Aussi connu sous son nom japonais : Shohô Jissô shô.Ce traité sous forme de lettre a été adressé à Sairen-bô. Elle a été écrite à Ichinosawa, en exil sur l'île de Sado, le 17 mai 1273.
Question : Il est dit au chapitre Hôben (Moyens), dans le premier volume du Sûtra du Lotus : "L'entité réelle de tous les phénomènes ne peut être comprise et partagée que par des bouddhas. Cette réalité consiste en l'apparence, la nature...et leur cohérence du début jusqu'à la fin." (dix modalités) Quel est le sens de ce passage ?Réponse : Il signifie que tous les êtres et leur environnement dans chacun des Dix Etats, du plus bas, l'état d'enfer, au plus élevé, l'état de bouddha, sont tous sans exception les manifestations de Myôhô Rengué Kyô. S'il y a environnement la vie s'y trouve nécessairement. Miao-lo déclare : La vie (shôhô) aussi bien que son environnement (ehô) sont toujours des manifestations de Myô Hô Rengué Kyô." Il dit encore : "L'entité réelle se révèle immanquablement dans tous les phénomènes, et tous les phénomènes possèdent immanquablement les Dix Modalités. Les Dix Modalités opèrent immanquablement dans les Dix Etats et les Dix Etats caractérisent immanquablement à la fois la vie et son environnement." Et : "La vie et l'environnement de l'enfer sont contenus tous deux dans la vie du Bouddha. Par ailleurs, la vie et l'environnement du Bouddha ne transcendent pas la vie des personnes ordinaires." Des explications aussi précises ne permettent aucun doute. Ainsi, toute vie dans l'univers est clairement Myô Hô Rengué Kyô. Même les deux bouddhas, Shakyamuni et Tahô (Maint-Trésor), sont les fonctions de Myô Hô Rengué Kyô qui apparurent pour dispenser à l'humanité les bienfaits de cette Loi. Ils prirent la forme des deux bouddhas et, assis côte à côte dans la Tour aux Trésors, marquèrent leur accord en hochant la tête.Nichiren est le seul à avoir jamais enseigné une telle doctrine. T'ien-t'ai, Miao-lo et Dengyô la connaissaient dans leur coeur mais ils ne le proclamèrent pas à voix haute. Il y avait des raisons à leur silence : le Bouddha ne leur avait pas confié cette mission, le temps n'était pas encore venu et ils n'avaient pas été les disciples du Bouddha dans un très lointain passé. Seuls, Jôgyô, Muhengyô, et les autres guides des bodhisattvas sortis de la terre peuvent apparaître dans les cinq cents premières années des Derniers Jours de la Loi pour propager les cinq caractères de Myô Hô Rengué Kyô. Eux seuls sont qualifiés pour inscrire l'objet de vénération qui matérialise la cérémonie au cours de laquelle les deux bouddhas s'assirent côte à côte dans la Tour aux Trésors. Car cette Loi et l'objet de vénération sont tous deux la concrétisation du principe d'Ichinen sanzen révélé dans le chapitre Juryô (Durée de la vie) de l'enseignement essentiel.Les deux bouddhas Shakyamuni et Tahô (Maint-Trésor) ne sont que des fonctions du bouddha originel, tandis que Myô Hô Rengué Kyô est le bouddha originel. C'est ce que le sûtra appelle "le secret du tathagata et son mystérieux pouvoir." (Sûtra du Lotus, Chap 16). "Le secret" désigne l'entité des Trois Corps du Bouddha et "son mystérieux pouvoir", leurs fonctions. L'entité est le bouddha originel et la fonction, un bouddha transitoire. On a cru que Shakyamuni était un être doté des Trois Vertus de souverain, maître et parent pour notre bien à nous, simples mortels, mais au contraire , c'est le simple mortel qui le dota de ces Trois Vertus.T'ien-t'ai définit ainsi le Tathagata : "Nyoraï est le titre que l'on donne aux bouddhas des dix directions et des trois phases de la vie (passé, présent, futur), aux deux bouddhas, aux trois bouddhas et à tous