Pourquoi il ne faut pas avoir peur des victoires islamistes post-révolutionnaires !

Après un hiver et un printemps révolutionnaires, certains pays arabes s'assaient enfin à la liberté et à la démocratie. C'est l'heure des urnes. Et que ce soit en Tunisie, au Maroc ou probablement demain en Egypte, leur verdict est clair, les grands vainqueurs sont les islamistes. Evidemment, en Europe, et particulièrement en France dans cette période préélectorale, dès qu'on agite le vocable "islamiste", certains n'hésitent pas à ressortir les vieux clichés et à attiser les peurs de toutes sortes. A ce petit jeu, Mme Le Pen excelle, malheureusement, elle a aussi des émules à droite. Pourtant, il semble que les choses soient un peu plus compliquées que l'équation simpliste "islamiste = terroriste". Même s'il faut rester vigilant, il y a de multiples raisons pour ne pas être effrayés par ces premiers résultats.

- La victoire des islamistes est logique puisqu'ils sont souvent la seule force politique structurée et organisée dans leur pays. Ils ont donc une visibilité que les autres n'ont pas.

- Que ce soit en Tunisie ou au Maroc, il convient de relativiser ces victoires, puisque les partis religieux n'obtiennent pas la majorité (entre 30 et 40 %). Il en sera probablement de même en Egypte. Ce sera s'il leur permet de prétendre à la direction des affaires du pays, les contraint à rechercher des alliances avec des forces dites démocrates.

- La mouvance islamiste a de multiples tendances qui souvent s'opposent entre elles. Il semblerait qu'au Maroc et en Tunisie, les vainqueurs du scrutin revendiquent une certaine ouverture sur la société. On verra ce qu'il en est pour l'Egypte. En tout cas, il est à noter que la référence revendiquée dans tous les cas n'est pas l'Iran, mais la Turquie, qui constitue le cas le plus flagrant d'intégration réussie de l'Islam dans la démocratie.

- Tous ces pays sont en grande partie dépendants du tourisme et des investissements occidentaux pour leur économie. Sauf à prendre le risque  de plonger leurs populations dans la misère et à se suicider politiquement, ils n'ont aucun intérêt à aller trop loin dans les atteintes aux droits de l'homme ou l'application d'une charia qui ferait l'effet d'un repoussoir.

- Ils doivent leur arrivée au pouvoir au formidable printemps arabe et à la soif de liberté de leurs peuples. Pour au moins quelques temps, ils sont tenus par cet élan populaire, sinon, le risque, comme en Egypte en ce moment, est un retour de la fièvre révolutionnaire.

- La plupart des dirigeants islamistes ont étudié ou étaient réfugiés en Europe ou aux Etats-Unis. Ils sont donc imprégnés de culture occidentale.

- Au Maroc, le roi garant de la constitution, est le garant de la démocratie, même s'il conserve encore beaucoup de pouvoirs. En Tunisie, il s'agit d'une assemblée constituante. Quoi qu'il en soit, dans les deux pays, les islamistes sont engagés dans un processus démocratique qui ne fait que commencer. A ce titre, en exerçant le pouvoir, ils seront aussi redevables électoralement devant leurs électeurs de leurs actes.

Ceci dit, il ne faut pas non plus être exagérément optimiste. Ne jamais oublier qu'Hitler est arrivé au pouvoir par les urnes ! Il convient aussi d'être vigilants sur les conditions réservées aux femmes. Mais avant tout, il faut au moins respecter une chose : le verdict des urnes et le choix des peuples qui n'est pas plus choquant que l'élection du "Born again" George W. Bush aux Etats-Unis.

Sur d'autres sujets :

Vous avez donner pour aider le Japon et vous aimriez savoir ce qui est advenu de votre argent ? La gauche alternative choletaise transmet l'info.

Pour des pas perdus, l'Allemagne est l'exemple à ne pas suivre (et je suis d'accord avec lui).

Jef rappelle quelques vérités sur le nucléaire.

L'ami K s'essaie à la poèsie, et c'est pas mal.

Je conseille vivement la lecture des critiques cinéma et littéraires de Dasola.

Les chroniques botaniques et familiales de Catherine sont toujours agréable.

A lire absolument, l'interview fictive de Sarkozy chez Cuicuifitloiseau.