Honoré par la ville de Montréal dont il est devenu citoyen d’honneur en hommage à ses cinquante années de carrière, Enrico Macias, peut-être encouragé par le vent de changement qui souffle dans la région, a fait part une nouvelle fois de son rêve de revenir dans son pays natal. Malheureusement pour lui, il ne semble pas mieux s’y prendre que la fois précédente, lorsque ce projet, en marge d’une visite du président Sarkozy, avait dû être annulé compte tenu des réactions que cela suscitait (c’était en 2007 : voir ce billet). Le chanteur n’a pas pu s’empêcher de faire quelques confidences à la presse, et il a salué la “fraternité” des “consuls d’Égypte, d’Israël et de France réunis [pour le] protéger”. De quoi ? L’article du site canadien ne le dit pas, mais une dépêche qui a circulé en Algérie (article en arabe dans Al-Quds al-’arabi) donne peut-être la solution : il s’en est pris aux “extrémistes” qui l’empêchent de rentrer en Algérie. Il devait faire allusion également aux manifestants venus lui reprocher son militantisme à l’égard de la politique sioniste, à l’image de cette vidéo où on le voit chanter l’hymne national israélien, avec presque autant d’uniformes que de drapeaux !
La révolte d’Asala
Asala, la grande vedette syrienne de la chanson, persiste et signe… En septembre dernier, elle sortait une chanson dont les allusions transparentes étaient une condamnation de la politique suivie par le régime. Peu de temps après, elle faisait machine arrière (voir cet article en arabe dans Al-Quds al-’arabi), peut-être en raison de pressions exercées à son encontre. On avait même écrit qu’un feuilleton (article en arabe dans Al-Hayat), racontant sa vie privée avant son divorce, était en préparation dans les studios damascènes, manière de se venger de cette rébellion médiatique… Peine perdue ! En clamant bien fort qu’elle refuse d’imiter les vedettes qui n’hésitent pas à se livrer à la “comédie” du soutien au pouvoir (même si nombre d’entre elles sont indéniablement sincères), Asala va même un peu plus loin. Elle déclare cette fois que “la Syrie n’appartient pas à Bachar”, et que “ceux qui le soutiennent sont des criminels”. Entre l’allusion à la “chaise qui aurait bien voulu parler” de la fin de l’été et l’actuelle déclaration, on mesure combien la situation a évolué en quelques semaines…