Magazine Humeur

Un festival de raffarinades !

Publié le 27 novembre 2011 par Kamizole

Comme s’il en pleuvait… Le titre découvert sur Google Actus donne d’emblée le ton. Jean-Pierre Raffarin défend "le capitaine de tempête", Nicolas Sarkozy  (20 nov. 2011)... Au point qu’allant dans la cuisine me préparer un café - mon carburant - je pouffai avant même d’avoir ouvert l’article. Il est fort heureux que je n’ai pas de dentier car à tant rigoler, je finirais bien par le cracher. Fatiguée mais n’arrivant pas à dormir en début de soirée, je m’étais plongée dans Marianne acheté samedi et que je n’avais pas encore eu le temps de lire. Là encore, quelques bons moments de rigolade. Bons pour le moral qui est pourtant loin d’être au beau fixe. Comme disaient certaines de mes collègues il y a fort longtemps à la DDASS d’Orléans « On n’est pas payées cher mais qu’est-ce qu’on rigole !».

Ils commencent à me courir grave sur le haricot, les zélateurs de sAAArkozy, avec leur « capitaine courage » ou de tempête. Henri Guaino, en parfait larbin - lui aussi aura bouffé à tous les râteliers des écuries présidentielles ! - n’hésitant pas à proclamer Sarkozy, "un grand président de crise" (JDD 17 juin 2011).

Je croyais que compte tenu de la situation financière de la France où nous a menés ce marin d’eau douce aventuré par gros temps sur l’Océan - des dettes ! - aux commandes d’un frêle esquif, ils n’oseraient plus le présenter comme un Nelson écrasant non point les flottes françaises et espagnoles à Trafalgar mais la crise économique. Las !

Ce n’est pas d’aujourd’hui que je le compare bien plus volontiers au commandant de La Méduse qui n’était guère moins incompétent. Le problème étant que c’est nous qu’il a embarqués sur le radeau, nous laissant désemparés prendre tous les gros paquets de mer qui l’assaillent alors que lui se tient bien à l’abri dans une cambuse au milieu. Alain Juppé quant à lui parla de « Titanic » quand il n’était pas encore question d’un retour en grâce auquel il ne faut d’ailleurs nullement se fier, Sarkozy ne pouvant l’encaisser.

Quant à traiter François Hollande de « capitaine de pédalo » comme le fait Mélenchon nouveau clown démago et pas rigolo du PPF (paysage politique français) : ta gueule !

Je ne peux que vous conseiller le dernier numéro de Marianne : « Après quatre ans et demi de sarkozysme et trois ans de crise… LA FAILLITE ». No comment. Laurent Neumann parle de « Waterloo économique ». Morne plaine dévastée par Attila. C’est-ce que je ne cesse de répéter depuis plusieurs semaines.

Avouez que c’est tout de même du dernier marrant de voir Jean-Pierre Raffarin rentrer dans le rang sous la bannière (bien mitée) de Nicolas Sarkozy alors que pendant longtemps il n’eut pas de mots assez durs pour critiquer sa politique, notamment sur les réformes territoriales, le manque de dialogue avec les élus de terrain et la suppression de la taxe professionnelle (Alain Juppé également au demeurant) et qu’il se fit le champion des centristes, voulant les fédérer à l’évidence pour préparer une candidature en 2012 contre Sarkozy. Très certainement celle de Jean-Louis Borloo. Celui-ci ayant jeté l’éponge, il n’a plus guère le choix s’il veut espérer avoir encore quelque avenir politique.

