeau, le temps de relever les noms, de les dresser sur les monuments. La folie guette les femmes et les hommes, et les baisers les sauvent de l’oubli.
La vie continue, certes, mais déjà menace, en Espagne, la guerre civile.
A Paris, à l’Espace Jemmapes, après le premier épisode (Marc, 1917) présenté en octobre 2011, le deuxième (Amélie, 1936) en novembre 2011, d’autres rendez-vous sont annoncés en janvier 2012 (Tristan, 1938), en mars 2012 (Inès, 1943), et en avril 2012 (Joseph, 1960).