Robert Solé, Une Soirée au Caire, éd. Seuil, 2010.
Il semble que ce livre m'ait inexplicablement attiré à lui au détour des nouvelles acquisitions de ma bibliothèque de quartier. Je l'avoue, l'Egypte est pour moi un sujet auquel je suis particulièrement attachée, ayant derrière moi tout un cursus d'égyptologie... une passion d'enfance qui ne s'explique pas !Ce livre est, à mon humble avis, un incontournable pour tous ceux qui, comme moi, aiment à (re-)découvrir l'Egypte d'hier et d'aujourd'hui, au travers d'anecdotes d'une vie qui semble si réelle, qu'elle aurait légitimement pu être vécue. Vécue par l'auteur lui-même franco-égyptien né au Caire, peut-être, qui se crée ici de seconds souvenirs d'enfance, à travers les yeux de son personnage, Charles, et de la famille Batrakani.L'intrigue débute par le retour au Caire de Charles, après des décennies d'exil en France, contraint de quitter l'Egypte avec toute sa famille dans les années 1960. Celle-ci s'est par la suite dispersée. Mais Charles retourne dans un lieu emblématique ayant marqué son enfance, la maison de ses grands parents, à Héliopolis. Cette bâtisse est désormais occupée par Dina, la femme de son oncle désormais disparu, une femme dont l'âge ne semble pas ternir l'attrait qu'elle inspira toute sa vie pour la gente masculine. Dina est l'unique membre de la famille Batrakani à veiller sur la maison familiale, qui apparaît comme figée dans le temps, véritable musée et "madeleine de Proust" pour Charles qui ne cesse de se remémorer les souvenirs qui ont bercés son enfance en ces lieux.Le temps de l'histoire est supposer se dérouler sur une soirée, rassemblant de nombreux protagonistes aux profils divers et variés : diplomates, galants et archéologues français en mission. Tout le beau monde du Caire se rassemble dans les salons de Dina, mais pourquoi Charles est-il revenu en ces lieux ? Que peut donc bien motiver cette visite inattendue, dont on attend tout au long du livre de découvrir la vraie raison...
Ce roman, car les souvenirs du personnages semblent si réels qu'on serait tenté d'y voir les mémoires personnelles de l'auteur dépeintes ici, n'a pas pour but de vous faire palpiter dans une action pleine de rebondissements. Il est un appel à la réflexion, au travail de mémoire, à la reconstitution mentale de ce que pouvait être le Caire, sa société et son multiculturalisme il y a plusieurs dizaines d'années de cela, bien avant la chute de Saddate. La chute du roman, qui se fait attendre jusqu'aux dernières pages de l'ouvrage, ne vous décevra pas cependant !Un véritable appel à la méditation et au rêve d'un passé à jamais perdu.
Ma note pour ce livre (de 1 à 5 étoiles) :