Candace Bushnell, Le Journal de Carrie, éd. Albin Michel, 2010.(titre original : The Carrie Diaries)
Toutes les jeunes femmes ici présentes doivent certainement s'éveiller au désormais célèbre nom de Carrie Bradshaw, héroïne de la légendaire série Sex & the City, qui marqua toute une génération au fil de ses 6 saisons, diffusées entre 1998 et 2004, puis de ses 2 adaptations au cinéma.
Ce phénomène télévisuel est une fois de plus basé sur le livre du même nom, best-seller incontesté selon la presse, relatant sous forme de "notes à elle-même" les aventures de Carrie au sein de la société new-yorkaise et les interminables questionnements engendrés par les relations hommes-femmes.
D'un point de vue strictement personnel, ce premier roman n'avait de révolutionnaire que le sujet dont il traitait, l’œuvre manquant cruellement de fil conducteur et d'un tant soit peu de style pour nous maintenir éveillés de la première à la dernière page, qui bien fort heureusement, n'étaient pas si éloignées l'une de l'autre... En bref, la série de Darren Starr rattrapait avec brio ce qui, à mon goût, n'était qu'une ébauche de roman sentimental, un point cynique, sans réel intérêt, lui apportant un réel scénario, une trame de fond, des personnages récurrents, en bref : une réelle histoire digne de fidéliser les téléspectateurs. Preuve en est que la recette fonctionna, si bien que les fans réclament aujourd'hui des adaptations cinématographiques (plus ou moins bien réussies, si l'on en juge le second volet).
C'est certainement dans cette optique que Candace Bushnell, avide de reprendre sa copie, nous propose ici un nouvel opus adapté de son premier roman phare.
Nous retrouvons donc le personnage de Carrie Bradshaw, en pleine crise d'adolescence dans une petite ville, luttant pour trouver un sens à sa vie. Après avoir perdu sa mère, elle est tiraillée entre sa position d'aînée face à deux petites sœurs, l'une rebelle à la recherche d'attention, la plus jeune recherchant le modèle de sa mère qu'elle a perdue, et son père qui semble fuir ses responsabilités, ne s'étant jamais vraiment remis de la perte de son épouse.
C'est dans ce contexte qu'elle tente de se frayer un chemin bien à elle au sein du carcan qu'incarne le lycée, les regards et préjugés de ses camarades, mais également ses premières amours, émerveillée par un mystérieux nouveau venu, aux apparences de mauvais garçon, faisant chavirer les cœurs de ces demoiselles, sans épargner celui de notre héroïne.
Les premières évocations de l'homosexualité de l'un de ses amis sont également de mise, ainsi que les à-priori, clichés et regards aiguisés que l'annonce de cette nouvelle entraine auprès de leurs camarades comme des adultes qui régissent encore leurs vies.
Le tout en cherchant sa voie, bien décidée poursuivre une carrière d'écrivain, débutant comme chroniqueuse dans le journal du lycée, sous un mystérieux pseudonyme, afin de dénoncer les injustices qui l'entourent...
Avec ce roman adolescent et jeune adulte, rédigé selon un style volontairement plus fluide afin de toucher un plus large public, Candace Bushnell nous propose une nouvelle adaptation de sa copie originale. Elle offre enfin une matière et une certaine profondeur à son personnage, que l'on apprend à connaître dans l'intimité de sa jeunesse. Toutes les premières expériences évoquées dans Le Journal de Carrie font écho à la Carrie Bradshaw adulte et New-Yorkaise bien ancrée dans la grande pomme et ses aventures narrées dans Sex and the City. Ces anecdotes nous permettent de mieux cerner le caractère de la jeune femme que nous connaissons mieux à travers ses péripéties de trentenaire.
Je me permets néanmoins de douter de la légitimité de cet ouvrage si le petit écran n'avait pas sauvé le premier ouvrage. Nous rappelons une fois de plus que le roman initial de Candace Bushnell n'offrait pas à ses lecteurs l'opportunité de faire réellement connaissance avec son personnage principal, ne proposant que des caricatures prises au vol de protagonistes n'ayant pas pour but d'incarner une réelle place dans la trame du roman. Seule la série télévisée nous avait permis de découvrir et nous attacher à Carrie Bradshaw et ses amies, dont nous découvrions au fil de chaque épisode les péripéties et les traits de caractères si particuliers qui nous permettaient de nous identifiées à l'une ou l'autre des protagonistes. Quand la télévision sauve le livre... une fois n'est pas coutume, il est bien à propos de le mentionner ici !
L'interview de Candace Bushnell parlant de son roman Le Journal de Carrie (The Carrie Diaries) :
Ma note pour cet ouvrage (entre 1 et 5 étoiles) :