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L’auteur :
Reif Larsen a étudie à Brown University et enseigne actuellement à Columbia University, où il termine sa maîtrise en Fiction.
Il est également cinéaste et a réalisé de documentaires aux États-Unis, Royaume-Uni et en Afrique subsaharienne sur les étudiants qui travaillent dans le domaine des arts.
Il vit à Brooklyn.
L’histoire :
T.S. Spivet est un enfant prodige de douze ans, passionné par la cartographie et les illustrations scientifiques. Un jour, il reçoit un appel inattendu du musée Smithsonian lui annonçant qu'il a reçu le très prestigieux prix Baird et qu'il est invité à venir faire un discours. A l'insu de tous, il décide alors de traverser les Etats-Unis dans un train de marchandises pour rejoindre Washington DC... Mais là-bas personne ne se doute qu'il n'est qu'un enfant. Muni d'un télescope, de quatre compas et des Mémoires de son arrière-arrière-grand-mère, T.S. entreprend un voyage initiatique qui lui permettra peut-être enfin de comprendre comment marche le monde... Notes, cartes et dessins se mêlent au récit avec un humour et une fantaisie irrésistibles. (Présentation de l’éditeur)
Ce que j’ai aimé :
La première particularité de ce roman tient dans sa présentation : en parallèle du texte du jeune TS qui narre ses aventures rocambolesques, de multiples illustrations, réflexions, notes dignes des meilleurs carnets de scientifique…
- Cette famille est totalement atypique : en son centre TS qui passe son temps à tracer des cartes, des schémas, pour ordonner l’univers et brider sans doute des sentiments qu’il ne souhaite pas mettre à nu.
« Qu’est ce qui faisait un adulte ? On est un vrai adulte si :
- On est toujours fatigué.
- On n’a pas hâte que ce soit Noël.
- On a très peur de perdre la mémoire.
- On travaille dur toute la semaine.
- On porte des lunettes de vue autour du cou et on oublie toujours qu’on porte des lunettes de vue autour du cou.
- On prononce les mots : « Je me rappelle quand tu étais grand comme ça » et on secoue la tête en faisant une UA-1, UA-24, UA-41, qu’on peut traduire grossièrement par « je suis très triste parce que je suis déjà vieux et que je ne suis toujours pas heureux. »
- On paie des impôts et on aime bien s’énerver avec d’autres adultes en se demandant « ce qu’ils peuvent bien faire avec tout le fric qu’on leur file. »
- On aime boire de l’alcool tous les soirs seul devant la télévision.
- On se méfie des enfants et de ce qu’ils peuvent avoir derrière la tête.
- On ne se réjouit de rien. » (p. 325)
Sa jeune sœur Gracie « une femme formidable » est liée très tendrement à TS, la mère est « une entomologiste saugrenue qui cherchait depuis vingt ans une espèce fantôme de coléoptère –la cicindèle vampire, Cicindela nosferatie – dont elle-même doutait qu’elle existât vraiment » (p. 21), une mère aux conseils d’ailleurs souvent très judicieux…
« « La prochaine fois qu’Angela Ashworth te dit quelque chose comme ça, réponds-lui que ce n’est pas parce que sa condition de petite fille dans une société qui fait peser sur ses semblables une pression démesurée afin qu’elles se conforment à certains critères physiques, émotionnels et idéologiques – pour la plupart injustifiés, malsains et tenaces – lui ôte toute confiance en elle qu’elle doit reporter sa haine injustifiée d’elle-même sur un gentil garçon comme toi. Tu fais peut-être intrinséquement partie du problème, mais ça ne veut pas dire que tu n’es pas un gentil garçon avec de bonnes manières, et ça ne veut absolument pas dire que tu as le sida.
- Je suis pas sûr de pouvoir tout me rappeler, avait répondu Layton.
- Alors, dis à Angela que sa mère est une grosse plouc alcoolique de Butte.
- OK. » Avait dit Layton. » (p. 49)
Le père quant à lui est un « dresseur silencieux et maussade de jeunes mustangs fougueux, c’était le genre d’homme à entrer dans une pièce et à marmonner quelque chose comme : « On peut pas couillonner une sauterelle » puis à partir sans autre explication, un cow-boy dans l’âme, visiblement né cent ans trop tard. » (p. 21)
Et au-dessus de ce joyeux petit monde plane Layton, le frère disparu dont la perte marque profondément le jeune TS. Ils sont tous farfelus, drôles et émouvants, marqués par cet univers scientifique sans doute hérité d’Emma, l’arrière-arrière-grand-mère de TS, l’une des premières femmes géologue de tout le pays.
Le jeune TS découvre son histoire dans un des carnets de sa mère et ce récit enchâssé rythme son voyage vers la capitale.
Ce roman fourmille de surcroît de réflexions éclairées sur divers sujets rythmées par les rencontres du jeune TS :
« « Mais ce que je voudrais savoir, c’est comment on peut mettre toute sa foi dans un seul texte qui n’a jamais été révisé ni amélioré. Un texte est évolutif par nature. (…) Mais à mes yeux, on ne peut faire plus grand honneur à un texte qu’en le reprenant, en réexaminant son contenu et en se demandant : « Ceci est-il toujours vrai ? » Lire un livre puis l’oublier n’a aucun intérêt. Mais lire un livre et le relire, ce qu’on ne fait qu’avec les grands livres, c’est montrer qu’on a foi dans le processus d’évolution. » (p. 213)
L’arrivée à Washington nous plonge dans un tout autre monde, bien loin du Montana et du ranch protecteur, le jeune TS est aux prises avec des adultes attirés par l’argent et le pouvoir bien plus que par l’avancée de la science.
Ce que j’ai moins aimé :
- Rien
Premières phrases :
« Le téléphone a sonné un après-midi du mois d’août, alors que ma sœur Gracie et moi étions sur lavéranda en train d’éplucher le maïs doux dans les grands seaux en fer-blanc. Les seaux étaient criblés de petites marques de crocs qui dataient du printemps dernier, quand Merveilleux, notre chien de ranch, avait fait une dépression et s’était mis à manger du métal. »