Critique d’un film d’animation, Un monstre à Paris
Publié le 27 novembre 2011 par Modandwa
@modandwa
Tout d’abord nous devons préciser que nous sommes restés de grands enfants dans l’âme : oui, passé 25 ans, on peut encore regarder un Disney avec plaisir. L’histoire de ce monstre gentil (… « oui c’est un paradis! » pardon je régresse), une puce géante aux yeux de cocker et au look improbable, n’a donc pas trop trahi nos attentes et nous avons donc fait abstraction d’un scénario un peu simpliste et de dialogues parfois désuets. Nous avons été d’autant plus indulgents que c’est Mathieu Chedid qui prête sa voix à notre monstre qui (pour notre plus grand plaisir) ne peut s’exprimer qu’en chanson. En tant qu’inconditionnels fans, nous avions déjà adoré son travail sur la bande originale des Triplettes de Belleville ; pour un Monstre à Paris, on aurait même aimé plus de chansons (quitte à en faire une comédie musicale… genre dont on n’est pas adepte en temps normal-je vous rassure) tant on a apprécié le duo Vanessa Paradis-M.
Mais on a été également transporté par l’univers. Le charme nostalgique du Paris en crue du début du XXème a bien produit sur nous son effet. Les rues pavées, les cabarets, les débuts du cinéma, les éléments d’Art nouveau soigneusement instillés nous rappellent les moments privilégiés que nous avons passés enfants aux côtés d’Adèle Blanc-Sec. Il est par ailleurs notable qu’Europacorp ait également produit l’adaptation de la bande dessinée: la scène de la naissance de Francoeur s’en inspire directement. Un monstre à Paris emprunte également largement aux ressorts des premiers films fantastiques. Le savant fou et l’exploration de son antre (ça reste encore efficace malgré une surexploitation cinématographique), les « agressions » dans les ruelles sombres ou encore le masque de notre monstre (proche de celui du Fantôme de l’Opéra), sont autant d’appels à un imaginaire collectif façonné par la culture populaire.
Le graphisme, avec un véritable parti pris, contribue grandement à ce charme. Le design des personnages nous a ainsi séduit par sa simplicité, chaque personnage est pittoresque avec un code couleur, une singularité physique qui correspond à sa personnalité (stéréotypée certes) et à son rôle dans l’histoire ; on peut voir là directement des références aux personnages de Disney. Le graphisme ici ne cède jamais au souci de l’hyper réalisme que la 3D impose parfois aux films d’animation mais renvoie davantage à un artisanat proche du « dessin animé » traditionnel. La 3D est très peu exploitée pour les décors, ceux-ci ressemblent ainsi à autant de tableaux peints, des décors de théâtre qui font illusion. Si ce procédé donne une certaine poésie au film, en tant qu‘infographistes 3Distes, on le déplore parfois.
Passons donc à une critique plus technique du film. Cocorico (un peu de chauvinisme non mais)! C’est un studio d’animation français qui s’est occupé de la 3D. La modélisation mais aussi le travail de la lumière, tout cela est très soignée. L’animation est quelque peu décevante par contre : le lipsync (l’animation et la synchronisation des lèvres avec les voix) est quasiment inexistant (défaut assez classique somme toute) et les chorégraphies de nos deux chanteurs, assez gauches, apparaissent limités par le problème de l’animation. De belles trouvailles scénographiques permettent cependant de pallier à ces défauts. Il est vrai que le réalisateur français Bibo Bergeron n’en est pas à son coup d’essai ayant déjà coréalisé Gang de requins et la Route de l’Eldorado.