Les Ambassadeurs, Hôtel de Crillon : plus cher et moins bien qu’avant!

Publié le 29 novembre 2011 par Chrisos

Les Ambassadeurs, restaurant gastronomique de l’Hôtel Crillon.
10 Place de la Concorde, 75008 Paris.
Tél. : 01 44 71 16 16. Site Web.

Mythe

Le Crillon fait faisait partie de ces hôtels et restaurants mythiques (mythologiques?) pour moi, puisque, assez jeune enfant, j’avais été favorablement impressionné par les récits au milieu des années 1980, de mon père et de ma mère, qui semblaient le placer en tête de leurs musts pendant leurs brefs et rares séjours passés en couple dans la capitale française. Plusieurs dizaines d’années après, la légende prend du plomb dans l’aile. Sans doute avais-je idéalisé ces quelques adresses de « légende » (l’Espérance de Marc Meneau, le Crillon, le Pied de Cochon et autres cafés de St Germain des Prés et brasseries de Paris…).

Le Crillon et moi

C’est en 2008, à l’époque de Jean-Francçois Piège, que je découvre le Crillon en vrai. J’avais déjeuné au restaurant gastronomique des Ambassadeurs. Nous étions deux, avions choisi le menu déjeuner (amuses-bouches, entrée+plat+fromages+dessert et mignardises) à 88€, pris un verre de vin chacun (16-18€) et partagé une grande bouteille d’Evian (8€), soit un total de 218€, un peu moins de 110€/personne. L’ensemble valait bien deux étoiles, mais pas trois, sauf peut être les desserts, que j’avais particulièrement appréciés.

J’avais pour projet d’y retourner en week end pour le brunch, mais ce n’est que début 2011, sous le « règne » de Christopher Hache, que cela se fait. Ce n’était pas mal, mais avec la façade en travaux, on a un peu l’impression de manger sous terre, malgré les dorures et la hauteur de plafond. Buffet gentil, mais pas super copieux ni varié, et attention, ça charge à fond sur les boissons. Pas mal, mais rien d’extraordinaire au point d’avoir envie de revenir.

Cet été, j’ai déjeuné deux fois au Patio du Crillon. Si ça allait à peu près la première fois, la seconde fois, avec son buffet presque identique à la première fois, son pain pas top et son service un peu maladroit, ce fut trop. Comme beaucoup d’annexes/de brasseries ou de restaurants numéro 2 (ou trois, sachant qu’il y a aussi l’Obé!), cette formule d’été m’a déçu.

Dernière chance

Lorsqu’Alain, du site LesRestos.com, je me dis que c’est l’occasion de la dernière chance. Dernière chance pour moi de saisir les hautes qualités de la cuisine de Christopher Hache, et dernière chance pour lui et son équipe de me convaincre. Hélas, ce ne fut pas le cas! C’est dommage, et un peu triste, puisque, grâce aux relations d’Alain, l’apéritif nous a été offert, ainsi qu’un petit sac avec des goodies (dossier de presse, mais aussi peluche éléphant, bougie parfumée, échantillons de produits de beauté dans une trousse, porte carte…), un peu embarassants!

Parasites

Le Crillon (comme la plupart des « grands restaurants ») organise souvent des repas presse et autres événements de relations publiques. Le but, si je comprends bien, est de faire (re)découvrir le restaurant, la carte et les réalisations du chef et de son équipe. À l’époque d’internet, la notoriété et la bonne réputation d’un restaurant passent notamment par l’e-notoriété. C’est donc assez « naturellement » que des sessions de diners de bloggeurs sont réalisée. La dernière campagne consiste à inviter une demi douzaine de bloggeurs autour de la carte d’automne, faisant la part belle au gibier. Cela se passe dans les cuisines. Première série, mardi 8 novembre avec Stéphanie Biteau (Cockcooning), Stéphane Riss (CuisinerEnLigne), Adèle Hugot (Gossip Food), Laurent Vanparys (Gastros on Tour), Marthe Henry (l’Actu du Vin) et Yann (Yawye). La deuxième session fut annoncée par une Cau naze et réunissait, outre la Cau naze de Sofoodsogood, atabula, Nawal sans ses casseroles,  l’ »homme » des crocs niquent du plaisir, Meg, fondatrice de Paris by mouth et Philippe Toinard (qui ne se fait jamais inviter et paie toujours ses additions- mon œil!). Ce qui est intéressant, c’est que ce sont des bloggeurs qui participent à l’organisation de la soirée, à l’établissement de la liste des invités et qui lancent les invitations. Belle confiance et beau travail de délégation!