les bouddhas, originel et transitoires". Ici, ce qu'on appelle "bouddha originel" est un simple mortel tandis que le terme de "bouddhas transitoires" s'applique au Bouddha. Il y a pourtant une différence très nette entre un bouddha et un simple mortel car un simple mortel est dans l'illusion alors qu'un bouddha est éveillé. Un simple mortel ne parvient pas à saisir qu'il possède lui-même à la fois l'entité et la fonction des Trois Corps du Bouddha."Tous les phénomènes" dans le Sûtra désigne les Dix Etats. La réalité (shoho jisso) est un autre nom pour Myô Hô Rengué Kyô ; par conséquent, Myô Hô Rengué Kyô est manifeste dans tous les phénomènes. L'enfer se reconnaît à ses caractéristiques infernales ; c'est la réalité de l'état d'enfer. Si, à leur place, apparaissent les caractéristique de l'état d'avidité, ce n'est plus l'état d'enfer. Un bouddha représente la réalité d'un bouddha et un simple mortel, celle d'un simple mortel. Tous les phénomènes sont en eux-mêmes des manifestations de Myô Hô Rengué Kyô. C'est ce que signifie "tous les phénomènes révèlent l'entité réelle." T'ien t'aï déclare : "Le principe profond de "l'entité réelle" est la Loi originelle de Myô Hô Rengué Kyô." Selon cette explication, "l'entité réelle" correspond aux enseignements théoriques et "la Loi originelle de Myô Hô Rengué Kyô" correspond à l'enseignement essentiel. Vous devriez méditer profondément ce passage.Bien que peu digne d'un tel honneur, Nichiren fut néanmoins le premier à propager la Loi merveilleuse transmise au bodhisattva Jôgyô pour qu'il la répande à l'époque des Derniers Jours de la Loi. Nichiren fut aussi le premier à inscrire le Gohonzon, matérialisation du bouddha d'un passé très lointain révélé par le chapitre Juryô de l'enseignement essentiel, du bouddha Tahô dont l'apparition est décrite dans le chapitre Hôtô (Tour au Trésors) de l'enseignement théorique, et des bodhisattvas sortis de la terre que l'on voit apparaître dans le chapitre Yujutsu (Sortis de terre). On peut haïr Nichiren mais on ne peut nier la réalité de son éveil.Aussi, avoir exilé Nichiren dans cette île lointaine est un crime impossible à expier, même au cour d'innombrables éons. On peut lire, dans le chapitre Hiyu : "Un éon ne suffirait pas pour expier la gravité de ce crime." Par ailleurs, en faisant des offrandes à Nichiren et en devenant son disciple, on obtient des bienfaits que même la sagesse du bouddha ne peut mesurer. On lit dans le chapitre Yakuô : "Même la sagesse du Bouddha est incapable d'en évaluer l'étendue."Nichiren seul commença à accomplir la tâche des bodhisattvas sortis de la Terre. Il se pourrait même qu'il soit l'un d'entre eux. Et s'il est du nombre de ces bodhisattvas sortis de la Terre, ses disciples doivent en faire partie aussi. Il est dit dans le chapitre Hosshi : "Si quelqu'un, homme ou femme, enseigne secrètement à une autre personne, ne serait-ce qu'une seule phrase du Sûtra du Lotus, que l'on sache qu'il est l'envoyé du Bouddha, venu pour accomplir l'oeuvre du Bouddha." Qui d'autre que nous cela pourrait-il désigner ?Lorsque quelqu'un reçoit de grands compliments, rien ne lui semble trop difficile à accomplir. Tel est le pouvoir des mots d'encouragements. Le Pratiquant né à l'époque des Derniers Jours de la Loi qui propage le Sûtra du Lotus rencontrera les Trois Grands Ennemis, qui provoqueront son exil et même sa condamnation à mort. Pourtant le bouddha Shakyamuni couvrira du manteau de sa bienveillance ceux qui persévéreront dans la propagation. Toutes les divinités leur feront des offrandes, les épauleront et les porteront sur leur dos. Ils possèdent la bonne fortune suprême et pourront servir