Pitch.
Un ancien truand, rangé depuis 25 ans, est obligé de rempiler quand il apprend le retour à Lyon sous les verrous de son meilleur ami. Ensemble, ils ont fait partie du gang des Lyonnais célèbre pour ses braquages au début des années 70.
Le sous-titre le dit bien, c'est une histoire d'amitié traitée ici dans le cadre de la "succès story" du gang des Lyonnais dans les années 70. Le film part d'un petit livre autobiographique d'Edmond Vidal "Pour une poignée de cerises" car Edmond Vidal dit Momom, élevé dans un camp de Gitans, a été vraiment été arrêté à 17 ans pour le vol d'un cageot de cerises et mis en maison de correction, ce qui fut déterminant pour la suite... Olivier Marchal a utilisé des éléments véridiques du passé d'Edmond Vidal et du gang des Lyonnais pour reconstituer les scènes des années 60 et 70 mais a inventé le présent : il a imaginé un ancien truand, Momon Vidal, rangé des voitures depuis 25 ans, que l'arrivée dans sa vie rangée d'un ancien compère et meilleur ami, Serge Suttel, personnage plausible mais n'ayant pas existé, fait basculer.
photo Gaumont
Ce qui explique bien probablement la gêne que l'on éprouve face à ces va et vient incessants entre présent et passé, et donc entre éléments biographiques et fiction, quand on aurait préféré un flash-back franc et long retraçant l'histoire du gang des Lyonnais et pas ces allers et retour, telle image faisant penser à telle autre etc... Le passé est traité en souvenirs, de manière synthétique, une somme de casses énergiques et bruyants, des scènes récurrentes de réjouissances dans des boites de nuit (rougies), et quelques scènes plus intimes comme ce déjeuner au restaurant organisé par un grand flic alors que Momom est en garde à vue ou une éprouvante scène de torture en sous-sol d'un commissariat. Mais surtout le réalisateur ne peut pas se décider à choisir un ton pour les images du passé : les scènes de flash-back démarrent en presque noir et blanc/sépia, puis en couleur pâlie, enfin se poursuivent dans la même tonalité que le présent.
Ce qui intéresse surtout Olivier Marchal, c'est l'histoire de fiction, les conséquences de cette amitié indéfectible entre Momom et Serge Suttel dont cet ancien truand sexagénaire, père de famille rangé, apprend le jour du baptême de son petit-fils qu'il vient d'être emprisonné. Incapable de ne pas venir en aide à Serge, Momom sous-traite avec une bande de voyous afin qu'ils enlèvent Serge lors de son transfert en prison via un hôpital, opération commando qui tourne à la boucherie. Furieux, Momom les renvoie mais Serge abat l'un d'entre eux, Carlo, le compagnon de sa fille Lilou qui la battait. Car Momom et Serge, amis depuis l'école, ont ensuite avec Dani et Christo fait ensemble les casses du gang des Lyonnais dans les années 70 (1970/1974) , mais se sont séparés quand Serge a touché au trafic de drogue, ce dont Momom ne voulait pas.
photo Gaumont
Bien qu'il suppute que Serge a été obligé de revenir à Lyon après 13 ans de cavale parce qu'il est recherché par un gang de la drogue avec qui les affaires ont mal tourné, Momom n'insiste pas quand l'autre reste évasif sur les vraies raisons des ses ennuis. Ce fameux code de l'honneur des anciens truands, qui n'existe plus depuis longtemps sauf au cinéma, Olivier Marchal le met en scène avec l'histoire d'Edmond Vidal pour qui la parole donnée est sacrée, l'amitié à la vie à la mort sauf que c'est à sens unique (mais il y a du sacrifice consenti dans une amitié vraie). Le gang des Lyonnais étant de surcroît connu pour préparer minitieusement ses casses et braquages et éviter de faire couler le sang, le premier polar mafieux d'Olivier Marchal (ses autres films étaient vus sous l'angle de la police) n'a pas choisi n'importe quel modèle de truand mais plutôt un truand modèle. D'ailleurs, le flic ici est très différent de ceux cassés des précédents films de Marchal, au contraire, c'est un personnage manipulateur mais très clean, plutôt sympathique.
Très rythmé, sans temps mort, le film est tiré par le haut par son casting assez exceptionnel : on a échappé au terne Auteuil! et, ici, on a le magnifique Gérard Lanvin qui se la joue un peu Gabin et ça lui va très bien. Face à lui Tcheky Karyo et Daniel Duval, que du lourd, des acteurs vrais dont le physique beau et ombré de fêlures explose sur l'écran déjà avant tout, des acteurs dont on dit qu'ils ont "une présence". Le générique sur "Black night" de Deep purple est un grand moment...
photo Gaumont