Rêvé pour l'hiver

Par Lisbeth_hugen

Je suis parfois monomaniaque genre je peux avoir des phases du type : "j'aime le rouge". Du coup, je m'arrange pour toujours avoir un vêtement rouge sur moi, acheter de la déco rouge, avoir mon compte en banque dans le rouge, manger que des fruits rouges...Bon okay j'exagère un peu, mais tout ça pour dire qu'il m'arrive d'avoir des lubies!

En ce moment, je suis dans ma phase "I love Patti Smith" (cf. ma note sur son concert ici). Ne possédant pas un brin de l'aura de Patti, il n'est donc pas question d'essayer une seule seconde de lui ressembler, cela serait pathétique (les pseudos sosies, c'est TOUJOURS pathétique). Ma monomaniaquerie a des limites quand même, j'espère du coup qu'elle n'est pas trop pathologique (et puis monomaniaquerie ne signifie pas mimétisme - en même temps si c'est pathologique ce n'est pas bien grave, l'Indispensable me dit toujours : "on est tous névrosés"). Mais bon, étant fort inspirée et transportée par les chansons de Patti, je me suis penchée sur ses sources d'inspiration à elle. Patti est une francophile éprouvant une réelle admiration pour Rimbaud... Du coup, depuis quelques jours, je lis Rimbaud et j'avoue que c'est l'occasion de nombreuses belles (re)découvertes. Rêvé pour l'hiver a été une véritable claque tant ce poème relate mes désirs les plus fous et intenses du moment : avoir le temps de contempler l'hiver qui se dessine en étant lovée contre le corps chaud de l'être aimé.

Alors pour adoucir ce lundi, je vous poste ce si beau poème :

L'hiver, nous irons dans un petit wagon rose
Avec des coussins bleus.
Nous serons bien. Un nid de baisers fous repose
Dans chaque coin moelleux.

Tu fermeras l'oeil, pour ne point voir, par la glace,
Grimacer les ombres des soirs,
Ces monstruosités hargneuses, populace
De démons noirs et de loups noirs.

Puis tu te sentiras la joue égratignée...
Un petit baiser, comme une folle araignée,
Te courra par le cou...

Et tu me diras: "Cherche!" en inclinant la tête,
Et nous prendrons du temps à trouver cette bête
Qui voyage beaucoup...

Arthur Rimbaud