de guides à tous les êtres humains. Ainsi, soutenu par les bouddhas Shakyamuni et Tahô, tous les autres bouddhas et bodhisattvas, les sept catégories de divinités célestes et les cinq catégories de divinités terrestres, Kishimojin et ses dix filles, les Quatre Rois du Ciel, le roi Emma, les divinités de l'eau et du vent, celles des mers et des montagnes, le bouddha Dainichi, les bodhisattvas Fugen et Monju, et les divinités du Soleil et de la Lune, Nichiren a pu endurer d'innombrables et cruelles épreuves. Celui don on vante les qualités n'hésite pas à prendre tous les risques mais quand il est critiqué, il peut courir inconsidérément à sa propre perte. Les simples mortels sont ainsi faits.En toutes circonstances, conservez la foi d'un pratiquant du Sûtra du Lotus et efforcez-vous d'être un disciple de Nichiren tout au long de votre vie. Si vous avez le même esprit que Nichiren, vous devez être un bodhisattva sorti de la Terre, et, puisque vous êtes un bodhisattva sorti de la Terre, il ne fait aucun doute que vous êtes un disciple du Bouddha depuis le passé infiniment lointain. Il est écrit dans le chapitre Yujutsu : "Je leur enseigne depuis le passé le plus lointain." Ils ne faut pas faire de discrimination entre ceux qui propagent les cinq caractères de Myôhô Rengué Kyô, qu'ils soient hommes ou femmes, dans la période des Derniers Jours de la Loi. S'ils n'étaient pas des bodhisattvas sortis de la Terre, ils ne pourraient pas réciter Daïmoku. Au commencement, moi seul, Nichiren, ai récité Nam Myôhô Rengué Kyô. Puis deux, trois, cent personnes ont suivi, le récitant et le transmettant aux autres. C'est également ce qui se passera dans l'avenir.N'est-ce pas là le sens de "sortis de la Terre" ? A l'époque de kôsen-rufu, toute la population du Japon récitera Nam Myôhô Rengué Kyô, aussi infailliblement qu'une flèche pointée vers la terre ne peut manquer sa cible. Pour le moment, faites-vous respecter en tant que pratiquant du Sûtra du Lotus et consacrez lui votre vie. Les bouddhas Shakyamuni et Tahô (Maint-Trésor), assis dans la Tour aux Trésors, lors de la Cérémonie dans les Airs, entourés de tous les autres bouddhas et bodhisattvas, hochèrent la tête pour exprimer leur accord. Et ce qu'ils décidèrent alors fut uniquement de faire prospérer la Loi à l'époque des Derniers Jours. Le bouddha Tahô (Maint-Tresor) offrit a Shakyamuni de partager son siège et, déroulant la bannière de Myôhô Rengué Kyô, c'est ensemble que les deux guides de cette multitude prirent leur décision. Pourraient-ils s'être tropmpés si peu que ce soit ?Leur but ultime, ense réunissant, était de nous permettre à nous, simples mortels, d'atteindre la boddhéité. Même si je n'étais pas dans l'assistance, si l'on se réfère aux phrases du Sûtra, c'est d'une clarté limpide. D'ailleurs, je me trouvais peut-être à cette cérémonie, mais comm je ne suis qu'un simple mortel, il n'est pas en mon pouvoir de connaître le passé. Cependant, je suis sans aucun doute le Pratiquant du Sûtra du Lotus dans cette vie-ci ; je pourrai donc de façon certaine atteindre le siège de l'éveil à l'avenir. Jugeant le passé de ce point de vue, je dois avoir été présent à la Cérémonie dans les Airs. Il ne peut y avoir de rupture entre le passé, le présent et le futur.Parce que je suis convaincu de cela, je ressens une joie sans limite, malgré mon exil présent. On verse des larmes dans la joie comme dans la peine. Les larmes expriment notre émotion devant les bienfaits comme devant l'infortune. Les mille arhats pleurèrent en souvenir du Bouddha disparu, et c'est en larmes que le bodhisattva Monju récita Myô Rengué Kyô. Parmi les mille arhats, le vénérable