Acte 1 - les bulles
Champagne Extra Brut 2000 - Jacquesson - 70€50% Chardonnay, 50% Pinot Noir. Choix a été fait de servir ce Champagne carafé et à température ambiante. Le but était de faire ressortir le vin qui dort sous les bulles. Nez globalement discret typique de l'élevage du Chardonnay avec des notes grillées subtiles, du miel et une légère pointe d'oxydation toute maîtrisée. La bouche est superbe avec une tension acide remarquable et une longueur imposante. Beau volume en bouche sur le gras et finale sur des amers nobles. Une bouche dense mais digeste. Belle bête mais le prix laisse tout de même rêveur. Je suis curieux de voir ce qu'il aurait donné si servi plus frais et avec quelques bulles en sus. Bien
Champagne Amour de Deutz 2002 - 130€100% Chardonnay. Mon cri du cœur "mon Dieu, quelle merde!". Essayons d'élaborer un peu sur ce vin qui ne me cause pas du tout. Le nez est tout à fait correct: notes toastées, citronnées. Rien de transcendantal, mais pas de fausses notes. Par contre la bouche est trop discordante: attaque sur des sucres résiduels abondants et collants à souhait puis attaque acide malique sans grande cohérence et surtout qui ne mène nulle part. Un Champagne qui voudrait séduire par ses sucres, mais qui me laisse plus que perplexe. Lorsque le prix est dévoilé, ma colère gronde. Un Champagne pour une partie fine? Bof
Acte 2 - les blancs
Riesling Grand Cru Kasterlberg 2008 - Domaine Marc Kreydenweiss - 42€La magie du terroir schisteux opère. Un nez complexe aux notes d'agrumes et de fleurs (rose) qui se développe sur un bouquet de fruits mûrs. La bouche est impressionnante de puissance et de salinité. Gros volume, du gras, de l'alcool mais sans aucune lourdeur le relai salin est magistral. On salive, on salive, on salive à n'en plus finir. Quelques légères notes nobles d'oxydation ménagée dont penser à un apport minime à la mise (génial!). Un grand vin, certes au prix élevé. Très Bien
Corton-Charlemagne 2008 - Bouchard Père & Fils - 110€ C'est le genre de vin où la première impression n'est pas forcément la bonne. Oui au tout premier nez, un frisson me parcourt la jambe droite (ne me demandez pas pourquoi celle-ci plus que celle là!). Quel bonheur que de côtoyer le monde des grands blancs bourguignons. Le nez grillé et minéral est envoûtant mais très vite le boisé domine et ne s'estompe pas. Confirmation en bouche avec un boisé fougueux à ce stade (of course, le vin est bien trop jeune pour être goûté à ce stade de son évolution). De belles choses apparaissent derrière cet écran ligneux: tension saline certaine, beau volume mais à ce stade de jeunesse l'alcool n'est pas intégré (13.5%). Du coup, on reste sur une impression d'un vin démonstratif, plus imposant par son élevage que sa finesse. A garder absolument en cave et à regoûter dans 10 ans en espérant y trouver un supplément vibratoire d'âme. En tout cas, aujourd'hui le prix laisse rêveur! Bien-
Acte 3 - les rouges
Le cœur de la tragédie se joue dans cet acte. Fallait-il se lever et aller prendre l'air à l'entracte?
Vin de Pays du Gard - Roc d'Anglade 2009 - 32€"Oh my God!" Rarement un vin ne s'est aussi mal goûté. La déprime s'installe. Certes sur le papier glacé des guides de vin en tout genre, ce domaine est vanté pour ses vins classes tout en fraîcheur. Ici sur ce millésime 2009 goûté en cette fin novembre 2011, c'est tout le contraire qui s'opère. Cet assemblage Carrignan (40%) / "GSM" (Grenache, Syrah, Mourvèdre) offre au nez, assaut sans pitié de cassis, de notes animales persistantes, de peaux de raisin noir desséchées. Bref toute la caricature d'un vin sudiste comme je les fuis. La bouche? C'est parti, on remet ça de plus bel.? Alcool à gogo (13.5%), tanins asséchants, vanillé déplacé, sucrosité exacerbé du Grenache très mûr. Le tout sans aucune harmonie. Une agression caractérisée, faite de puissance et de lassitude. La finale boisée apporte la dernière touche à ce tableau déjà bien sombre. Espérons que le temps l'assagisse, oublions cette expérience et laissons ce vin se perdre des années dans nos caves et donnons lui une deuxième chance dans 10 ans. Carton rouge à ce stade; le vin "lose" de la soirée. Très Bof
Côtes du Roussillon "La Roque" 2009 - Domaine Gauby - 80€Une nouvelle cuvée parcellaire, 100% Grenache. Le nez laisse présager de grandes choses: tout en finesse, classe, notes florales et une certaine fraîcheur apparaît sous formes de belles notes végétales. Quel bonheur après le coup de massue du vin précédent. Par contre, à ce stade de grande jeunesse, la bouche est parasitée par la puissance alcoolique (14.5%). Ces vapeurs éthyliques agissent comme un écran qui m'empêche de voir au-delà. Je n'y trouve que des Watt: tannins abondants, sucrosité fatigante. Heureusement que de belles notes poivrées viennent relever le tout. A quoi bon goûter ce vin aujourd'hui alors qu'il se fondra certainement avec les années et que le bonheur sera intense dans 10 ans. J'ai du mal à positiver à ce stade, mais reconnaît volontiers que ce vin possède complexité et personnalité. A garder svp. Bien-
Acte 4 - les liquoreux
Le salut ne viendra qu'à la fin de l'acte 4, certes très tardivement mais au combien nécessaire pour la paix de nos âmes meurtries...
Vin de Table "Le Vitriol - A Lulu la Nantaise" 2010 - Olivier Pithon - 17.50€ (50 cl)Oh, non... la poisse continue! Cette vendange tardive 100% grenache noir est une vraie catastrophe. Le nez est mono-thématique sur ds notes de cerise dans l'alcool. La bouche est mono-thématique sur des notes de cerise à l'alcool. Que dire de plus? Oui c'est super lourd, ça colle.... Les 60g/l de sucres résiduels paraissent l'Everest! Ce vin est-il une blague? A oublier.
Pinot Gris SGN Clos Jebsal 2006 - Zind-Humbrecht - 200€Bravo Olivier Humbrecht! Après une telle série noire et une humeur de plus en en plus sombre, la magie opère. C'est vraiment un très grand liquoreux, un très grand vigneron! Les 450 g/l de sucres résiduels passent étonnamment comme une lettre à la poste (seulement 7% d'alcool acquis, donc plus de 30% d'alcool potentiel. Tout bonnement incroyable). Mais commençons par le début. Le nez est d'une complexité phénoménale: fruits secs, pâte de coing confit (tout comme dans le 1999 dégusté en novembre 2008. Lire ici). La bouche est bercée, transpercée par une acidité divine qui fait saliver à n'en plus finir. La bouche offre un gras et une longueur infinis. En outre, il existe un réel côté aérien dans ce vin avec un milieu de bouche sphérique qui fait comme un appel d'air et nous prépare à la finale majestueuses sur des notes de pain d'épices. On se perd dans la complexité gustative de cet immense vin. Sans doute un des très grands liquoreux de ce monde. Un vin à déguster absolument pour lui seul, sans accompagnement gastronomique. A admirer comme un monastère cistercien, une œuvre contemporaine bluffante. A méditer comme un tableau du Caravage qui comme nul autre sait nous faire sortir toutes nos tripes. Excellent