Il faut qu’il ait bu quotidiennement un verre de lait d’beu au lever pour oser « saluer la politique - notamment économique - de Nicolas Sarkozy ». Ya pas à dire, cela dessoiffe peut-être mais ne rend guère lucide. Donc, bien entendu a contrario «il juge les propositions de François Hollande imprécises et à contre -courant des mesures imposées par la crise»…

Rien de surprenant, sachant qu’il fait partie de la dernière trouvaille de l’Elysée : la formation d’un "conseil politique" en vue de 2012 (Le Monde 21 oct. 2011) dont l’annonce m’avait fort réjouie. Vous pensez bien, une nouvelle cellule « Radio-Perroquet, SOS manque d’idées » dispensatrice des éléments de langage concoctés à l’Elysée « Effet cigogne » ? Sarkozy réunit une 4ème cellule de com’ à l’Elysée (22 oct. 2011). Il est évident que Jean-Pierre Raffarin qui n’a jamais particulièrement brillé par son intelligence s’abreuve directement à la source des fameux "éléments de langage" concoctés par l’Elysée - par le brillantissime Franck Louvrier, grand dispensateur de sarkonneries.

"L’âne du Poitou" est forcément preneur. Pardon les ânes ! Je ne sais pourquoi, j’ai toujours éprouvé une tendresse particulière pour eux et si j’avais eu quelque argent, mon rêve eût été d’avoir une petite maison, non point dans la prairie mais sur un terrain suffisamment vaste pour y faire paître un âne. De préférence l’un de ceux qui sont promis à l’abattoir parce qu’ils ne peuvent plus rendre de services. Sans rien lui demander d’autre que de s’ébattre en toute liberté, avec de bons soins, beaucoup de caresses et force carottes.

Or donc, selon Raffarin « Au lieu de promettre de la dépense, François Hollande devrait prôner des économies » et de justifier en même temps la nécessité de la « règle d’or ». Vaste fumisterie puisque étant inscrite dans le Traité de Maastricht - qui a valeur constitutionnelle - il suffirait au Conseil constitutionnel de rétoquer les budgets qui ne respecteraient pas le critère limitant le déficit budgétaire à 3 % du PIB. Dont je rappellerais une fois de plus que c’est Nicolas Sarkozy qui a décidé de lui-même en 2009 de s’en exempter contre l’avis même des ministres de l’économie de l’UE.

L’on ne dira jamais assez qu’il y a en matière budgétaire des dépenses nécessaires et vertueuses et d’autres - bouclier fiscal, heures sup’ non taxées - qui ont ruiné l’économie française lors même qu’il était évident - au moins depuis l’été 2007 - que le tsunami du 11 septembre dévasterait la Planète finances.

D’autant que François Fillon en déplacement aux Etats-Unis à la fin de l’été 2007 avoua par la suite avoir compris la gravité de la crise qui s’amorçait. S’il avait eu quelque cou…rage politique - mais cela se saurait ! - il aurait dû alerter Nicolas Sarkozy afin de le faire renoncer à ces mesures. Comme à l’évidence celui-ci n’est nullement accessible à des arguments frappés au coin du bon sens - idéologie contre pragmatisme - il restait à Fillon la possibilité de démissionner comme Jacques Chirac en 1976, constatant un profond désaccord avec Valéry Giscard d’Estaing.

Il faut au demeurant un sacré culot pour prôner des restrictions budgétaires quand Nicolas Sarkozy n’a eu de cesse de dilapider l’argent public pour ses lubies - Air-Sarko n’est qu’un exemple parmi d’autres - et toutes les dépenses superfétatoires destinées à rehausser son prestige, de ses 6 mois de présidence de l’Union européenne au délirant Sommet de l’Union pour la Méditerranée (il put y serrer contre son cœur ses anciens amis Kadhafi & Bachar al-Assad). Ses incessants déplacements en avion aussi bien à travers la France - il faut bien mener campagne aux frais de la princesse, non ? - que dans le monde entier. Le must de l’économie en la matière étant un déplacement à Bruxelles avec rien moins que 3 avions !

