12eme jour du voyage de noces de Prince et Eva in London – une île paradisiaque au beau milieu des Caraïbes
Prince et moi ne rêvons que d’une chose : rentrer à la maison. Oui, à Londres, où il pleut à coup sûr des cordes en cette mi-juillet. Voilà quel point ce voyage de noces est désastreux. Prince et moi sommes pourtant des jeunes mariés comme les autres : nous aimons notre moitié toute neuve, paresser au soleil, et découvrir le vaste monde. Alors, comment en sommes-nous arrivés là ?
Tout a commencé avec cette conversation, il y a quelques mois :
- Chouchou ?
- Mmm ?
- Tu sais ce dont je rêve, pour notre voyage de noces ?
- Un périple bien roots, sac au dos, au fin fond de la Colombie ?
Cette discussion s’annonce mal.
- Pas tout à fait, non… je rêve de voyager en classe affaires.
- En classe affaires ?
- Mais oui, tu sais : embarquer quand on veut et pas seulement quand l’hôtesse appellera les rangées 40 à 45, tourner à gauche en entrant dans l’avion, déguster une coupe de champagne bon marché et ne pas la finir parce qu’il n’est pas très bon ce champagne, redemander une autre coupe une heure plus tard parce que quand même c’est gratuit et qu’on est en classe affaires après tout, étendre les jambes en pensant aux guignols coincés comme des sardines en classe éco, tout ça. C’est ça, mon rêve.
Froncement de sourcils de Prince.
- Mais… tu as envie de partir où ?
J’hésite quelques instants. Le bluff n’a jamais été mon fort.
- Ben… je ne sais pas. Mais je veux y aller en classe affaires.
Voilà qui ne simplifie pas la prise de décision, un point particulièrement sensible dans l’entité Couple formée par Eva in London et Prince. Paraît-il qu’à deux, on est plus forts. Lorsqu’il s’agit de faire des choix, Prince et moi, à deux, on est plus faibles. Perfectionnistes invétérés (oui, c’est un vrai défaut, et pas seulement un truc à sortir en entretien d’embauche quand on n’ose pas avouer son incapacité à tenir une deadline ou à communiquer avec son chef sans recourir à la violence verbale et/ou physique), perfectionnistes invétérés, donc, Prince et moi sommes tout bonnement incapables de prendre la moindre décision : quel plat cuisiné acheter pour le dîner de ce soir ? Comment s’occuper un samedi après-midi dans l’une des capitales les plus dynamiques du monde ?
Autant dire que choisir une destination parmi les 194 pays du monde relève pour nous de l’impossible (la liste suivante et les clichés associés n’engageant que leur inculte auteur) :
- L’Australie ? Trop loin : au bout de 10 jours de vacances, grand maximum, Prince ne rêve que de retourner faire le banquier à la City.
- La Corse ? Trop près. Le ferry, ça manque de glamour comme moyen de transport.
- Le Pérou ? Y a pas de plage. En tout cas, pas de belle plage sur laquelle lézarder pendant des heures (comme nous le verrons par la suite, ceci était un faux problème…).
- Les Seychelles ? Y a que de la plage. Comment on va s’occuper, au bout de 2 jours, quand on aura fini de débriefer sur le mariage et qu’on n’aura plus rien à se dire ?
- L’Islande ? Trop froid. Je n’ai pas perdu six kilos pour laisser passer l’occasion de m’exhiber en maillot de bain.
- Le Maroc ? Trop chaud. Il faut qu’il me reste un minimum d’énergie pour parader dans le sus-dit cher et trop petit maillot de bain.
- La Norvège ? Trop cher. Prince a beau être banquier, payer mon croissant au prix du diamant, ça me bloque.
- L’Ouzbékistan ? Trop roots. C’est un voyage de noces, quand même, pas un trek UCPA.
Bref, au bout de plusieurs heures passées à examiner attentivement la carte du monde – apprenant ainsi au passage à situer, même temporairement, d’obscures destinations telles que le Guatemala ou Zanzibar – Prince et moi parvenons à trois conclusions :
- Conclusion n°1 : notre brief est simple. De la plage mais pas seulement parce qu’on n’est pas des larves, de la culture pour rentrer moins bêtes mais pas trop parce qu’on est là pour se reposer, du soleil mais pas trop parce que Prince n’aime pas la chaleur, loin mais pas à l’autre bout du monde non plus parce que c’est fatigant. Ah, et qu’il reste de la place en classe Affaires avec les miles que j’ai accumulées dans mon job précédent.
- Conclusion n°2 : aucun pays au monde ne répond à nos critères drastiques.
- Comme diraient Marshall et Ted dans la série How I met your mother, nous décidons de ne rien décider : « Let future Eva and future Prince deal with it » (laissons ça à future Eva et futur Prince), tel est notre nouveau slogan de futurs jeunes mariés.
Dans le prochain épisode, nous verrons comment j’en suis arrivée à me rouler par terre en pleurant à l’aéroport de Caracas (la capitale du Vénézuela, pour celles et ceux qui se poseraient la question).
Et vous, quelle est votre destination de rêve ?