La Science du risque
Le « Lloyd’s Science of Risk Prize » récompense chaque année des travaux de recherches portant comme son intitulé l’indique sur la « Science du risque ». Le gagnant de cette édition 2011 qui s’est déroulée le 24 novembre dernier est Klaus Wunderlich et son équipe de l’UCL Wellcome Trust Centre for Neuroimaging.
L’imagerie cérébrale pour étudier le risque comportemental
Ces recherches portant sur le risque comportemental (behavioural risk), ont mis en évidence la manière dont le cerveau humain prend des décisions relatives au risque. Wunderlich et son équipe ont découvert que le Cerveau apprend et intègre les corrélations entre risque et récompense et les utilise lors des processus de prise de décision, rien de nouveau sous le soleil me direz-vous, mais ce que ces recherches suggèrent c’est que le cerveau peut s’avérer plus performant (en termes d’efficacité liée à l’évaluation du risque) en apprenant à travers l’expérience et l’observation continue qu’en étudiant statistiques et autres diagrammes. Ces découvertes sont bien sûr d’un intérêt tout particulier pour les assureurs qui doivent prendre des décisions financières basées sur les corrélations (understanding correlations ), et pourraient être mises à profit pour mettre en place de meilleures stratégies de prises de décision estime Wunderlich
Un sujet qui intéresse nécessairement les sociétés d’assurance
Le jury a récompensé au final l’approche basée sur l’utilisation des technologies innovantes liées à l ‘IRM cérébral (brain scanning) pour étudier des problématiques « chères » aux assureurs…
“The entry stood out as behavioural risk is such an important topic for insurance and because the paper is stimulating research into this key topic.”
Assurances auto mais aussi assurances santé
L’autre volet des études sur le risque comportemental porte lui sur les comportements des assurés. Il est au coeur de bien des préoccupations des assureurs : Pour les assurances auto, avec le développement du « pay as you drive » aux USA (à ne pas confondre avec le Pay per use, ie assurance au kilomètre), mais aussi en ce qui concerne les assurances santé, puisqu’il fait notamment déjà l’objet d’une grande enquête par le Center for disease control and prevention américain ( Behavioral Risk Factor Surveillance System). C’est la grande tendance aussi en France où les assureurs comme les autorités de santé mettent de manière croissante l’accent sur le rôle du comportement et des « habitudes de vie » dans le développement des pathologies (on pense bien sûr aux maladies chroniques, en particulier à l’obésité et au diabète). Ce genre de recherche n’augure a priori « pas que du bon » pour les malades : Le « risque avéré » en plus d’une stigmatisation (déjà à l’oeuvre) des comportements jugés «à risques » pourrait bien être la création d’arguments supplémentaires pour « restructurer » le mécanisme de prise en charge à 100% des affections longues durées…
Le risque de l’évaluation du risque
Plus généralement, cet accent mis sur l’aspect « comportemental » du risque porte en germe les systèmes d’assurance pénalisant les comportements à risques, comme cela existe notamment aux Etats-Unis ou l’Allemagne. Ou encore – ou plus vicieux – valorisant les comportements jugés conformes (primes d’assurances moins chères en Allemagne chez certains assureurs pour les non- fumeurs par exemple…). Attention aux dérives !
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