Le LaM, un musée à la frontière

Par Artilt

Le 10 novembre dernier, la faculté de Lille 3 accueillait Sophie Lévy, directrice du musée d’art moderne, contemporain et brut de Villeneuve d’Ascq : Le LaM. A cette occasion, elle s’est exprimée sur l’avenir du musée et l’histoire de sa collection.

Le Jeudi 10 novembre dernier, la faculté de Lille 3 accueillait Sophie Lévy, directrice du musée d’art moderne, contemporain et brut de Villeneuve d’Ascq : Le LaM.  A cette occasion, elle s’est exprimée sur l’avenir du musée et l’histoire de sa collection.

Le LaM vient de ré-ouvrir ses portes depuis le 25 septembre 2010 : offrant sa nouvelle architecture à une collection atypique.

Situé à l’Est de Lille à seulement 10 minutes de la frontière Belge, le LaM est un musée à portée internationale, surnommé “le musée des frontières”. Le LaM joue sur son site topologique comme sur le choix de ses collections. Architecturalement parlant le LaM présente deux sites en un. Un premier musée crée par l’architecte Roland Simounet en 1983 qui a déjà acquis le statut de monument historique s’est vu ajouter une toute nouvelle extension créée elle, par l’architecte Manuelle Gautrand. Cette restructuration a pour but de créer un contact tangible et fort avec la structure déjà existante. Manuelle Gautrand a cherché à épouser l’architecture de R. Simounet, avec une enveloppe semi-charnelle et organique. La structure est en forme de main, elle se divise en 5 galeries qui accueillent les collections d’art brut.

L’histoire du musée

Tout à commencé par un collectionneur d’art moderne : Roger Dutilleul.
Avant-gardiste, il était passionné du mouvement cubiste, particulièrement de Cézanne.
Connu pour son goût du partage, du mélange et de la rencontre, Roger Dutilleul était un homme de goût, le début de sa collection est datée de 1907-1909.
La collection de Roger Dutilleul est très abondante. C’est l’une des rares collections française d’art moderne encore sur le territoire. Sans descendant direct, et ne voulant pas disperser sa collection, il offre la totalité de sa collection à ses neveux Jean et Geneviéve Masurel, en 1956. Tous deux férus d’art brut et contemporain, ils vont poursuivre cette collection non uniforme. Suivant l’exemple de son oncle Roger Dutilleul, Jean Masurel commence sa collection à partir de 1920, avec l’achat d’une première gouache de Fernand Léger.

C’est en 1979 qu’il fait don à la Communauté Urbaine de Lille de la majeure partie de cette collection, qu’ils continueront d’enrichir par la suite. La donation est composée de 219 oeuvres d’artistes majeurs, rassemblant la plupart des courants artistiques développées en France depuis le début du XXe siècle.

Pour en savoir plus je vous suggère la lecture de ce PDF.

Les collections

Le LaM, compte aujourd’hui plus de  4 500 oeuvres. C’est le seul musée en Europe à présenter simultanément les trois courants principaux du XXe et XXIe siècle.
Il met en lien l’art moderne, l’art contemporain et l’art brut. Offrant un réel dialogue entre les oeuvres et le spectateur. Il veut permettre un rapprochement entre les artistes et les visiteurs. Le musée dans sa forme et son installation, propose des oeuvres à hauteur d’oeil, et fait intervenir la société face à l’art brut. Il est également le seul à mettre en avant l’art brut comme un phénomène créé par la modernité et non par une divergence mentale du créateur. Ces mouvements artistiques sont considérés ici comme une seule et même réponse aux questionnements sur l’art et la société.

Petites phrases de Roger Dutilleul qui sont à la base de la collection du LaM :

“Je mets un Picasso à coté d’un inconnu. C’est comme ça une vraie collection !”

Correspondances entre Picasso et Roger Dutilleul au début de la guerre de 1914

“J’aimerai beaucoup partir avec un dessin de vous dans mon portefeuille”

Picasso lui en enverra un, dans le format exact de son portefeuille.

© Daniel Buren

© Allan Mccollum

La collection rassemble les œuvres des artistes suivants : André Bauchant, Francisco Bores, Georges Braque, Bernard Buffet, Youla Chapoval, Serge-Ivanovitch Charchoune, André Derain, Eugène Dodeigne, Henri Epstein, Roger de la Fresnaye, Georges Hillaireau, Wassily Kandinsky, Eugène-Nestor de Kermadec, Paul Klee, André Lanskoy, Henri Laurens, Eugène Leroy, André Masson, Joan Miró, Amedeo Modigliani, Gertrude O’Brady, Jules Pascin, Pablo Picasso, Jean Pougny, Serge Rezvani, Suzanne Roger, Georges Rouault, Jean Roulland, Nicolas de Staël, Léopold Survage, Joaquim Torres-Garcia, Maurice Utrillo, Kees Van Dongen, Arthur Van Hecke, Victor Vasarely, Louis Vivin, Barry Flanagan, Pierre Soulages, Jacques Villeglé, Christian Boltanski, Daniel Buren.

Nous terminerons sur le fait que le LaM a fait l’objet de nombreuses polémiques durant sa rénovation et son agrandissement. Lors de son extension, le travail architectural de Manuelle Gautrand fut un calvaire : retard, coûts, critiques infondées, gestion du site…  Mais au final le LaM s’est vu accorder une place au musée d’art et d’architecture de Paris, à peine la construction finie ! Un triomphe architectural tant par la critique subie que par la qualité du résultat : sa douceur et son originalité.

Pour Manuelle Gontrand ce projet fut un véritable défi :

Il était essentiel de respecter l’esprit de ce bâtiment, conçu un peu comme une casbah intégrée à l’environnement, tout en donnant une nouvelle image à ce musée à l’identité singulière, puisqu’il abrite trois collections de nature très différente.

Le LaM a su mélanger les collections en créant des passerelles entre elles, ces liens sont de véritables dialogues où chacune nous propose une vision plastique entre XXe et XXIe siècle. Et vous, qui avez eu l’opportunité de vous y rendre, qu’en avez vous pensé ?