Chez Mouret, l’amour se conjugue à douze (personnages). Beaucoup de (bons) mots, et peu de réponses dans cette succession de saynètes ludiques au charme très allenien. Devant sa caméra, le cinéaste français fait défiler autant d’acteurs géniaux (Judith Godrèche, Laurent Stocker, François Cluzet, Gaspard Ulliel, Julie Depardieu, etc.) que de savoureuses figures amoureuses : les amant(e)s, les désiré(e)s, les éternel(le)s célibataires. Le résultat est une généreuse autopsie chorégraphiée du couple et de ses (non) règles, séparée de titres-conseils, à mi-chemin entre gentille ironie et comique désespéré. Car, qui a-t-il à comprendre dans ce marivaudage très littéraire (deux amoureux sont d’ailleurs libraires) si ce n’est que le désir ne suit aucun chemin calculé ? Car aimer, c’est un art, dit le film. Une idée que Mouret laisse mûrir tout du long : l’amour comme mise en scène, comme musique, les amoureux comme comédiens, danseurs, équilibristes, clowns malgré eux.
S’il évite le catalogue et le danger du film à sketchs (répétitions, lassitude), c’est parce que Mouret y met la forme : son long-métrage est léger, poétique, libre malgré sa théâtralité assumée. Narrée par la voix (off) de Philippe Torreton, l’amour devient spectacle, tourbillon, valse, de sentiments et de tourments où la noirceur, possible sur le papier (adultère, sentiments non réciproques, incompréhension mutuelle, et trahisons), n’est jamais palpable à l’écran. Au contraire, Mouret choisit de rire de toute cette débâclé insensée, et, comme dans Un baiser s’il vous plaît ou Fais moi plaisir !, il remplit en tout point son opération séduction.