Début du voyage en Croatie : Souvenirs de guerre
Je suis en Croatie en 1995 ou en 1996. C’est en tous les cas après la guerre d’indépendance. Me voici dans un pays aux antipodes de ma culture. Bien sûr j’y vais avec un passeport français mais je suis d’origine tunisienne et mon Islam peut jurer dans cette nouvelle nation très catholique.
Catholique les nombreuses églises que je vois pendant mes trajets entre Zagreb et ce petit village installé près de la frontière slovène vers lequel je vais. Catholiques ces portraits du pape Jean Paul II que je vois dans la plupart des maisons où je me rends. Catholiques, ces rituels que je vois sans tout à fait les comprendre au cours d’un mariage.
Et pourtant pendant toute la durée de mon séjour en Croatie, je n’ai eu à aucun moment le sentiment d’être rejeté à cause du teint de ma peau (c était même un objet de séduction auprès de certaines femmes) ni de ma religion supposée. Et ce souvenir d’un pays ouvert n’est pas pour rien dans la fascination que continue d’exercer sur moi ce pays de l’air pur.
Oui de l’air pur. Je suis dans un bus qui a quitté la capitale Zagreb. J’ai quitté un appartement d’HLM un peu gris (j’allais dire communiste d’une époque révolue) pour aller sur des routes qui au fur et à mesure de mon voyage en Croatie commencent à monter. Et une sorte de premier choc qui me reste encore : les impacts de balles sur les murs des maisons et des bâtiments de Karlovac. La jeune femme qui est avec moi m’explique. Il y a eu ici des combats violents entre croates et serbes. Témoignage encore vivace d’un affrontement sanglant et prix de libération d’une patrie.
Village Gerovo : Un village 100% oxygène
Mais je ne vais pas m’arrêter dans cette ville marquée. Je vais plus haut. Le village s’appelle Gerovo. Le voici l’air pur. De toute ma vie, dans ce village ceinturé par les montagnes, je n’ai autant le sentiment de m’oxygéner. Pour le fumeur que j’étais, ce lieu précieux est une cure en soi, une sorte de thalasso sans les soins marins. Et je vous jure que vous avez l’impression très nette que quelque chose nettoie vos poumons et y remplace la crasse du goudron tabagique par de l’oxygène de bébé.
Chemins de forêts, nature verdoyante, panorama de montagne, frontière avec la Slovénie, parc national, cerfs, biches, boite de nuit… Je vous livre le presque tout dans le désordre et dans les bribes du souvenir heureux que j’ai de ce petit village.
L’hébergement c’était dans une maison qui nous a été prêtée par un membre de la famille de mon amie, nous faisons notre pain et préparons le petit déjeuner sur un four à bois. Le pain acheté aussi est délicieux, plus bas dans le centre du village, d’autres membres de la famille dont l’un des membres travaille dans la scierie du coin dont tout le monde parle. Un sentiment très aigu de la bonne planque pour faire sa vie sans les misères des villes saturées et l’idée qu’ici les rapports entre les gens sont sains, j’allais dire familiaux, d’ailleurs d’une maison à l’autre (où la photo du pape est de rigueur), tous les gens sont de la famille. Un café, un alcool du cru et des gens gentils et accueillants. C’est l’été. La montagne, c’est bien mais en Croatie il y aussi la mer.
Krk : Sur l’île baignée de lumière
Un membre de la famille nous emmène à Krk. C’est une Croatie plus connue ici. Même si à l’époque je ne sais pas beaucoup de personnes fans de tourisme balnéaire connaissaient cette île de lumière.
C’est l’image que j’en garde. Des jeux dans l’eau sous un soleil nimbant et la majesté d’un lieu chargé d’histoire. Krk, c’est une île. Une île d’Istrie (j’apprends cela) sur l’Adriatique où je sens de multiples influences qui lui donnent une teneur d’être et cette plénitude de la rencontre forte qu’il y a dans les vraies découvertes. Richesse d’une île et richesse d’un pays qui s’installe dans mes bagages à l’aéroport de Zagreb quand je m’en vais. Quand je m’en vais après cet été magique en Croatie.
Voyager en Croatie
- Depuis la France et l’Union européenne : Passeport ou carte d’identité nationale
- Depuis la Tunisie : Avec un visa.
Je vous invite à aller sur le très beau site de l’office national croate de tourisme. Nombreuses vidéos, présentations très ergonomiques des destinations à visiter et des bons plans d’hébergements.
Un exemple de site touristique national dont les responsables du tourisme en Tunisie devraient s’inspirer.
Source photo
Contribution par Ramzi Tounsi
posté le 20 octobre à 10:17
quelle surprise!!! voilà de belles descriptions de mon pays,et également surprise qu'il t'es tant marqué !!!