Il y a un peu de monde ce jour devant l’Assemblée Nationale. Cette petite troupe bigarrée s’agite, mais son message est couvert par les bruits de la circulation. Les automobilistes pressés passent, sans rien voir, sans rien entendre d’autre que le vacarme continu des moteurs et des klaxons. Ils ont tort, parce que le cri d’alerte de quelques paysans protestataires est des plus importants : derrière les colonnes, dans l’hémicycle, on examine un texte qui remet en cause pour les hommes de la terre le droit de ressemer leur propre récolte.
«Tous les exploitants du monde agricole» doivent contribuer à l’effort de financement de l’innovation, via la CVO, indique t-on dans les rangs UMP. Tout le monde va donc devoir cracher au bassinet, où plus simplement, comment comment faire payer un usage élémentaire, naturel, totalement dénué de toute notion marchande… et rémunérer sans raison une nébuleuse de type Monsanto, quelque chose d’opaque qui n’apporte rien d’autre que du vent…
Après avoir fichu par terre la recherche agronomique publique (l’INRA), victime des coups de boutoir de la RGPP, nos représentants poussent une nouvelle manne «volontaire et obligatoire» dans des poches bien privées, leur offrant sur un plateau toute l’indépendance alimentaire d’un pays, d’un continent, du Monde. Quand il s’agit de faire des affaires de ce niveau, il n’y a depuis longtemps plus de frontières. On sait bien ce qu’il en ressortira : les OGM et le progrès génétique sauveront le monde de la faim… Mais bien sûr. Et la marmotte met le chocolat dans le papier alu…
Mais il finira par se lever, le vent de la révolte.