Le don de sperme : un business qui dérange.
Avec plus de 30.000 enfants issus d’une fécondation in vitro, les Etats Unis font du don de sperme une véritable industrie. En effet les lois du marché se gardent bien, encore une fois, de respecter une quelconque éthique. D’ailleurs, cette pratique s’avère pour les donneurs très rémunératrice : un citoyen américain peut espérer entre 50 et 100 dollars pour un seul et unique don. Cette tarification attire de plus en plus et l’on voit aujourd’hui apparaitre le phénomène de « géniteurs compulsifs ». N’étant sanctionnés par aucune loi, de nombreux hommes n’hésitent pas à faire don régulièrement de leur sperme et l’on estime que certains d’entre eux sont père de 150 enfants.
Des familles « décomposées » qui tentent de se retrouver.
Comme à leur grande habitude les américains vont toujours plus loin. C’est ainsi que des milliers de demi-frères et sœurs se mettent aujourd’hui en tête de se retrouver et de fonder une famille. Dès 1983, la Sperm Bank of California, basée à Berkeley, a mis fin au grand principe de « dons anonymes ». A l’époque, cette banque de sperme a mis en place l’ « Identity-Release Program », qui permet aux enfants, dès l’âge de 18 ans, de prendre contact avec leur père biologique. Aujourd’hui, les enfants issus de dons de gamètes ont la possibilité d’utiliser un site internet pour se retrouver. Cette base de données nommée le « Donor Sibling Registry » (DSR) a donc permis à des milliers de personnes de fonder ce que certains appellent une « famille optionnelle ».
De plus en plus de risques de consanguinité.
Bien que ce libéralisme témoigne d’une certaine ouverture d’esprit, il reste tout de même une ombre au tableau. En effet, avec la possibilité d’avoir 150 frères ou sœurs, un individu issu d’une fécondation in vitro n’est pas à l’abri de fonder un foyer avec une personne du même sang. C’est ici que le grand jeu de la génétique nous rappelle ses règles… En effet les scientifiques partagent leurs craintes concernant les risques de consanguinités qui peuvent favoriser l’apparition de nombreuses maladies génétiques (myopathie de Duchenne, bec de lièvre, hémophilie). Le marché du don de sperme commence donc à montrer certaines limites…
En France, l’anonymat et la gratuité restent de mise.
Le parlement français a voté, en février dernier, contre la levée de l’anonymat des dons de gamètes. Les français sont, dans un même souci d’éthique, peu enclin à toucher à la gratuité de l’acte. D’ailleurs ces deux points sont intimement liés dans la mesure où, comme l’affirme Jean-Philippe Wolf, chef de service du CECOS*, « si le don de sperme n’était plus anonyme, chacun pourrait fixer son prix en fonction de la valeur estimée de son sperme ». N’oublions pas aussi qu’une discrimination génétique peut voir le jour. C’est ainsi que Cryos International, la plus importante banque de sperme au monde, vient de fermer ses portes aux donneurs roux sous prétexte que les gens désireraient davantage un enfant avec les gènes d’un beau brun et grand…
* CECOS : Centre d’études et de conservation des œufs et du sperme
Nils Ledroit