Aujourd’hui s’ouvre à Durban, en Afrique du Sud, la 17ème conférence des parties sur le climat qui se tiendra jusqu’au 9 décembre. 190 pays seront représentés et 25 000 délégués sont attendus. Les grands sujets abordés seront l’avenir du protocole de Kyoto, un éventuel cadre contraignant pour la réduction des émissions de GES et le financement des Fonds Verts pour les pays en développement.
- Les objectifs du sommet de Durban
Les principaux points à aborder sont les suites à donner au protocole de Kyoto, les bases d’un accord contraignant sur les réductions des émissions de GES et le financement des Fonds Verts.
Cette conférence est vue comme une conférence intermédiaire, dont l’objectif premier est de trouver un consensus sur la période post-2012 de l’accord de Kyoto, avant un accord global d’ici 2015/2020. Selon Emmanuel Guérin, directeur du programme Climat de l’IDDRI (Institut du Développement Durable et des Relations Internationales): «Il est probable qu’aucune décision ne sera prise avant 2014 ou 2015 sur la possibilité d’avoir un accord global contraignant. Durban doit d’abord servir à se mettre d’accord sur le fait d’envisager à terme un accord contraignant». Il ajoute : «La disparition de ce cadre laisserait non seulement les négociations dans le vide, mais conduirait également à la multiplication d’accords bilatéraux et à une fragmentation des marchés carbone, où chacun déciderait à quoi correspond un crédit carbone selon ses propres intérêts».
Les Fonds Vert pour le climat, dont l’objectif est d’aider les pays les plus vulnérables aux changements climatiques, ont été créés à Copenhague et confirmés à la conférence de Cancun en 2010. Mais ces engagements n’ont toujours pas été tenus à ce jour, et si la question des suites du protocole de Kyoto n’est pas réglée à l’issue de ce sommet, la question des moyens de financement des Fonds Verts pourrait l’être.
- Le protocole de Kyoto en danger
Aucune suite n’est encore prévue pour la période post-2012 du protocole de Kyoto, sachant que les deux pays les plus émetteurs de GES, à savoir les Etats-Unis et la Chine, ont refusé de le ratifier (ils représentent 40% des émissions mondiales à eux deux).
De plus, le Japon, le Canada et la Russie ont refusé de s’engager pour la période post-2012. Pourtant, les pays en voie de développement réclament un engagement de la part des pays industrialisés, de par leur «responsabilité historique».
La prolongation du protocole de Kyoto dépend donc de l’engagement de l’Union Européenne, qui ne représente que 11% des émissions de GES mondiales. Pour l’Europe, la condition est la rédaction d’une «feuille de route» qui poserait les bases d’un cadre global contraignant pour tous les pays, pour une entrée en vigueur aux alentours de 2020.
- Avis des experts climatiques
Selon plusieurs experts, dont l’AIE et le GIEC, il y a urgence et l’objectif de stabiliser le réchauffement climatique à 2 degrés ne sera pas tenable étant donné la tendance actuelle, et les projections de l’AIE tablent même sur une augmentation de 3,5 degrés.
Mais selon un rapport du PNUE, la stabilisation à 2 degrés est encore possible, à condition de réduire de manière significative les émissions de GES d’ici 2020. Il est nécessaire pour cela, selon ce rapport, de réduire les émissions de 6 milliards de tonnes d’ici 2020 (ce qui représente, à titre de comparaison, huit fois les émissions du Canada en 2009). Pour cela, il faudrait fixer la tonne de carbone à 34 dollars.
«Il faut conserver une approche « top down » pour les objectifs de réduction de GES», indique Sébastien Blavier, responsable du pôle international du RAC (Réseau Action Climat). «L’ONU ne peut pas se contenter d’être une chambre d’enregistrement des décisions prises par les Etats. Il faut sauver le cadre du Protocole de Kyoto, qui est la seule vision commune existante, avec des règles de comptabilisation communes».
- Avis Sequovia
L’avenir du protocole de Kyoto est en danger, plusieurs pays industrialisés refusant de s’engager pour la période post 2012. Pourtant, les enjeux du réchauffement climatique sont des plus en plus importants, et les émissions de GES ont battu des records en 2010. Dans le pire des scénarios, l’abandon du protocole de Kyoto conduirait à un blocage des négociations sur les autres questions, notamment sur celle du financement des Fonds Verts.
Il est pourtant indispensable que les négociations puissent aboutir à un consensus et sur la mise en place d’un futur cadre contraignant sur les émissions de GES. En effet, sans cet accord les objectifs de stabilisation à 2 degrés ne seront certainement pas atteints, et le lourd bilan carbone associé au déplacement des 25 000 représentants aura été vain.