En n’ayant garde d’oublier les fort dispendieux "sondages de l’Elysée" qui firent scandale à juste titre. Et dernièrement, je n’ai pas eu le temps de dépouiller l’article du Monde, c’est au tour du budget communication et sondages des ministères d’être dans le collimateur de la Cour des comptes… Apprendre cela au moment même où la chronique annoncée des taxes ou rabiotages sur quelques petits avantages s’enrichit chaque jour de nouvelles saloperies qui nous obligeront à nous serrer la ceinture « jusqu’à se péter une vertèbre » dixit Nicolas Bedos, avouez qu’il y a bien là de quoi se foutre en pétard.

« Ne pas compter sur l’impôt  pour équilibrer les comptes» ?

Ne touchons qu’à la marge ceux des plus riches et des multinationales - la plupart ne payant que peanuts grâce à tous les artifices comptables - dont les comptes consolidés de l’ensemble des filiales à l’étranger. Sans oublier les détours sur les paradis fiscaux. Total nous ressortant dernièrement son antienne : la société ne ferait pas de bénéfices en France… tous les automobilistes passant à la pompe apprécieront. Quant aux « niches fiscales » si nombreuses que l’on ne saurait en donner la liste, il ne sera question que de les écorner au minimum. Surtout les plus onéreuses qui coûtent bonbon mais n’intéressent qu’une poignée de nantis.

« Aucun gouvernement n’a enrichi la liste des niches fiscales avec autant de ferveur que celui de Nicolas Sarkozy » (Der Siegel). Voilà qui enrichit la déjà déplorable image du satrape de l’Elysée dans la presse étrangère.

Mieux vaut s’attaquer à ce qu’ils ne craignent plus maintenant de nommer « niches sociales » et qui ne sont que des acquis sociaux - obtenus par la lutte - rétablissant un tantinet de justice fiscale. Les salariés vont morfler grave. Dernière trouvaille en date : un jour de carence pour les fonctionnaires en cas d’arrêt-maladie. Je n’ai pas les détails mais j’imagine qu’il s’agira comme pour les jours de grève d’un vingtième du traitement mensuel. Toujours dresser les Français les uns contre les autres, les fonctionnaires étant par nature des privilégiés dans la vulgate de Sarkozy.

Certains avancèrent également l’idée d’un 4e jour de carence pour les salariés du privé qui serait dans les cartons de François Fillon. Je doute que ce soit du goût du Medef car pour les salariés en CDI, du fait des accords de mensualisation, les jours de carence sont à la charge des employeurs, avantage dont ne bénéficieront pas les fonctionnaires. Pour ceux des catégories inférieures - C et D - les moins bien payés, la pilule risque d’avoir du mal à passer.

Nous apprenons que sur le 4e jour le gouvernement aurait très vite reculé mais qu’en revanche l’idée d’un jour supplémentaire de carence serait envisagé et qu’à défaut les parlementaires devraient plancher pour découvrir dans quelle « niche sociale » ils vont encore taper. Plût au ciel que ce ne fût pas les 10 % d’abattement au prétexte que les retraités n’ont pas de frais professionnels. Ils ont cela dans le collimateur depuis plusieurs années. Mais avouez que j’aurais raison de la trouver fort mauvaise avec un peu plus de 11.300 € !

D’autant que je viens de m’apercevoir que j’ai perdu presque 350 € de revenus entre 2010 et 2009 ! Sans avoir aucunement changé de statut. Mêmes caisses de retraite du régime général et complémentaire. En faisant une recherche pour un article j’ai même trouvé mieux : désormais ma retraite sécu est inférieure au minimum vieillesse des personnes qui n’ont pas cotisé ou pas assez longtemps : 742 € contre 600 € ! Sans les 300 € de la complémentaire, je serais mal !

Il ne manque pas d’un sacré culot, le Sarkozy, quand il ose déclarer le 15 nov. 2011 à Bordeaux ! - Il a dû vraisemblablement abuser de Saint-émilion, en catimini parce qu’il fit un lapsus relevé dans un entrefilet de Marianne : « Face à un choc démocratique [ au lieu de démogra-phique ] que chacun voyait arriver, j’ai refusé de niveau des pensions de 15 millions de retraités…». Je ne sais pas ce qu’il lui faut mais ces 350 € eussent été assurément mieux dans ma poche que dans la sienne, non ? Pas étonnant que je sois depuis quelques années en dessous du seuil de pauvreté. J’ai curieusement la main qui me démange furieusement. C’est normal, docteur ?

