En effet, si d’habitude j’essaie, tout en préservant le fond, de conserver toujours une certaine forme d’humour, qui déclenche souvent le sourire, parfois une certaine hilarité chez mes collègues de la majorité (Je dois reconnaître que je rencontre un succès moindre chez les élus de l’opposition.. Allez savoir pourquoi), je vous avouerai que la période que nos concitoyens et les collectivités locales traversent, mal traités par ce gouvernement à bout de souffle, pour ne pas dire à bout de course, ne prête pas, et je pense que vous en conviendrez, à une franche rigolade.
Et pourtant, la lecture de l’interview, parue le dimanche 23 octobre dans le Courrier Picard, du nouveau Président du groupe des droites me donnait une occasion rêvée de faire sans difficulté un peu d’humour au sein de cette assemblée rien qu’en évoquant ce titre accrocheur « Christophe Coulon : « Je suis un bleu à la Région ».
Refusant de croire qu’un politique de la stature du successeur de Caroline Cayeux puisse avouer qu’il était un novice, je me suis, je dois vous l’avouer, longuement interrogé sur le sens profond de cette déclaration pour le moins surprenante… Jusqu’à ce que la lumière n’éclaire mon cerveau embrumé.
Tel Raymond Souplex dans les « 5 dernières minutes », je me suis alors déclaré, en mon for intérieur « Bon sang, mais c’est bien sûr ! ».
Et oui, désormais, tout était clair…. Le nouveau Patron voulait marquer son nouveau territoire en changeant le nom de son groupe… Bleu, bleu, bleu ? C’est le groupe des schtroumpfs !
Il ne restait plus qu’à trouver un nouveau surnom à chacun de ses collègues.
Exercice difficile s’il en fut. C’est pourquoi j’ai décidé de l’aider en lui proposant quelques pistes parmi les 100 noms de schtroumpfs recensés.
Désolé Mesdames, mais dans cette histoire pour le moins sexiste, il n’y a qu’une femme, la schtroumpfette… Et celle-ci siège désormais au Sénat.
Pour ces Messieurs, je laisserai au nouveau « Grand Schtroumpf » le soin d’attribuer à chacun son nouveau surnom dans la liste, non exhaustive, que je lui propose :
Schtroumpf grognon, schtroumpf médecin (mais cela peut être le même), schtroumpf chasseur, schtroumpf sportif…. Pour le reste, vous faites comme vous voulez.
Voilà ce que j’aurais pu dire au début de mon intervention si j’avais le cœur à rire.
Mais je ne peux pas l’avoir tant les conditions dans lesquelles nous élaborons notre projet de budget 2012 sont difficiles en raison de la volonté persistante de ce gouvernement de nous étrangler financièrement, et de nous empêcher d’agir en faveur de nos concitoyens, en faveur des plus fragiles.
Pourtant, et contrairement à la propagande gouvernementale, il est possible d’agir.
Oui, il est possible de faire une autre politique que la rigueur qui mène à la langueur.
Oui il est possible de concevoir une politique qui prépare la reprise en favorisant l’investissement et la ré-industrialisation, la recherche, l’éducation et la formation tout en encourageant le pouvoir d’achat des classes populaires qui reste le dernier moteur de la croissance.
Encore faut-il y croire, avoir des valeurs et ne pas abdiquer au premier coup de tabac, oser le réformisme et bannir le populisme.
C’est ce que nous faisons depuis sept ans animés par une volonté : celle de faire de notre région un laboratoire de l’économie du XXI° siècle qui se doit d’être au service de l’Homme et non de la finance. Et pour cela il faut croire en ce que l’on est, il faut croire en ce que l’on dit, il faut croire en ce que l’on fait.
Croire en ce que l’on est, c’est refuser de brader la Picardie à l’Ile de France au prétexte que les électeurs votent mal. Notre région a des atouts, sa jeunesse d’abord, sa tradition et sa culture industrielle ensuite avec des salariés toujours disponibles pour mieux se former et sa situation géographique entre Paris et le nord ouest de l’Europe, enfin.
Voilà ce qui nous autorise à penser que notre Picardie est en devenir plutôt qu’une réserve de main d’œuvre et d’espace pour ceux qui en manquent.
Croire en ce que l’on dit, c’est mobiliser la société picarde autour de nos projets, contractualiser avec nos partenaires afin que chaque euro dépensé soit non seulement utile mais permette, en plus, d’en lever d’autres.
Croire en ce que l’on fait, c’est refuser la fatalité, c’est, malgré les contraintes financières, maintenir le cap, respecter nos engagements et exiger d’être respectés par l’Etat qui cherche à nous imposer sa volonté en revenant sur nos droits.
Face à cette détermination de nos régions, l’Etat, je l’ai dit, gèle nos dotations et nous prive de toute autonomie fiscale et financière pour tenter de paralyser notre action et, pire encore, s’apprête à définir par décret et toujours sans la moindre concertation ce qui relèverait de l’intérêt régional et pourrait donc bénéficier de nos financements et ce qui n’en relèverait pas.
