L'apparition et la déclaration sont tombées comme une bombe et ont détruit le peu de crédibilité dont cette règle européenne
jouissait encore.
Comme on le sait aujourd'hui, le monde était à la veille de sa plus grande catastrophe économique depuis les années trente du
vingtième siècle, crise qui a révélé à quel point l'endettement public européen avait atteint des montants excessifs.
Quatre ans après, lors de l'Eté 2011, Mme Merkel, devenue entre -temps la femme forte de l'Europe où l'Allemagne faisait
figure de seule survivante à la catastrophe générale et gardienne de l'orthodoxie budgétaire, eut l'idée que tous les pays européens devraient suivre l'Allemagne et imposer dans leur Constitution
la règle de déficit zéro, dénommée par certains “règle d’or”.
Et voilà que le même Sarkozy, qui avait déchiré les règles européennes de limitation de l'endettement, trop
rigides à son goût, était devenu un parfait perroquet des énormités de Mme Merkel. Ainsi, il découvrit que la limitation du déficit, non plus à 3%, mais carrément à zéro%, était
devenue la règle d'or économique à laquelle personne n’avait le droit d’échapper.
Monsieur Sarkozy a alors défendu avec la même ardeur et la même conviction la disparition de la règle des 3% hier comme
il défend la règle d'or de zéro % aujourd'hui, comme il défendra n'importe quelle proposition à l'avenir à partir du moment où il l’estimera adaptée au climat médiatique, parce que pour lui
seul le pouvoir compte, et parce qu'il n'a aucune idée stratégique, que ce soit pour la France ou pour l'Europe, aucune conviction autre que l'importance de lui- même.
C’est exactement l'absence de principes et de crédibilité de Monsieur Sarkozy qui a conduit les autres dirigeants européens à
l'ignorer et, finalement, lui donne comme seule alternative celle de répéter les déclarations de Mme Merkel pour exister.
Rappelons-nous aussi, qu'il y a un an, lors de la tristement fameuse déclaration commune de Deauville, les deux
dirigeants européens avaient convenu d’amender le Traité Européen pour permettre expressément la faillite des Etats qui ne pourraient pas honorer leurs dettes.
Cette déclaration suicidaire fut justement considérée comme le déclencheur de la débâcle de l'Euro.
Confrontés à cette débâcle aujourd'hui, nos deux dirigeants refusent de voir l'urgence de faire usage de la Banque Centrale
Européenne pour éviter l'effondrement de la monnaie unique et prônent des changements complexes au Traité, comparables à la discussion sur le sexe des anges à la veille de la chute de
Byzance.
Avec des dirigeants politiques comme eux, l'Europe est condamnée à la catastrophe. L'Europe et la France ont besoin de
dirigeants politiques capables de comprendre la nature de nos problèmes et de nos défis, ayant une vision de longue haleine et surtout une forte conviction démocratique.
La situation actuelle demande une action immédiate de stimulation de l'économie européenne pour compenser l'effet des mesures
restrictives prises par les Etats Membres ayant les plus gros problèmes de dettes extérieures. Cette action ne peut nullement attendre de grands débats, pourtant nécessaires, sur l'avenir de la
gouvernance économique européenne.
Des élections démocratiques et des processus décisionnels démocratiques sont en tous cas la seule méthode pour aboutir à
cette future nouvelle gouvernance.
Vice-Présidente du Conseil Régional de Picardie
ancienne Députée européenne