Un fonctionnaire ou un assuré social en maladie, c’est nécessairement un fraudeur, un voleur qui abuse du système. Haro sur tous ces salauds de pauvres et assistés ! J’aurais l’occasion de revenir sur cette ignoble nouvelle charge de Nicolas Sarkozy prononcée récemment dans une Caisse d’allocations familiales à Bordeaux qui ne craint pas de se réclamer de l’esprit du Conseil national de la Résistance lequel posa lès règles de l’Etat-providence et son nécessaire « filet de sécurité » destiné à protéger les plus faibles, lors même qu’à travers tous ses chantiers de la démolition sociale, il s’écharne pour nous faire succomber sous les coups de boutoir de l’Etat-pénitence.

Pas d’impôts ? Mais l’avalanche de taxes diverses qui va nous tomber sur le coin de la gueule dès le 1er janvier 2012 est encore pire puisque ne tenant aucun compte des revenus. Les journalistes semblent avoir enfin compris que les taxes sur les assurances concerneront tous les contrats - je l’avais pourtant lu écrit noir sur blanc - et non uniquement les mutuelles et assurances complémentaires de santé. Les dépenses dites « incompressibles » en augmenteront d’autant plus.

J’avais lu naguère sur le Nouvel Obs une intéressante analyse de Martin Hirsch démontrant Pourquoi la vie est plus chère pour les pauvres (10 mai 2011) et comment les « dépenses obligatoires » pèsent très lourd pour les 3,5 millions de ménages défavorisés - vivant au-dessous du seuil de pauvreté (950 € mensuels) et parlant à cet effet de « double peine ». Pas eu connaissance dernièrement d’une prise de position contre ces nouvelles attaques en règle contre les plus pauvres. Jouerait-il les muets du sérail ? Je n’ai pratiquement aucune connaissance en allemand mais j’ai lu dernièrement sur un fort intéressant petit livre sur l’onomastique (étymologie des noms de famille et prénoms) que Hirsch signifie "cerf"… Cela m’a amusée en songeant à la belle paire d’andouillers qu’il aura gagnée en faisant confiance à Nicolas Sarkozy sur le plan social en direction des plus pauvres.

Jean-Pierre Raffarin atteint le summum : « Ce qu'il manque à François Hollande, c'est un discours de vérité : Aujourd'hui, je ne le sens pas en capacité d'apporter des solutions »…

« Discours de vérité »… Ah ! Ah ! Ah ! « Triple buse » ! Voilà qui ne manque pas de sel connaissant la propension de Sarkozy à mentir sur tout, à tous propos. Tendance se diffusant par capillarité à toute l’UM/Posture. Quant aux solutions qu’il serait « en capacité » d’apporter, il a eu plus de 4 ans pour démontrer qu’il en était absolument UM/Pcapable. Manque de volonté politique.

Jean-Pierre Raffarin concède tout juste : « L’on peut faire quelques progrès pour ne pas avoir des écarts de salaire considérables ». Ça va, hein ! Merci de nous prendre pour des cons. Qui se souvient encore du fameux « Rapport Cotis » remis à Nicolas Sarkozy - qui l’avait demandé au directeur de l’Insee - précisément sur le partage des profits (Le Figaro 13 mai 2019).

Grosso modo pour respecter une règle de bon sens (d’ailleurs avancée s’il m’en souvient en 1989 par Michel Rocard) à savoir le partage des profits en 3 parties égales entre l’entreprise (pour ses investissements et sa trésorerie) les actionnaires pour rémunérer leurs placements (je ne suis pas une ayatollah le couteau entre les dents mais cela ne se justifiait qu’à l’époque où il s’agissait de placements à long terme et non de coups de bourse uniquement spéculatifs et de raids prédateurs) et enfin les salariés qui participent bien évidemment à la création des profits.

