Liam, 5 ans, a déjà une petite chérie, Eva 5 ans aussi et qui est dans sa classe depuis deux ans. Il faut dire que ces deux là se connaissent bien, puisque Eva est la fille d’un ami à nous. C’était même drôle de les voir se retrouver dans la même classe en rentrant à l’école. Depuis la petite section, ils sont inséparables. Ils se font des bisous, des câlin, Liam la réconforte quand elle est triste parce que sa maman l’a laissé à la garderie pour partir travailler. Liam et Eva veulent se marier ! Ils annoncent fièrement qu’ils vont se marier et qu’ils sont amoureux ! Quand je vous disais qu’ils sont adorables !
Petit bémol, l’autre soir Liam a dit qu’il avait deux autres chéries et qu’il allait se marier avec les trois … « Heu comment dire mon poussin ? On ne peux pas se marier avec plusieurs chéries, il faut en choisir une seule ! »
Ugo, 10 ans, n’a pas de chérie mais il est amoureux en secret de la belle Séléna ! J’aime bien le taquiner et lui demander s’il a une amoureuse. Et inlassablement il me répond qu’il aime beaucoup Séléna, qu’elle est gentille et qu’il la trouve jolie, mais qu’il est trop timide pour aller la voir et lui dire. N’est-ce pas malheureux ?
J’ai beau lui dire que s’il ne va jamais lui dire qu’il l’aime bien, elle ne le saura jamais, et que peut-être qu’elle aussi l’aime bien mais n’ose pas lui dire; il n’y a rien à faire, il est trop timide. C’est vrai qu’Ugo n’est pas le téméraire de la fratrie. Il est plutôt calme, il aime jouer tout seul, il est assez introverti. Timide est donc un bon qualificatif pour lui.
Donc mes deux grands commencent déjà à ressentir les gazouillis dans le ventre des premiers émois, alors qu’ils ne sont même pas adolescents et qu’il n’y a pas encore d’histoire d’hormones. C’est vraiment marrant à observer.
Je vous laisse avec un poème de Jacques Prévert qui illustre bien mes propos.
Les enfants qui s’aiment
Les enfants qui s’aiment s’embrassent debout
Contre les portes de la nuit
Et les passants qui passent les désignent du doigt
Mais les enfants qui s’aiment
Ne sont là pour personne
Et c’est seulement leur ombre
Qui tremble dans la nuit
Excitant la rage des passants
Leur rage, leur mépris, leurs rires et leur envie
Les enfants qui s’aiment ne sont là pour personne
Ils sont ailleurs bien plus loin que la nuit
Bien plus haut que le jour
Dans l’éblouissante clarté de leur premier amour
Jacques Prévert (1900-1977)
Spectacle, 1951