L’art de la répétition (l’anti-Donoma ?)

Par Borokoff

A propos de L’art d’aimer de et avec Emmanuel Mouret 2 out of 5 stars

Julie Depardieu, Laurent Stocker

A Paris, tandis que les célibataires cherchent désespérément l’âme sœur, les couples se font et se défont, suivant le hasard des rencontres et les caprices d’une petite musique intérieure qui pourrait bien être celle de l’amour. A moins que les héros de ces saynètes ne confondent désir et amour, envie d’une aventure (fantasme ?) et désir pulsionnel…

Les couples dont parle Emmanuel Mouret dans L’art d’aimer, hormis celui formé par Gaspard Ulliel et Elodie Navarre, ont la quarantaine voire plus. Installés dans le confort d’une vie bourgeoise et une certaine routine inhérente à leur vie à deux, ils rêvent d’adultère avant de se sentir rongés par le doute et la culpabilité.

Alors que leur imagination comme leurs fantasmes débordent, aucun ne passe à l’action. Chacun reste bien sagement en couple et au final, ce sont les célibataires qui s’éclatent vraiment dans des scènes cocasses et riches en quiproquos.

Frédérique Bel, François Cluzet

Que penser du dernier film de Mouret, dont on garde en mémoire des pochades amoureuses au comique subtil ? Chez Mouret, qui apparait de nouveau ici comme acteur, les rencontres et la naissance du sentiment amoureux se caractérisent par la maladresse de ses personnages, leur côté emprunté, gauche voire pataud. Se héros ne manquent-ils pas au fond comme la voisine d’Achille (Frédérique Bel) de confiance en eux-mêmes ?

L’émotivité donne lieu à des sous-entendus involontaires. Pour Mouret, la dialectique amoureuse est comme une chanson sortie spontanément du cœur de ses personnages et dont les dialogues (monologues à haute-voix ?), teintés de tautologie, leur permettent paradoxalement de retomber (comme par miracle) sur leurs pieds. Mouret raffole de ces glissements de langage comiques qui sont autant de lapsus révélateurs.

Et les dialogues constituent la partie la plus convaincante de L’art d’aimer, entrecoupé de pancartes comme « Le désir est inconstant », « Sans danger, le plaisir est moins vif » qui sont autant de dictons et d’adages populaires.

Mais malgré quelques scènes assez drôles comme celle du couple formé par Julie Depardieu et Laurent Stocker qui ne savent pas qu’ils couchent l’un avec l’autre puisqu’ils doivent se retrouver à chaque fois dans l’obscurité d’une chambre d’hôtel, Mouret répète un peu les mêmes paroles d’amour que dans ses films précédents.

Ce n’est pas que le film soit désagréable à suivre, mais il constitue une sorte de variation un brin redondante et trop sage par rapport à Changement d’adresse (2007) ou Fais-moi plaisir ! (2009). Ses personnages paraissent moins fouillés, le grotesque ou l’incongruité des situations pas assez poussés. Du coup, on s’ennuie un peu malgré la présence de Cluzet (Achille) au générique.

Mouret n’aurait-il pas fait le tour de son sujet de prédilection ?

www.youtube.com/watch?v=5B4Dgi5M9mM

Film français de et avec Emmanuel Mouret, François Cluzet, Frédérique Bel, Julie Depardieu, Laurent Stocker… (01h25)

Scénario : 2 out of 5 stars

Mise en scène : 2 out of 5 stars

Acteurs : 3 out of 5 stars

Dialogues : 3 out of 5 stars