Nicolas Sarkozy qui n’en rate jamais une y allant de son tanker de lait d’beu : « Je crois en un capitalisme plus juste qui bénéficie à tous ». Qui pouvait y croire à part les imbéciles heureux qui n’avaient pas encore compris la leçon des promesses de 2007, le Medef (en riant sous cape) les patrons des multinationales et ses suppôts de l’UMP ? De toute façon, il botta en touche, remettant cela à des accords entre le Medef - tout à fait hostile - et les syndicats. Et là, nullement question de faire pression sur les partenaires sociaux, contrairement à son habitude quand il souhaite faire passer en force une mesure défavorable aux salariés.

Malgré le sous-titre très optimiste du Figaro selon lequel Jean-Philippe Cotis conclurait « à une part "plutôt stable" des salaires dans la valeur ajoutée depuis vingt ans » la stricte vérité est totalement différente. J’ai dans mes fichiers une foultitude d’articles qui démontrent le contraire : les hauts salaires ne cessent de croître, de même que les revenus financiers et les revenus du travail de stagner sinon régresser. Y compris pour les classes moyennes dont les revenus tendraient à rejoindre le Smic. En n’ayant garde d’oublier qu’il y a désormais plus de 8 millions de pauvres vivant avec des revenus - y compris les aides sociales - inférieurs au « seuil de pauvreté » (950 € par mois).

Jean-Philippe Cotis posant lui-même cette question fort iconoclaste : « Comment se fait-il que depuis 25 ans les salaires aient si peu progressé ? » avais-je lu sur Les Echos - à n’en point douter de dangereux gauchistes ! - Partage du profit : le chef de l'Etat veut une négociation express. Il n’y eut pas plus de négociation (ou elle capota) que de beurre au panarin. Sinon, j’ai la réponse : 1984, tournant de la rigueur quand le gouvernement Mauroy imposa la modération salariale - entendre la non indexation des salaires sur l’inflation - pour mettre un terme à la spirale inflationniste. Ce qui n’était que conjoncturel (critiquer cette mesure inique impliquerait de trop longs développements) devint la règle que nous continuons à subir tous, salariés autant que retraités.

Autre raffarinade, concernant cette fois le nucléaire : « l'accident de Fukushima n'est pas un accident nucléaire. C'est un tsunami qui en a ensuite créé un problème nucléaire, mais l'origine n'est pas un problème nucléaire ». Bin voyons ! Il n’a pas suivi la presse qui à l’époque démontra bien que si effectivement le tsunami a provoqué l‘accident, la part des manquements aux conditions de sécurité et défauts d’entretien n’a pas été négligeable.

Or, il suffit de penser aux divers incidents à répétition dans les centrales et autres installations nucléaires, surtout pendant l‘été 2008 mais cela avait commencé en 2006 pour savoir que le problèmes se pose exactement dans les mêmes termes en France. Ce n’est pas pour rien que j’ai choisi Homer Simpson comme héros emblématique de ces dérives comme en témoigne un article du 2 décembre 2009 : Homer Simpson fait une vacation à la centrale nucléaire de Cruas en Ardèche (2 décembre 2009) où in fine les personnes intéressées trouveront tous les liens avec les articles sur les incidents précédents;

Contre l’évidence, Jean-Pierre Raffarin défend donc les centrales françaises « plus chères mais plus sûres », mettant en avant « l'expertise des ingénieurs français, reconnue à l'étranger »… Sans doute, mais souvenez-vous : Areva n’a pas réussi à vendre son EPR aux Emirats  (28 déc. 2009). Nullement surprenant puisque l’EPR finlandais est un super-fiasco en même temps qu’un gouffre financier. Le chantier, commencé en 2005 devait être achevé en 2009. Or, Le Monde nous apprenait le 12 oct. 2011 qu’après de multiples reports la date de mise en service est encore retardée jusqu’à - au moins ? - 2014. L'EPR finlandais prend du retard.