Ananda lui répondu en larmes : "Ainsi ai-je entendu". Après quoi les larmes de tous les autres tombèrent dans leur encrier et ils écrivirent Myôhô Rengué Kyo suivi de "Ainsi a-je entendu". Maintenant, moi, Nichiren, je ressens la même émotion. C'est parce que je propage l'enseignement de Myôhô Rengué Kyô que je me trouve actuellement en exil. Je propage cet enseignement parce que, moi aussi, "j'ai entendu ainsi". Les bouddhas Shakyamuni et Tahô (Maint-Trésor) ont légué Myôhô Rengué Kyô au peuple japonais et à toute l'humanité dans l'avenir.Je ne peux contenir mes larmes quand je pense à la grande persécution à laquelle je suis actuellement confronté, ou quand je me représente la joie d'atteindre la boddhéité à l'avenir. Les oiseaux crient mais ne versent pas de larmes. Moi, Nichiren, je ne me lamente pas, mais mes larmes ne cessent de couler. Ce n'est pas pour les affaires de ce monde que je pleure, mais seulement pour la cause du Sûtra du Lotus. Ce sont sans doute des larmes d'amrita. Il est dit, dans le Sûtra du Nirvana, que l'on a beau verser, au cours de ses multiples existences, à la mort de ses parents, frères, soeurs, femmes, enfants et entourage, plus de larmes qu'il n'y a d'eau dans les quatre océans, on a toujours pas versé une seule larme pour la Loi bouddhique. On devient un adepte du Sûtra du Lotus grâce à sa pratique dans les existences passées. Ce sont des liens karmiques qui déterminent, parmi tant d'arbre de la même espèce, ceux qui seront sculptés à l'image du Bouddha. C'est également en raison du karma que certains bouddhas naissent sous la forme de bouddhas transitoires.Dans cette lettre, j'ai écrit mes enseignements les plus importants. Saisissez leur signification et faites-en une partie intégrante de votre vie. Croyez dans le Gohonzon, objet de vénération suprême en ce monde. Forgez-vous une foi forte et recevez la protection de Shakyamuni, de Tahô (Maint-Trésor) et de tous les autres bouddhas. Exercez-vous dans les deux voies de la pratique et de l'étude. Sans pratique ni étude, il ne peut y avoir de bouddhisme. Vous devez non seulement persévérer vous-même, mais également enseigner aux autres. La pratique et l'étude proviennent toutes deux de la foi. Transmettez de votre mieux ce bouddhisme aux autres, ne serait-ce qu'un seul mot ou une simple phrase. Nam Myôhô Rengué Kyô, Nam Myôhô Rengué Kyô,
Avec mon profond respect,Nichiren
Le dix-septième jour du cinquième mois
Post-scriptum :Je vous ai déjà envoyé par écrit beaucoup de point importants de ma doctrine. Ceux que je vous ai révélés dans cette lettre sont d'une importance toute particulière. N'y a-t-il pas entre nous un lien mystique ? Ne seriez-vous pas l'un des Quatre Bodhisattvas sortis de la Terr, conduits par Jôgyô, suivi de bodhisattvas aussi nombreux que les grains de sable du Gange ? Il doit sûrement y avoir une raison profonde à ce lien.Je vous ai donné certains de mes enseignements les plus important concernant ma vie et ma pratique.Nichiren est peut-être l'un de ces innombrables bodhisattvas sortis de la Terre car je récite Nam Myôhô Rengué Kyô avec le désir de guider tous les hommes et toutes les femmes du Japon. C'est bien ce qu'exprime la phrase du Sutra : "Parmi les bodhisattvas, il sen trouve quatre qui guident cette multitude : le premier s'appelle Jôgyô (le second, Muhengyô, le troisième Jyôgyô, et le quatrième Anryûgyô). Ce sont les quatre guides suprême." (Sûtra du Lotus, chap 15). Notre lien profond par le passé a fait de vous l'un de mes disciples. Conservez absolument tout cela pour vous-même. Nichiren a, dans cette lettre, formulé la doctrine de son propre Eveil. Je m'arrêterai là.