Cette étude, coordonnée par les National Institutes of Health (NIH) montre comment les produits du tabac pourraient agir comme des substances-passerelles, favorisant le passage à l'usage de drogues plus dures. Les conclusions ce cette étude, publiées dans l'édition du 2 novembre de Science Translational Medicine, suggèrent que la prévention et la baisse du tabagisme chez les jeunes pourrait contribuer à réduire l'usage de cocaïne et autres substances illicites.
Cette étude, menée sur la souris, chez la souris montre comment la nicotine rend le cerveau plus sensible à la dépendance à la cocaïne. Les scientifiques ont depuis longtemps affirmé que les cigarettes et l'alcool augmentent le risque de consommation de drogues comme le cannabis et la cocaïne, plus tard dans la vie. Une enquête nationale américaine, citée par les National Instiutes of Health (NIH), conclut que plus de 90% des consommateurs de cocaïne adultes étaient fumeurs entre 18 et 34 ans avant « de se mettre » à la cocaïne.
Ces chercheurs, dirigés par le Dr Eric Kandel de l'Université Columbia, soutenus par les NIH National Institute on Drug Abuse (NIDA), soupçonnaient que exposition à la nicotine pourrait augmenter la vulnérabilité à la cocaïne. Les chercheurs ont donné de la nicotine à des souris dans leur eau potable pendant 7 jours. Ces souris montrent ensuite une appétence accrue et une activité accrue en réponse à la cocaïne. Les animaux présentent des changements dans un processus de signalisation du cerveau appelé potentialisation à long terme qui joue un rôle clé dans l'établissement de la mémoire à long terme.
Le gène de l'addiction surexprimé avec la prise de nicotine: Des recherches antérieures avaient montré que les niveaux d'expression d'un gène appelé FosB dans le striatum du cerveau était lié à l'addiction. Dans cette étude, les auteurs constatent que 7 jours d'administration de nicotine provoquent une augmentation de 61% dans l'expression FosB. Lorsque ces souris, préalablement nourries à la nicotine, reçoivent une dose de cocaïne, elles montrent une augmentation supplémentaire de 74% dans l'expression de FosB rapport aux souris ayant reçu seulement de la cocaïne. En revanche, l'inverse n'est pas vérifié.
La nicotine comme la cocaïne modifie la structure de l'ADN: Des études précédentes constatent que la cocaïne modifie la structure de l'ADN par un processus appelé acétylation des histones. Ces changements affectent l'expression du gène FosB. Les chercheurs ont testé si la nicotine augmente l'expression de FosB dans le striatum en altérant l'ADN de manière similaire. 7 jours de de prise de nicotine augmentent de façon significative l'acétylation des histones.
Un mécanisme commun à toutes les substances ? Les chercheurs ont donc réussi à développer un modèle murin de l'action de la nicotine comme une drogue d'introduction, ce qui va leur permettre d'étudier les mécanismes moléculaires par lesquels l'alcool et la marijuana pourraient aussi agir en tant que drogues-passerelles.
Mais, la conclusion principale est que si la nicotine fonctionne de façon similaire chez l'Homme, alors l'efficacité des efforts de renoncement au tabac pourraient parallèlement réduire le risque de dépendance à la cocaïne et autres drogues illicites.
Sources: NIH « Why Nicotine is a Gateway Drug” et Sci Transl Med 2 November 2011 3:107ra109. DOI:10.1126/scitranslmed.3003062 Molecular Mechanism for a Gateway Drug: Epigenetic Changes Initiated by Nicotine Prime Gene Expression by Cocaine
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