Ce qu'on ne fait plus avec un appareil photo numérique : les tirages papier.
Fini le temps des révélateurs, fixateurs et autres produits, en lumière rouge dans une pièce aménagée, à l'abri du jour.
Plus de cristaux d'argent, plus de filtres, plus de mouvements circulaires qu'on faisait avec nos mains pour mieux exposer tel ou tel endroit de l'image.
On ne parle plus non plus de négatif, de planche contact, de positif...
Plus de films, plus de grains, plus de surprises.
Avec le numérique, tout devient trop immédiat : on déclenche, on vérifie, on supprime.
Les photos sont des fichiers aux noms barbares : P0201859, IMAG152410, 20110110AAA, DSCF40150...
Sur les forums, on parle de pixels, de logiciels, de formats raw, jpeg ou tiff...
Ce qui disparaît avec le numérique : la magie de ce qu'était l'argentique.
On fait avec.
Comme on fait avec un été sans soleil, un Noël sans neige, un amour sans passion.
Ce qu'on ne fait plus ensemble : l'amour.
Fini le temps des hésitations, des mots doux et autres déclarations, en lumière tamisée dans une ambiance feutrée, à l'abri des regards indiscrets.
Plus de démonstrations, plus d'abandon, plus de caresses suaves échangées, ni de corps exposés.
On ne parle plus non plus de projets, de partir, de s'aimer.
Plus de susurrements, plus de complicité, plus de surprises.
Avec le temps, tout devient trop immédiat : les menaces, les disputes, les réconciliations...
On fait avec.
Sans magie.
Comme un Noël sans neige.
Comme la photo sans l'argentique.