M’étant retrouvé bien malgré moi dans cette histoire, spammé par la Cau naze, je me retrouve dans ce sac de nœuds. Pour éviter d’éventuels reproches de mauvaise foi/jalousie/aigreur/vengeance/critique destructive et des biais dans ma critique, nous avons décliné l’invitation à déjeuner, pour rester libre. Dans ce qui suit, je vais d’abord énoncer des arguments factuels, objectifs pour étayer mes propos. Puis je donnerai mon appréciation personnelle, subjective et donc contestable.

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Cinq raisons objectives de ne pas s’extasier devant les Ambassadeurs version Christopher Hache

  • Les travaux sur la façade, qui durent depuis plus d’un an privent la salle de presque toute lumière naturelle – courage, ce sera mieux après!
  • Le pain n’est vraiment pas bon. Le service en salle semble l’avoir intégré, puisqu’il n’en apporte pas assez pour tout le monde (corbeille disposée sur la table), et qu’en plus il n’y a pas de « re-service ». Ce problème sur le pain avait déjà été remarqué lors des deux déjeuners sur la patio.
  • La cuisine de Christophe Hache ne « vaut qu’une étoile » (c’est Michelin qui le dit, pas moi!) – Et je ne pense pas qu’elle mérite mieux actuellement.
  • Cela coûte encore plus cher qu’à l’époque de Jean-François Piège. Si le prix moyen était inférieur à 110€/personne en 2008, nous avons payé 111€/personne cette fois, mais pour moins de prestations qu’en 2009. Le menu actuel, à 68€ ne comprend pas les fromages. Si vous en prenez, vous ajoutez 22€ à la note et vous passez à 90€. 90€>88€, prix du menu mangé en 2008, CQFD. Et je ne parle pas de l’inflation sur le verre de vin : 26€ pour un bon Chablis. Le travers rapporté par Mix la Malice (prix du vin au verre proposé>1/3 du prix du menu) n’est pas un fait isolé!
  • Le cinquième point est une conséquence des troisièmes et quatrièmes points : le rapport qualité prix n’est pas particulièrement séduisant.

Mon avis, subjectif, en vrac

Le service, poli et gentil en apparence, fait un peu faux-jeton et pousse à la consommation. Alors que j’avais signalé que je ne prendrais qu’un verre de vin (coupe de Champagne rosé offerte pour commencer) parce que je travaille après, le sommelier propose un verre de vin sans donner d’information sur son prix. OK, pourquoi pas, mais il est revenu à la charge une fois mon verre bu entièrement. Pas très élégant, même si l’on se doute qu’il doit appliquer des consignes. On ne dit pas « pétivier » pour le fromage qu’on ne connait pas, mais pithiviers.

Le pain, donc, est visiblement préparé tôt le matin. Peut-être est-il bon encore chaud? Tel qu’il était servi à notre table, je n’ai pas apprécié, au point de ne même pas terminer ma mini-baguette, fait rarissime!

Un des trois mini amuses-bouches contenait du sandre, comme un des deux plats proposé dans le menu déjeuner. Un peu de variété ne ferait pas de mal. L’amuse bouche à la feuille de brick était surtout gras! La tartelette à l’encre de seiche était astringente, étouffante.

Le Chablis servi au verre était très bon, nous avons bien fait de suivre les conseils du sommelier sur le contenu. Il nous avait dit que nous aimions le risque, je n’avais pas imaginé que c’était un risque financier qu’il nous faisait courir.

