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[Feuilleton] Mont Ruflet d'Ivar Ch'Vavar - 2/41

Par Florence Trocmé

Mont-Ruflet 
poème-feuilleton d’Ivar Ch’Vavar 
2e épisode 
Résumé de l’épisode précédent : Les bois courent sur le canton. La nuit tombe. Le jour venu, les garçons attendent, cachés derrière les troncs d’un alignement d’arbres. Une jeune fille est là toute nue. 
 
Nos phalanges peuvent traîner dans les feuilles d’un rejet,  
Et tortiller, et enrouler. De toute manière on ne voit pas ce 
Qu’on fait. Alors, on peut tortiller, et tirailler un peu, et on 
Peut enrouler un rameau, comme ça, autour de son doigt ; 
Le ciel est blanc on sent que le ciel est blanc et que tout est 
Gris et blanc et que, plus haut, il y a le faîte des arbres, tou 
Te feuille pendue toute grise... Ce sont des chênes,  ça nous 
Revient, ce sont des chênes et nos doigts tournent et touch  (60) 
Ent comme ça et nous aussi, gris, tournons là à toucher, et 
Notre pensée est doucement dentelée, comme la feuille de 
Chêne, elle pend alors, écartée, encore, tenue écartée et ou 
Verte par ses dentelures qui continuent de tourner et nous 
Nous avançons donc, à la fois levant les pieds et les genou 
X, tournant les hanches, à la fois cela et glissant nous nous 
Avançons et là-bas elle se tient nue où elle est venue ; bras 
Ballants, les cuisses plutôt serrées l’une contre l’autre ; elle 
Plie la nuque, tantôt, ou bien redresse la tête, et pointe mê 
Me le menton, et, quelquefois, elle tourne sa tête de droite   (70) 
À gauche, elle serre les dents  alors on voit le muscle de sa 
Mâchoire, on voit plus ce muscle qui saillit (c’est le même, 
Des deux côtés du visage) et plus net, ce muscle, on l’a vu, 
Que la masse des cheveux noirs qui tourne et qui retombe 
Sur les épaules toutes blanches et levées. L’une plus haute    
Encore que l’autre est dressée. Eh bien c’est le genre de dé 
Tail qui montre qu’on est dans la réalité,  qu’on a les pieds 
Sur le fil même de l’instant, d’une heure vraie. Comme ça, 
On est entré même de biais dans l’acuité, et ça n’est pas m 
Ême venu du nu (et, tiens, je signale deux seins bien plats,   (80) 
À petites aréoles à peine rosées), mais c’est quand on a vu 
La hauteur inégale des épaules pointues, qu’en retombant 
Les mèches brunes  allaient recouvrir tout de suite, cacher. 
C’est là qu’on a senti une aiguille perforer notre glabelle ( 
Je montre, c’est juste entre les deux yeux) ; sûrement nous 
avons louché brièvement, en fronçant les sourcils ;  et bien 
sûr il a fallu accommoder rapidement. Au même moment 
(Tout cela dans le quart d’une seconde),  dans nos poitrine 
(Oui,  toutes n’en faisaient qu’une, disons, d’accord ?) une  
Main toute froide, et comme gantée de glaire, suavement,   (90) 
Se fermait sur notre cœur, qui se contractait brusquement 
Au point que, tous,  nous crûmes qu’il allait flancher (c’est 
La première chose que,  par la suite nous allions nous dire 
« Bon Dieu !  ce coup-ci, je ne suis pas passé loin de l’arrêt 
Cardiaque, les gars ! ».  C’est de voir qu’elle se tenait ainsi 
Dans une attente et pas bien d’aplomb. Plus tard à refaire 
L’image, examiner sous d’autres angles la situation, je me 
Suis trouvé à un moment à son surplomb ; je serrais entre 
Mes cuisses la plus basse des grosses branches d’un arbre    
Et regardais en bas elle était juste sous moi. On était dans   (100) 
Une minute (ralentie) où ses cheveux finissaient de retom 
Ber,  et justement je vois encore ses clavicules pathétiques,  
Les  pointes noires des mèches viennent l’une puis une au 
Tre s’y poser, et donc comme de bien entendu je tords un 
 
suite vendredi 2 novembre 2011


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