Plusieurs dizaines de manifestants ont pénétré mardi dans l'ambassade de Grande-Bretagne à Téhéran où ils ont commis des actes de vandalisme pendant plus d'une demi-heure avant que la police n'intervienne pour les déloger, a constaté un journaliste de l'AFP.
Les manifestants, qui protestaient contre les sanctions décidées par Londres contre l'Iran à cause de son programme nucléaire controversé, ont escaladé le mur d'enceinte du parc où se trouve l'ambassade et brisé les vitres de la chancellerie avant d'y pénétrer et de jeter des objets par les fenêtres, selon des images retransmises en direct par la télévision d'État.
Les forces anti-émeutes qui protégeaient l'ambassade ne sont pas intervenues pour empêcher cette attaque qui s'est produite alors que plusieurs centaines de manifestants, qualifiés d'«étudiants» par la télévision, étaient rassemblés devant la mission diplomatique pour réclamer sa fermeture et l'expulsion «immédiate» de l'ambassadeur.
Plusieurs dizaines de policiers en tenue anti-émeute ont fini par pénétrer à leur tour dans l'enceinte de l'ambassade une demi-heure après les manifestants pour leur faire évacuer les lieux, selon les images de la télévision.
La situation était revenue «normale» une heure après le début de l'attaque, selon la télévision.
Entre-temps, les manifestants ont apparemment commis des déprédations à l'intérieur de la chancellerie, la télévision les montrant en train de briser les vitres, jeter des dossiers et divers objets par les fenêtres, ou brandir un portrait de la reine Elizabeth II la tête en bas.
Ils ont également enlevé le drapeau britannique flottant sur l'ambassade et l'ont remplacé par le drapeau iranien.
Aucun diplomate britannique n'a pu être joint immédiatement par l'AFP.
L'ancienne résidence diplomatique également ciblée
Quelque 200 étudiants bassidjis (milice islamiste) ont pénétré mardi dans l'enceinte de l'ancienne résidence diplomatique de la Grande-Bretagne au nord de Téhéran où ils «protègent des ressortissants étrangers», a rapporté l'agence officielle Irna.
Irna n'a donné aucune précision sur les étrangers qui se trouveraient dans cette enceinte, un immense parc abritant de nombreuses maisons et qui n'est plus habitée par l'ambassadeur, mais conserve son statut diplomatique.
Tous les ressortissants britanniques à l'intérieur de cette enceinte sont «en sécurité», a toutefois indiqué à l'AFP un diplomate britannique qui n'a pas été en mesure de donner immédiatement d'autres détails.
Les étudiants ont par ailleurs «saisi des documents confidentiels et d'espionnage» dans des locaux de cette enceinte, a également affirmé l'agence officielle sans donner davantage de précision.
Les manifestants ont aussi enlevé le drapeau britannique pour le remplacer par le drapeau iranien, comme ils l'ont fait sur l'ambassade de Grande-Bretagne à Téhéran, dans le centre de la capitale, qui a été attaquée et brièvement occupée au même moment par d'autres «étudiants islamiques».
Londres scandalisée
Le ministère britannique des Affaires étrangères s'est déclaré mardi «scandalisé» par «l'intrusion inacceptable» de manifestants dans son ambassade à Téhéran.
«Nous sommes scandalisés. Ceci est parfaitement inacceptable et nous le condamnons», a déclaré le ministère dans un communiqué dénonçant l'irruption dans les locaux diplomatiques «d'un nombre significatif de manifestants» qui se sont livrés à «des actes de vandalisme».
«En vertu des lois internationales, y compris la Convention de Vienne, le gouvernement iranien a la claire obligation de protéger les diplomates et les ambassades sur son territoire, et nous attendons de lui qu'il agisse au plus vite pour reprendre le contrôle de la situation et assurer la sécurité de nos employés et de nos locaux», poursuit le texte.
Lundi, l'ambassade avait publié un communiqué demandant aux autorités iraniennes de prendre les mesures «adéquates» pour protéger la mission britannique lors de la manifestation.
Dimanche, le Parlement iranien a voté une loi réduisant les relations diplomatiques au niveau de chargé d'affaires et prévoyant l'expulsion de l'ambassadeur britannique dans un délai de deux semaines.
Cette décision a été prise en représailles aux nouvelles sanctions économiques contre l'Iran décidées par Londres, de concert avec les États-Unis et le Canada, après la publication d'un rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique étayant les soupçons des Occidentaux selon lesquels Téhéran aurait travaillé à la fabrication d'une arme nucléaire malgré ses démentis.
Source : Cyberpresse