Quel mépris des élus locaux que nous sommes, quel mépris des habitants de nos régions.
Et, pendant ce temps-là, prenant visiblement de plus en plus les Français pour des imbéciles, l’encore pensionnaire de l’Elysée s’efforce de leur faire croire qu’un sujet abordé est une affaire réglée.
Le 25 septembre 2008, à Toulon, Nicolas Sarkozy nous livrait sa pensée de l’époque avec une conviction profonde (et je cite intégralement tellement c’est savoureux) :
« Au fond, c’est une certaine idée de la mondialisation qui s’achève avec la fin du capitalisme financier qui avait imposé sa logique à toute l’économie et avait contribué à la pervertir. L’idée de la toute puissance du marché qui ne devait être contrarié par aucune règle, par aucune intervention politique, cette idée de la toute puissance du marché était une idée folle. L’idée que les marchés ont toujours raison est une idée folle. Pendant plusieurs décennies, on a donc créé les conditions dans lesquelles l’industrie se trouvait soumise à la logique de rentabilité financière à court terme. On a laissé les banques spéculer sur les marchés au lieu de faire leur métier qui est de mobiliser l’épargne au profit du développement économique. On a financé le spéculateur plutôt que l’entrepreneur. On a laissé sans contrôle les agences de notation et les fonds spéculatifs. »
On croit rêver face à cette formidable diatribe contre les marchés financiers, pour une régulation de la mondialisation et des systèmes bancaires sauf….Sauf que trois ans plus tard, à l’occasion du récent Gvain, V.A.I.N., il n’en reste plus rien. Rien qu’une capitulation en rase campagne, un alignement piteux sur les théories les plus néo libérales.
Désormais, une seule solution, la restriction, une seule voie, le sacrifice.
De béquille en replâtrage, la révolution n’est plus qu’une mystification
Mystification quand le chef de l’Etat, déjà en campagne, oublie les 75 milliards de cadeaux fiscaux offerts à ses amis du Fouquets depuis 2007 et accuse son opposition d’irresponsabilité sur la dépense publique, compte-tenu de l’état de la dette.
Vous allez voir qu’on ne va pas tarder à nous refaire le coup de l’anti-France.
La réalité de la dette, en France, c’est qu’elle a doublé sous Chirac et augmenté de près d’un tiers depuis moins de cinq ans. Faites les comptes, + 1.000 milliards en douze ans de gestion de droite, voilà bien le seul record qu’elle peut revendiquer.
Mystification encore quand le chef de l’Etat, toujours en campagne, au passage avec l’argent des contribuables, celui qui avait promis que les impôts et les taxes n’augmenteraient pas dans ce pays, fait assumer par son premier Ministre, Monsieur « oiseau de mauvais augure et chevalier à la triste figure », deux plans de rigueur en trois mois, en prépare, en catimini, un troisième d’ici le printemps prochain et se cache à peine pour prévoir, s’il était réélu, de s’attaquer frontalement à la protection sociale.
A ce rythme, il n’y aura bientôt plus que Noel pour rester en décembre !
La vérité est que sur les 18 milliards de mesures d’austérité, 11,4 milliards pèsent sur les classes moyennes, et 200 petits millions sur les classes supérieures. Ajoutons-y l’indécent allègement de l’ISF pour 2 milliards d’euros l’an prochain et la cuistrerie devient parfaite.
Décidément, comme le dit Monsieur de La Fontaine, mieux vaut être riche et bien portant que pauvre et malade.
Mystification toujours quand le chef de l’Etat accuse systématiquement les collectivités locales de laxisme budgétaire et d’incompétence généralisée.
La réalité est que 73% des investissements publics du pays sont financés par ces collectivités qui ne sont responsables que de 11% seulement de la dette publique et de 21% de la dépense publique.
Pour mémoire, si l’Etat était soumis aux mêmes règles budgétaires, il serait mis sous tutelle dès le mois de juillet de chaque année.
Monsieur le Président, mes chers collègues, dans trois semaines nous voterons le budget régional de 2012 et j’aurai alors l’occasion de vous abreuver de chiffres.
Je ne l’ai volontairement pas fait aujourd’hui tant je voulais attirer l’attention des élus régionaux sur le véritable bras de fer que l’Etat avait engagé avec les collectivités territoriales pour les réduire à l’impuissance.
Cela n’a d’ailleurs visiblement pas totalement échappé à nos collègues du groupe des droites dont le Président, dans l’interview au Courrier Picard que j’évoquais tout à l’heure, reconnaissait que la réforme fiscale voulue par ses amis nous privait chaque année de 10 Millions.
Dans trois semaines, je vous montrerai que nous sommes loin du compte mais je veux tout de même saluer ce que je considère être un premier pas sur le chemin de la lucidité.
En attendant, Monsieur le Président, vous pouvez compter sur le groupe socialiste, républicain et citoyen pour se battre à vos côtés pour les Picards et pour l’avenir de la Picardie.
lors de la Session consacrée au Débat d’Orientation Budgétaire 2012
région
Picardie
Président du groupe Socialiste,
Républicain et Citoyen
Vice-Président en charge des finances