- La gare de Montluçon : comme un symbole de la décrépitude du système ferroviaire français en matière d'aménagement du territoire
Mercredi 23 novembre, le débat public sur le projet de LGV Paris-Orléans-Clermont-Lyon a fait étape à Montluçon au centre Athanor devant un public dépassant les 2200 personnes selon le quotidien La Montagne. Une nouvelle fois la préférence des intervenants s'est très largement exprimée en faveur du Ouest-Sud tout comme l'importance de l'axe ferroviaire Bordeaux Lyon a été soulignée à de très nombreuses reprises.
Montluçon est la première commune de l'Allier et la seconde d'Auvergne (40 000 habitants) pour une aire urbaine qui atteint les 80 000 habitants au centre du Nord du Massif Central. Cette ville qui comporte encore quelques industries et des sections d'enseignement supérieur est située à mi-distance entre le couloir LGV de la vallée du Rhône et de la ligne Sud Europe Atlantique Paris Bordeaux. Ainsi, le bassin de Montluçon se trouve au centre d'un vaste espace ferroviaire sans infrastructures performantes qui représente la superficie d'un pays grand comme le Portugal !
Un tract distribué par la CGT à l'entrée de la salle, sans être hostile au projet de LGV, brossait assez bien le contexte du nœud ferroviaire montluçonnais de ces dernières années : avec la fermeture de lignes comme Montluçon-Clermont par Volvic ou Montluçon-Ussel, avec la détérioration des dessertes ferroviaires des grandes lignes comme Lyon-Bordeaux ou Montluçon-Paris dont la fréquence des dessertes est extrêmement réduite et les temps de parcours horriblement dissuasifs ou encore avec la disparition presque totale du trafic fret.
Les multiples interventions au sein d'un très nombreux public ont engendré une prise de conscience de l'aménagement du territoire qui doit prendre une place importante à côté de celle de faire le doublement de la LGV Paris Lyon. Les interventions des représentants des grandes zones économiques (Orléans, Clermont, Montluçon) ont amplement insistés sur le choix du tracé Ouest Sud pour le doublement de la LGV Paris Lyon dont la mutualisation pourrait se faire aussi avec une transversale Lyon Bordeaux par Limoges. Cette option permettra ainsi par cette autre fonction une inscription, sur une bonne partie de son tracé, aux aides Européennes de Lyon Montluçon Bordeaux qui sera aussi, grâce à Lyon Turin le boulevard de l'Europe Budapest Lisbonne.
Des propositions ont été faites pour étudier une alternative de tracé Ouest Sud évitant les zones sensibles tels que la forêt de Tronçais ou le vignoble du St Pourcin placés de la sorte sur le parcours du tracé par RFF comme s'il s'agissait de définitivement plomber cette option.
Un représentant du Député de la Creuse Jean Auclair a lu en son nom une déclaration stipulant son attachement au tracé Ouest Sud pour aussi desservir la Creuse d'Est en Ouest et intégrant surtout la transversale soutenue par l'association ALTRO y compris la façade atlantique !
Une grande prise de conscience a vu le jour à Montluçon sur l'utilité aussi de dessertes Est Ouest autant que de Nord Sud.
Il y a eu encore et toujours l'intervention de Pierre André Périssol maire de Moulins qui tout comme le maire Nevers doivent se sentir isolés pour toujours nous servir la même "ritournelle" un peu égoïste sur l'abandon du tracé Ouest-Sud comme si l'avis de Montluçon et d'une trentaine d'autres collectivités ne comptait pas. Là aussi, même si la LGV ne dessert pas directement Nevers et Moulins, des propositions ont été formulées par différents acteurs pour permettre une bonne desserte de ces deux villes dans le cas où le tracé Ouest Sud serait adopté. Il s'agirait de relier celles-ci aussi bien vers Paris, Lyon voir Bordeaux dans le cadre de la réalisation d'un raccordement non pris en compte par RFF près de Vichy et de l'activation du projet de barreau Est-Ouest.
Une nouvelle fois la présentation faite par RFF très favorable au tracé médian a été dénoncée à plusieurs reprises. Même si selon le chef de projet Thomas Allary "aucune décision n'est prise à ce stade sur le projet POCL", il faudra très certainement une vigilance citoyenne active et de longue haleine pour que Montluçon cesse d'être la ville oubliée du désenclavement ferroviaire et soit sortie du rôle prédestiné de grande perdante de ce débat public.