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American Horror Story, un nouveau genre de série?

Publié le 27 novembre 2011 par Francoisjost

American Horror Story
Il y a quelque temps, une journaliste suisse m'a interviewé sur American Horror Story, une série qui a débuté le 5 novembre aux Etats-Unis. Selon un usage assez courant dans les médias, elle n'a gardé qu'une phrase dans son article. Parce que j'ai beaucoup aimé cette série, je livre ici l'intégralité de mon interview:

1.Si vous avez regardé (même quelques minutes) de cette série, quelles impressions en tirez-vous ? Vous fait-elle sursauter, quand et pourquoi ?
J'ai beaucoup aimé. Cette série est assez angoissante. Elle part d'une situation très stéréotypée - l'emménagement dans une maison qui a été le théâtre des tragédies -, mais sa force réside dans la fusion de la réalité et du fantasme. Plus que d'une série d'horreur, c'est une série fantastique au sens où il est difficile de savoir ce qui est réel et ce qui est imaginé. D'où une angoisse constante comme celle que nous avons quand nous ne savons plus si nous avons vécu ou rêvé une situation.


2.Que représente la maison hantée selon vous : une métaphore d’un mariage (celui des héros) qui est en train de sombrer ? Un lieu clos où tout peut dégénérer ? Est-elle révélatrice des peurs des héros (la famille Harmond qui recommence une nouvelle vie ici) ?
Pour moi, c'est d'abord un cliché avec lequel va jouer le scénario. C'est aussi un stéréotype de la psychanalyse. On se souvient que Freud définissait l'inconscient en disant que "le Moi n'est même pas maître dans sa propre maison". C'est exactement ce qui arrive au héros qui est - ironie scénaristique - psychiatre. Il veut tout maîtriser et repartir à zéro avec sa famille, oublier les drames qu'il a vécus, mais dans cette maison les phobies, les peurs, les désirs, les traumatismes vont assaillir ses occupants.


3.Horreur et sexe vont-ils toujours de paire dans les fictions ?
Non pas toujours. Mais, pour continuer avec l'interprétation psychanalytique, Eros et Thanatos, l'amour et la mort,sont les deux pulsions qui agitent l'être humain.


4.Après « Nip/Tuck » (sexe et trash avec deux chirurgiens esthétiques) et « Glee » (comédie musicale dans l’esprit de « Fame », Ryan Murphy s’attaque à un nouveau genre, l’horreur. Crée-t-il de l’inédit en la matière et notamment au petit écran (d’habitude c’est au cinéma qu’on a des films d’horreur) avec cette nouvelle série ?
C'est vrai que ce genre de série est assez rare, mais elle est continuité avec d'autres, notamment pour les adolescents, qui mélangent monde réel et magie.


5. Justement, en référence à votre dernier ouvrage, cette série pétrie d’angoisse et de peurs (peur de l’handicap, de la fausse-couche, de l’adultère, du divorce, du passé, du secret, de la jumelité, des voisins et…) est-elle le symptôme ?
Dans cette série, l'intrigue vient au fond du passé des individus. Tout se passe comme si les peurs ne venaient pas du monde extérieur, mais de nous même. C'est le symptôme d'une rupture avec la psychologie ancienne des personnages. Les scénaristes américains ont pris acte de la coupure psychanalytique: quels que soient les dangers du monde, l'angoisse est au cœur de l'être humain.

(Propos recueillis par Anne-Catherine Renaud, Le Matin, Lausanne)


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