1990: personne n’a internet. Chaque région a sa PQR où on lit la « rubrique des chiens écrasés » quand on veut se donner un peu de frissons devant tel ou tel fait-divers ultra glauque.
De temps à autre, on passe devant une affiche du Nouveau détective « il mange ses enfants devant les yeux horrifiés de sa femme ». On se dit qu’il y a de ces fous…
2011 : tous les journaux sont en ligne. Ils ont ouvert depuis quelques années leurs articles aux commentaires. Il faut aller vite faire de la page vue, devancer le concurrent. Le fait-divers coûte peu cher et est très productif en commentaires, donc en pages vues donc en revenus publicitaires.
Il ne nécessite aucun travail de recherche, d’informations et est déclinable à l’infini.
Quelles peuvent bien être les réactions face à un homme qui a tué son enfant en le mettant dans un lave-linge ?
Comment s’attendre à autre chose que des réactions purement instinctives fondées sur l’affect ?
Avec la prolifération des articles sur les faits-divers, on donne l’impression fausse qu’il y en a de plus en plus.
On laisse entendre aux gens qu’ils vivent dans un monde terriblement dangereux, où faire son jogging devient aussi grave que de voyager en Afghanistan, un lave-linge une arme mortelle, un parc à jouets un engin de mort.
Marine devient la solution. Grâce à Marine plus de père de famille qui tue leur gamin ou le viole. Plus d’adolescent qui vole une camarade. Plus d’homme tué pour un paquet de cigarette.
La France a peur.