Noir Désir, l'air de rien

Il y a bien longtemps que tout ce qui a trait au groupe Noir Désir ne se fait plus de façon désinvolte. C’est pourtant avec ce clin d’oeil à l’un des titres phares du groupe («Tostaky», dont la phrase est extraite) que la maison de disque Barclay installe aujourd’hui dans les bacs une anthologie baptisée «Soyons désinvoltes, n’ayons l’air de rien».

Attendue depuis plusieurs mois, elle sort finalement un an tout juste après l’annonce par Serge Teyssot-Gay de son retrait du groupe, synonyme de fin définitive de l’aventure Noir Désir. En deux CDs et un DVD, ce coffret résume à grand traits une quinzaine d’années d’aventure musicale. Comme souvent avec Noir Désir (et comme toujours depuis «l’affaire» Bertrand Cantat) inutile d’y chercher quoi que ce soit d’intime ou de personnel. Pas de commentaires, pas de récit de la genèse ou de l’évolution du groupe, pas d’extraits d’interviews, pas de prise de parole... il n’est question là que de musique.
2h30 de documents vidéos
Les amateurs de Noir Des’ se feront plaisir en réécoutant, sur le premier CD, 18 titres qui ont marqué l’histoire du groupe. Masterisés par Denis Barthe et Alexis Bardinet, ils font fi de la chronologie mais s’enchaînent pour former un ensemble parfaitement cohérent. Le deuxième volume quitte quant à lui les grands classiques du répertoire Noir Désir et s’attarde sur les escapades musicales, les reprises (de Brel, Lennon...) ou les duos (avec Brigitte Fontaine, les Têtes Raides, Alain Bashung...). Enfin le DVD rassemble plus de 2h30 de documents plus ou moins rares. Des apparitions télé, l’intégralité des clips, des extraits de concerts mais aussi quelques documents inédits issus des archives personnelles de Denis Barthe (courtes vidéos tournées lors de séances d’enregistrement en studio) ou Jean-Paul Roy (une séance de travail en plein air). Les 41 pistes peuvent se lire de façon thématique (live, clips etc) ou enchaînées, d’une des premières télés timides des jeunes rockeurs bordelais (émission La Nouvelle Affiche, décembre 1987) au concert survolté des Vieilles Charrues en 2001. Le groupe ne fera pas de «promo» pour accompagner la sortie de ce coffret, mais ça ne devrait pas empêcher l’objet de trouver son public. Après cela, difficile en effet d’imaginer de nouvelle production labellisée Noir Désir. Les musiciens eux poursuivent leur chemin et Bertrand Cantat continue d’apparaître de temps en temps sur scène. Vendredi soir c’était avec le groupe Shaka Ponk sur la scène du Zénith de Paris. Cette partie là de l’histoire n’est sûrement pas terminée.•
Sophie Lemaire
Noir Désir, «Soyons désinvoltes, n’ayons l’air de rien», Barclay.

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