Les entrées étaient réussies, que ce soit le bon foie gras ou le calamar, à la cuisson sans faille. Cela présageait de bonnes choses et promettait pour les plats.

La poule faisane (un petit plomb trouvé dedans), avec son « nem » (dixit Pascal, de RestoàParis.com, le troisième larron de ce déjeuner) de pommes de terres, farci avec les cuisses confites, est une bonne idée. La réalisation fut en deça de nos attentes : contenu du « nem » trop chaud, qui m’a brulé deux fois. Pièce de volaille bonne, mais un peu sèche. La sauce en accompagnement, déposée en live par un serveur une fois l’assiette déposée devant nous, peut mieux faire! Le filet de sandre poêlé, avec son accompagnement « forestière » (champignons et sauce au vin) reste dans l’esprit automne. Je n’y ai pas goûté, mais il n’a pas semblé générer d’extase!

Je n’ai pas trouvé le bonbon glacé au mojito trop chimique (style hollywood chewing gum), mais, cette fois, c’est le froid qui à brulé mon palais!

La présentation du dessert chocolat café est archi classique. Je n’ai pas goûté. L’île flottante revisitée est d’abord amusante visuellement, mais dans la bouche, toujours pas de waw, ni d’exclamation positive. Quant aux mignardises, la mini bouchée cake aux noix était très bonne, le macaron aux figues avait probablement été préparé trop tôt, puisqu’il ne se tenait plus et s’est littéralement désagrégé/écrasé. J’ai été déçu par les desserts cette fois-ci. Curieux et dommage, car j’avais été emballé par les réalisations de Jérôme Chaucesse à l’époque de Piège!

Peut être que pour être vraiment bien servi, il faut manger en cuisine (comme les bloggeurs invités). Quand on lit le compte rendu de Chantal (Assiettes du Chef), on se dit qu’en fait, Christophe Hache et Jérôme Chaucesse doivent concentrer toute leur attention et leurs efforts sur UNE table! Dommage pour les autres qui sont en salle et qui paient leur repas! Ah oui, et je suis prêt à parier, chère Chantal, que la deuxième étoile Michelin n’est pas pour tout de suite!

Le plus triste, c’est que l’imprimante de leur caisse n’avait plus beaucoup d’encre, ce qui fait que la note ne ressort pas très bien sur ma photo! Globalement, j’ai un peu l’impression d’avoir déjeuner dans le restaurant d’un Relais & Châteaux de province : adresse qui a une belle réputation, où la cuisine vaut une étoile, mais où les prix sont anormalement gonflés et tutoient le tarif 2 étoiles+. Payer plus de 100€ pour un repas à base de menu déjeuner (très loin du menu dégustation) dans un restaurant noté une étoile (et qui les vaut, mais pas plus, selon moi) et ne pas avoir été conquis par l’expérience, je trouve ça dommage et je préfère éviter et me reporter sur des adresses moins prétentieuses et plus portefeuille friendly.

Bref, peut-être que mes exigences étaient trop élevées après avoir lu les avis de Yawye et de Gossip’Food In Paris (et quelques derniers relents de mythologie familiale). Les conditions n’étaient surement similaires (par rapport aux années 80, par rapport à un repas presse en cuisine, avec le chef), mais l’écart entre ce que j’ai lu et ce que j’ai vécu et mangé explique cette déception. Hop, le Crillon sort de mon radar. Et je pense que, contrairement à moi dans ma jeunesse, mes enfants ne saliveront pas pendant des années à l’évocation du nom Crillon, malgré le gentil petit éléphant en peluche offert avec les autres goodies. La vie est injuste et cruelle!

D’autres déçus du Crillon :

    • des ratés à l’hôtel, fin 2009, racontés sur TripAdvisor,
    • un service nul et odieux pendant un brunch, par « une fille tout simplement« ,
    • le bar du Crillon, vraie déception, sur BlogChampagne.

Rédigé par chrisos