Tout cela ayant bien entendu une incidence non négligeable sur le plan financier : Le surcoût de l'EPR finlandais est évalué à 3,6 milliards d'euros (Le Monde du 13 oct. 2011). Plus du double du coût initialement prévu : 3 milliards d’euros ! Mais ce n’est pas grave, l’Etat étant actionnaire majoritaire d’Areva à hauteur de 87 %, les con…tribuables se feront un plaisir de payer la note ! En n’ayant garde d’oublier dans leurs prières l’actuel PDG d’Areva - Luc Oursel - qui avant l’éviction d’Anne Lauvergeon (Sarko-UM/Pcompatible et ennemie jurée d’Henri Proglio PDG d’EDF) avait en charge le dossier de l’EPR finlandais. Oursel, je compte bien tailler un joli petit « tricot jaune » à sa mesure comme dit naguère l’entraîneur belge d’une équipe du Tour de France, ayant lu sur le dernier Marianne qu’il se dépense sans compter pour le candidat Sarkozy… larbin, va !

Raffarin attaque donc François Hollande au sujet de l’accord avec les Verts mais visiblement, il n’a rien compris au film : « Je pense que les écologistes ont gagné puisqu'ils ont convaincu le PS de prendre une posture qui n'est plus celle d'un parti de gouvernement ». Evidemment, si être un parti de gouvernement c’est s’inféoder aux puissances d’argent comme Nicolas Sarkozy. Peu important le flacon pourvu qu’il y ait l’ivresse - d’un pseudo pouvoir. Il est tellement gonflé de son importance qu’il ne se rend même pas compte que s’ils profitent allègrement de lui, la plupart des dirigeants des grandes entreprises n’éprouvent en en fait que le plus grand mépris à son égard : « Sarko n’est pas des leurs : il n’a pas fait de grande école et il n’est pas de la haute ». Et toc !

Eva Joly serait « fragilisée » analyse Raffarin qui croit savoir que « Les verts doutent aujourd'hui de leur candidate à la présidentielle ». Avouez qu’il y a bien de quoi ! Je traiterais cette question dans un autre article. Il me semble que pour une fois, il ne se trompe pas. J’entendis il y a peu un politologue sur France Info remarquer que l’engagement écologique d’Eva Joly était relativement récent et qu’elle déployait toute l’intransigeance jusqu’au-boutiste des néo-convertis. Bien vu ! Le même phénomène existe dans toutes les "chapelles" religieuses ou profanes. Je l’ai souventes fois constaté.

Mais je ne serais pas (tout à fait) d’accord avec Maurice Szafran quand il affirme (dans Marianne) que Nicolas Hulot s’est trop tard aperçu de "l’enfer Vert". Non pas qu’il n’existât point : je suis convaincue depuis belle heurette que les Verts reproduisent sur une échelle réduite tous les travers du PS et même en pire ! Mais parce que Hulot - sponsorisé pour son émission précisément par EDF et Areva - ne pouvait décemment être crédible.

Toutefois, il s’en faudrait de beaucoup que François Hollande ait cédé quelques pouces sur des questions essentielles. Prévoir de réduire à terme le nombre de centrales nucléaires à l’horizon 2025 - voire 2050 - n’a rien de très révolutionnaire car ce n’est finalement que prendre en compte la fin de vie des centrales les plus anciennes dont l’arrêt a été sans cesse repoussé bien au-delà des limites du raisonnable surtout quand la maintenance a été plus que négligée. en témoignent des incidents à répétition depuis 2006 dont j’ai tenu assez régulièrement la chronique.

Leur démantèlement créera au demeurant d’autres emplois de même que le développement de filières alternatives, n’en déplaise aux UM/Pbéciles inféodés au lobbies du nucléaire qui braient leurs inepties à tire-larigot : « plus c’est gros, plus ça passe » ?

