Mont-Ruflet
poème-feuilleton d’Ivar Ch’Vavar
2e épisode
Résumé de l’épisode précédent : Les bois courent sur le canton. La nuit tombe. Le jour venu, les garçons attendent, cachés derrière les troncs d’un alignement d’arbres. Une jeune fille est là toute nue.
Nos phalanges peuvent traîner dans les feuilles d’un rejet,
Et tortiller, et enrouler. De toute manière on ne voit pas ce
Qu’on fait. Alors, on peut tortiller, et tirailler un peu, et on
Peut enrouler un rameau, comme ça, autour de son doigt ;
Le ciel est blanc on sent que le ciel est blanc et que tout est
Gris et blanc et que, plus haut, il y a le faîte des arbres, tou
Te feuille pendue toute grise... Ce sont des chênes, ça nous
Revient, ce sont des chênes et nos doigts tournent et touch (60)
Ent comme ça et nous aussi, gris, tournons là à toucher, et
Notre pensée est doucement dentelée, comme la feuille de
Chêne, elle pend alors, écartée, encore, tenue écartée et ou
Verte par ses dentelures qui continuent de tourner et nous
Nous avançons donc, à la fois levant les pieds et les genou
X, tournant les hanches, à la fois cela et glissant nous nous
Avançons et là-bas elle se tient nue où elle est venue ; bras
Ballants, les cuisses plutôt serrées l’une contre l’autre ; elle
Plie la nuque, tantôt, ou bien redresse la tête, et pointe mê
Me le menton, et, quelquefois, elle tourne sa tête de droite (70)
À gauche, elle serre les dents alors on voit le muscle de sa
Mâchoire, on voit plus ce muscle qui saillit (c’est le même,
Des deux côtés du visage) et plus net, ce muscle, on l’a vu,
Que la masse des cheveux noirs qui tourne et qui retombe
Sur les épaules toutes blanches et levées. L’une plus haute
Encore que l’autre est dressée. Eh bien c’est le genre de dé
Tail qui montre qu’on est dans la réalité, qu’on a les pieds
Sur le fil même de l’instant, d’une heure vraie. Comme ça,
On est entré même de biais dans l’acuité, et ça n’est pas m
Ême venu du nu (et, tiens, je signale deux seins bien plats, (80)
À petites aréoles à peine rosées), mais c’est quand on a vu
La hauteur inégale des épaules pointues, qu’en retombant
Les mèches brunes allaient recouvrir tout de suite, cacher.
C’est là qu’on a senti une aiguille perforer notre glabelle (
Je montre, c’est juste entre les deux yeux) ; sûrement nous
avons louché brièvement, en fronçant les sourcils ; et bien
sûr il a fallu accommoder rapidement. Au même moment
(Tout cela dans le quart d’une seconde), dans nos poitrine
(Oui, toutes n’en faisaient qu’une, disons, d’accord ?) une
Main toute froide, et comme gantée de glaire, suavement, (90)
Se fermait sur notre cœur, qui se contractait brusquement
Au point que, tous, nous crûmes qu’il allait flancher (c’est
La première chose que, par la suite nous allions nous dire
« Bon Dieu ! ce coup-ci, je ne suis pas passé loin de l’arrêt
Cardiaque, les gars ! ». C’est de voir qu’elle se tenait ainsi
Dans une attente et pas bien d’aplomb. Plus tard à refaire
L’image, examiner sous d’autres angles la situation, je me
Suis trouvé à un moment à son surplomb ; je serrais entre
Mes cuisses la plus basse des grosses branches d’un arbre
Et regardais en bas elle était juste sous moi. On était dans (100)
Une minute (ralentie) où ses cheveux finissaient de retom
Ber, et justement je vois encore ses clavicules pathétiques,
Les pointes noires des mèches viennent l’une puis une au
Tre s’y poser, et donc comme de bien entendu je tords un
suite vendredi 2 novembre 2011