Magazine Cinéma
Résumé :Driss vient de sortir de prison et il a hâte qu’on lui valide ses papiers d’Assedic. Devenir l ‘aide à domicile de Philippe, un riche tétraplégique, très peu pour lui. Et pourtant. Il accepte, comme un défi, de travailler pendant un mois pour ce grand mélomane, qu’un accident de parapente a brutalement freiné… Leurs deux univers que tout oppose vont peu à peu s’apprivoiser et donner naissance à une histoire improbable et belle.
Critique :Basée sur une histoire vraie – dont le comte Pozzo di Borgo a été la victime – le dernier film du duo Nakkache et Toledano frappe fort. Question de timing et question de tempo.
La période est morose et cette belle aventure humaine, fondée sur une rencontre improbable où deux hommes que tout sépare acceptent de se regarder, de se parler puis d’échanger, est une bouffée d’oxygène en ces temps incertains.
Philippe et Driss ont pris la peine de mesurer ce que la vie leur avait apporté et ce qu’elle leur avait repris. Pour l’un, tradition, richesse et culture étaient au berceau mais la chute violente dans la montagne après la disparition brutale de la femme aimée avait ouvert comme une petite mort. Pour l’autre, l’exil forcé à huit ans - vendu par sa famille du Sénégal à une tante stérile éloignée, vivant en France – la nécessité de la débrouille dans une banlieue déprimante et du jeu des Grands Frères, lui a appris à se réjouir de l’instant et à ignorer le calcul.
Le duo François Cluzet / Omar Sy dépote et surprend dans ce contraste. Cluzet est immobile – rappelant Le Papillon de Julian Schnabel en plus virtuose – mais l’œil vif. Rongé par la peur de sa propre image, il n’ose pas le regard amoureux qui le libérerait. Sy est virevoltant et plein de mimiques. Il sait jouer les matamores et les don juan mais il montre aussi qu’il a un cœur énorme. Comme lorsqu’il traverse Paris, la nuit, à toute vitesse, pour divertir un Philippe morose, devenu son ami.
On n’aura qu’un petit regret. Ne pas voir et profiter davantage de l’amoureuse fugace d’un timide François Cluzet. On apprend toutefois qu’ils se retrouvèrent, partir au Maroc et eurent deux beaux enfants (dans « l’histoire vraie »)…
Déjà 8 millions d’entrées. Le public est là. Il rit et il en redemande. De cette solidarité simple et de ces regards francs. C’est sûr, se dit-il, la crise peut nous ouvrir à l’Autre.
Charlie