Sur le sujet, Jean-Pierre Raffarin reste relativement sobre : « Le nucléaire est indispensable à la société française en matière d'emploi comme en matière de pouvoir d'achat » comparé à la ridicule inflation des chiffres s’agissant aussi bien du nombre d’emplois supposés être sacrifiés avancés autant par Xavier Bertrand, Proglio, Oursel et bien entendu Sarkozy himself qui compte bien en faire un de ses chevaux de bataille.

Grossissant - tous complices - à la démesure de leur crainte de voir leur échapper leur "fromage" - Maître Corbeau pris à son propre piège ? serait du dernier rigolo - le nombre d’emplois sacrifiés dans la filière nucléaire, le coût des investissements alternatifs et le prix de l’électricité - Sarkozy qui n’en rate jamais une dans la surenchère mensongère affirme prendre en considération le coût de l’électricité en Allemagne mais comment accorder quelque crédit à ce menteur notoire ? - prévoit une augmentation de 50 % des tarifs de l’électricité. Je reviendrais dans d’autres articles en préparation sur toutes ces questions qui méritent d’amples développements.

Nul doute cependant qu’au moment où Areva et toute la clique de l’UMP et d’EDF nous bourraient le mou avec leur chronique délirante des licenciement cent fois plus massifs que les effectifs réel d’Areva, ils se fussent bien passés de l’annonce de licenciements Areva prépare 2.700 suppressions d'emplois, la direction dément le volet français (dépêche AFP 21 nov. 2011)… dont 1000 en France. Sachant bien ce que valent les démentis ! De toute façon ils n’ont pas vraiment le choix : Areva est en pleine déconfiture.

Petite remarque forcément iconoclaste : le rôle d'une filière énergétique n'est pas uniquement de donner des emplois - même si cela a bien évidemment son importance - ni du pouvoir d'achat (eu égard aux incessantes augmentations du prix de l'électricité ces dernières années, l'on en doutera) ni encore moins d'enrichir de façon extraordinaire les dirigeants et actionnaires d'EDF et Areva - et c'est bien cela qu'il défendent bec et ongles ! - mais de fournir de l'énergie aux clients afin qu'ils puissent se chauffer, s'éclairer et utiliser un certain nombre d'appareils. Dans les meilleures conditions écono-miques et environnementales  possibles. Sans oublier la sécurité. D'où le recours complémentaire à des technologies alternatives : solaire, éoliennes, bio-masse.

J’en arrive à la dernière raffarinade et non des moindres : « Il faut s’ouvrir à la Chine » selon l’intertitre… Beurre ou vaseline ? Ils commencent à me gonfler grave avec leur Chine. J’ai beau savoir que Jean-Pierre Raffarin a son rond de serviette à Pékin, "la position du soumissionnaire", très peu pour moi. Savoir que Nicolas Sarkozy ne craint nullement de s’abaisser et par là même d’abaisser la France en allant faire plus qu’allégeance à Pékin pour chercher des pépètes me hérisse le poil au plus haut point… « Maman ! J’ai rétréci la France »…

« Le moteur de la croissance se trouvant du côté des BRICS - Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud - (…) dans ces conditions, "il faut partager la croissance" notamment avec les Chinois ». Le pire étant qu’il ne se rend même pas compte de la grosse connerie - que dis-je : l’hénaurme ! La monstrueuse - qu’il profère : partager quelle croissance ? Celle qui tend aujourd’hui vers le zéro plus qu’absolu du fait même de la crise financière actuelle et ses inévitables retombées sur l’économie réelle. Croissance qu’au demeurant nous avons perdu depuis plus de 10 ans du fait même de la désindustrialisation et des délocalisations, notamment vers la Chine : la boucle de la spirale infernale est bouclée.

