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Pourquoi la loi des pectoraux ?

Publié le 28 novembre 2011 par Rsada @SolidShell

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Ce n’est un secret pour personne : la vie est une jungle. Rions un peu après la tempête et le récit de sinistres épisodes de notre vie collective ; voici donc revenu le temps de l’existentialité et des sujets plus légers. Comme vous le savez tous, entre gens bien élevés lors des dîners en ville, il n’est nulle question d’évoquer les attributs propres aux dames qui font souvent couler chez ces messieurs un filet de bave.

Que nenni ! Vous vous doutez bien que, surtout chez nos amis les gays, les attributs féminins –aussi beaux et généreux soit-ils – n’attirent guère la convoitise et ne monopolisent pas les conversations. Non, entre « mecs », lors d’un renommé café littéraire autour d’un verre, les regards s’étirent et se détachent pour se porter en une fraction de seconde sur le bel inconnu, viril et robuste, qui vient affirmer devant ses pairs l’autorité de sa supériorité plastique. Teint halé, dents blanches et corps sculpté, le col V trouve ici sa parfaite utilité en révélant aux regards extérieurs, deux superbes pectoraux ouvertement prononcés et parfaitement galbés !

A cet instant, les esprits coquins (ou chagrins), encore tout remués et bercés par une rhétorique commune, lancent d’une voix unanime une tirade teintée d’un bon fond de jalousie : « Mais que dois-je faire pour avoir les même ! ». Ceux qui en ont tourneront la tête en roulant des yeux tout en lançant un « pffff » de mépris ; ceux qui pensent en avoir se les toucheront pour se rassurer et lancerons à qui veux bien les entendre « m’en fous j’sais ce que je vaux ! » ; enfin, les plus démunis, les sans logis du torse ou les « j’aimerais bien qui poussent un jour ! », baissent la tête honteusement en serrant la mâchoire et en omettant d’ajouter une injure malgré l’affront qu’ils viennent de recevoir.

Voici mesdames et messieurs, la triste vie de l’homme, qui fait que, dans la société dans laquelle nous vivons, règne un châtiment suprême où le mâle qui a depuis longtemps perdu son âme, sait que pour être vu ou aperçu, il doit répondre au critère impérial de la loi des pectoraux !

« Que l’homme à son buste n’a point d’épaules et de pectoraux, sa vie ne sera que lourd fardeau ».

Pour celles et ceux qui demandent à être convaincus, j’en prends pour preuve et j’ajoute que pour celui qui s’égare dans sa penderie, n’aura de vertu à suspendre ses atours que sur des cintres galbés et de qualité ! Oui oui, vous savez, le cintre noir, bien épais avec des bords élargis sur les épaules ! Hors de question d’enfiler sa belle chemise ou son joli veston sur le vilain cintre gris, fin et très effilé, qui vous donnera l’aspect (peu envié) que vous souhaitez gommer du gringalet !

Je concède ici, connaître dans mon entourage, toutes les formes de pectoraux dont je vous aie fait le récit plus haut. Je connais le cintre gris amer, le je m’en foutiste fataliste, le Pinocchio égérie de l’Oréal qui sait ce qu’il vaut, la bombasse formée mais modeste et le bel inconnu qui énerve tout le monde ! Tous, je les connais tous !

Pour ma part, si l’ensemble n’est pas forcément comme je l’aurais souhaité, la nature –guidée par l’addition de ce qu’on pu fait ma mère, la sage-femme et le hasard- ne m’a point donné deux mamelles dures et généreuses. Dans sa funeste bonté, elle a toutefois bien voulue m’en accorder la forme. Ainsi, malgré mes complexes et mes envies, j’ai choisi de répondre avec mes propres armes à la dure loi des pectoraux !

Lors d’un récent passage chez Uniqlo, une fois enjambé les sacs des dames s’étant donné rendez-vous à l’étage des Hommes, j’ai trouvé les quelques atours qui me permettront d’envoyer à mes semblables le message codé du : « t’as vu j’en ai ! ». Même si cela est très exagéré, une fois pris dans les mailles de mon filet, ils seront bien contraints d’avouer qu’ils se sont fait lourdement berné !

Pour parvenir à mes fins, j’ai opté pour l’efficacité ! Qui a des pectoraux (ou seulement la forme) les montrera ! Pour cela, les tailles S et XS sont les seules autorisées. (Ndrl : XS oui, mais faut être sur de tout faire glisser à l’intérieur).

Mesdames, Messieurs, la représentation est terminée ! La seule utilité du spectacle que je viens de donner est de vous prouver une certaine nécessité. Celle de n’avoir point besoin d’être bien né pour rire de tout en société et pour faire de sa vie une Ode à la gaieté !

A la manière de David Ben Gourion : « Vous devez toujours savoir distinguer l’essentiel de la futilité ».  


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