A la suite de l'annulation par le Conseil d'Etat des tarifs réglementés du gaz, le Gouvernement doit, dans un délai d'un mois, publier de nouveaux tarifs. A la veille de l'élection présidentielle, personne ou presque ne veut admettre que ces tarifs vont augmenter.
Ainsi, depuis ce lundi 28 novembre et la publication de l'arrêt du Conseil d'Etat, les ministres concernés par le dossier au gouvernement mutiplient les déclarations embarassées sur une hausse pourtant inévitable des tarifs du gaz, lesquels ont déjà fortement augmenté ces dernières années.
En réalité, ce ne sont pas les réactions de ces ministre, ni le silence lui aussi embarassé de l'opposition qui sont étonnants mais plutôt la réaction de l'UFC Que Choisir. Il est au demeurant intéressant de faire un parallèle entre l'opposition de cette association au projet de taxe carbone et ses déclarations actuelles sur la hausse à venir des tarifs du gaz.
Ainsi, les représentants de cette association ont-ils déclaré à l'AFP (ci dessous) que la décision du Conseil d'Etat ne devait pas amener le Gouvernement à augmenter les tarifs du gaz. Pourtant, à la lecture de cet arrêt, tout indique le contraire. Non, pour l'UFC, il suffit de modifier le mode de calcul des tarifs. L'argument est trés relatif et la CRE elle-même a indiqué que ces tarifs devraient être plus élevés. Surtout, le mode de calcul des tarifs doit aussi être conforme à la règle d'ouverture à la concurrence du marché de l'énergie, ce que tout le monde semble avoir oublié.
En réalité, continuer de se battre contre la hausse du coût des énergies fossiles n'a aucun sens. Il s'agit surtout d'un court termisme sans lendemain : les couts vont augmenter quel que soit le tripatouillage des modes de calcul. Autant ne pas pratiquer la politique de l'autruche et regarder le sens de l'histoire.
C'est pourquoi, la création d'une contribution climat énergie - ou "taxe carbone" apparaît plus que jamais urgente pour protéger précisément les plus faibles. Les associations de consommateurs auraient à mon sens intérêt à défendre une fiscalité verte et redistributive et à abandonner l'illusion d'énergies fossiles abondantes et pas chères.
C'est pourquoi, je continue de regretter la violence des prises de positions contre le projet de taxe carbone lorsque celui avait été inséré dans la loi de finances. Il faudra bien y revenir.
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Gel des tarifs du gaz suspendu: sans réalité économique, juge UFC-Que Choisir
PARIS - La décision du Conseil d'Etat de suspendre le gel des tarifs du gaz de GDF Suez décidé par le gouvernement au 1er octobre est sans réalité économique, a estimé lundi l'association de consommateurs UFC-Que Choisir.
Ce sont des considérations juridiques qui l'ont emporté sur la réalité économique, a déclaré le directeur des études de l'association de consommateurs UFC-Que Choisir, Grégory Caret, interrogé par l'AFP.
L'association réclame le gel des tarifs réglementés du gaz tant que la nouvelle formule de calcul de ces tarifs n'est pas en vigueur, formule qui selon elle doit refléter les coûts réels.
Sur la base d'un rapport rendu en septembre par la Commission de régulation de l'Energie (CRE), l'UFC-Que Choisir affirme qu'il y a un décalage entre les sources réelles d'approvisionnement sur les marchés internationaux de gaz de GDF Suez et les prix dont bénéficient les consommateurs finaux.
Indexée sur les prix du pétrole, la formule de calcul de ces tarifs est de moins en moins pertinente car GDF Suez a un portefeuille d'approvisionnement extrêmement diversifié, estime l'association.
Le Conseil d'Etat a annoncé lundi avoir suspendu l'application du gel des tarifs du gaz de GDF Suez décidé par le gouvernement au 1er octobre, à la suite d'une saisine en référé par des petits concurrents du géant gazier français.
La juridiction relève que selon la CRE, qui avait désavoué le gouvernement dans un rare avis défavorable fin septembre, les prix auraient dû augmenter de 8,8% à 10% selon les tarifs dans le cadre de la formule en vigueur.
La CRE évoque, dans son rapport publié en septembre, la possibilité d'abandonner le système des tarifs réglementés, en protégeant en échange les plus modestes en développant les tarifs sociaux.
GDF SUEZ
(©AFP / 28 novembre 2011 17h42)