Ces déclarations font pendant avec un entretien au Journal du Dimanche, rapporté par Europe 1 Raffarin : "N'ayons pas peur de la Chine"  (30 oct. 2011). J’avais bien entendu flashé sur un tel titre. Comme s’il s’agissait d’avoir peur (laquelle n’a au demeurant jamais évité le danger). Il s’agit tout au contraire de dire : NON ! Selon le sous-titre « il défend la "coopération" avec le géant asiatique ». N’ayons pas peur des mots : il s’agit ni plus ni moins que de (lâche) « collaboration », ce en quoi Nicolas Dupont-Aignan ne se trompe pas. J’ai beau n’être point de son bord politique, je suis le plus souvent d’accord avec ses critiques sur la mondialisation.

Le raisonnement de Jean-Pierre Raffarin - et de tous ses semblables qui ont mis en marche la machine infernale de la mondialisation ultralibérale dont nous crevons aujourd’hui - est inacceptable en ce que de l'existence de faits réels il subsume que nous devrions nous soumettre à leur prétendue inéluctabilité. Esprit de Munich et de Montoire réunis !

« les moteurs économiques européens et américains, très liés, sont en panne (…) et la Chine a pris le relais et devient le banquier du monde (…) Elle finance le déficit américain. C'est la nouvelle donne du XXIème siècle: le déficit du "riche" est assuré par l'épargne du "pauvre" (…) La Chine ne cherche pas la domination à tout prix mais une coopération avec l'Europe pour assurer son développement »…

« L’épargne du pauvre » ! Laissez-moi rigoler (jaune). Il existe bel et bien des milliards de Chinois pauvres travaillant dans des conditions aussi terribles que les ouvrier(e)s - sans compter les enfants ! - de la seconde moitié du XIXe au moment de la Révolution industrielle en dépit de ce que peuvent raconter certains. Nous n’avons certainement pas les mêmes lectures. Ensuite parqués dans des dortoirs pour leur maigre temps de repos. Cette prétendue épargne n’est rien d’autre que "l’accumulation du capital" par les exploiteurs. A peu près comme si l’on avait parlé d’épargne du pauvre, s’agissant des maîtres de forge et filateurs du XIXe siècle !

« Qui a eu cette idée folle » d’accepter la Chine dans l’OMC sans lui imposer préalablement de rendre le yuan convertible ? Ce qui éviterait qu’ils inondassent le marché mondial de produits fabriqués par leur quasi esclaves - payés des clopinettes avec leur « monnaie de singe » totalement dévaluée - ce qui leur donne à l’évidence un extraordinaire avantage compétitif. Nous sommes certes piégés mais les filets ont été tendus par ceux-là même qui prétendent qu’il faut y tomber… complices du nouveau désordre international.

J’éprouvai la même rage en entendant il y a déjà quelque temps sur France Info Hubert Védrines - ancien ministre des Affaires étrangères de François Mitterrand ! - benoîtement déclarer que la mondialisation est un fait et qu’il nous faut donc nous y adapter et l’accepter… Je n’ai jamais pu encaisser ce type d’arguments. L’existence ne justifie nullement l’essence de choses aussi iniques qu’intolérables !

La traite des noirs et leur esclavage existaient, en étaient-ils acceptables pour autant ? La ségrégation également, aux Etats-Unis. Il y eu fort heureusement des Rosa Park et Martin Luther King pour « to have a dream » de justice. L’apartheid en Afrique du Sud était tout autant révoltant. Pour s’y être opposé, Nelson Mandela a passé des dizaines d’années dans une geôle mais ce sont finalement ses par-tisans de l'ANC qui ont triomphé. Sous l'Occupation, les Pétainistes et les Collabos traitaient les Résistants de terroristes et arguaient que les circonstances exigeaient de se plier sous la botte nazie. Il y eut fort heureusement des Résistants qui ne l’entendirent point de cette oreille.

Ils n’ont pas fait tous ces sacrifices pour que nous plions aujourd’hui sous la botte chinoise. Rien à foutre de leurs exigences. Une seule alternative : RESISTONS !


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Kamizole 786 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte