« Qu’est-ce que tu veux que j’te dise mon pauvre Gégé, on est gouverné par des cons ! » C’est pas du Audiard, c’est du bistrot d’en face, mais ça n’en est pas moins pertinent pour autant. Pourquoi un tel coup de grisou ? Rien de grave, rassurez-vous, nous disposons toujours de notre triple A ; ce qui pour ma part constitue une vraie nouveauté au regard de mon parcours scolaire. Les faits : samedi 26 novembre, à quelques stations de métro du cœur de Londres, dans le cadre champêtre de Twickenham, un peu comme le stade du Pyanet à Hyères mais avec quatre rangées et six fauteuils de plus, les Barbarians accueillaient l’Australie. Épatant, depuis combien de temps étions nous sevrés de matchs internationaux ? Diantre, mais ça se compte en semaines ! Alors donc les Australiens comme un banc de retraités du Wisconsin qui se font l’Europe en six jours s’offrent une tournée sur le Vieux Continent. La semaine prochaine, ils affrontent Pays de Galles, comme pour la troisième place de la Coupe du monde. Formidable. Ensuite, s’ils continuent encore un peu à l’Ouest, ils pourront défier les terribles pêcheurs de Saint-Pierre-et-Miquelon. En laissant une telle tournée se mettre en place, l’IRB, l’instance mondiale (on est gouvernés…) envoie un signe fort à tous les clubs qui, à juste titre, s’alarment de la surcharge du calendrier, du mépris teinté d’une bonne lampée de condescendance. Les joueurs gallois qui viennent de retrouver leurs clubs devront-ils être libérés la semaine prochaine ? Sylvain Marconnet sélectionné avec les Barbarians ce week-end n’aurait-il pas été plus utile au Biarritz Olympique pour résister au Racing ? L’IRB s’n moque. Fut-elle présidée par un Français, Bernard Lapasset, elle joue le jeu du rugby sudiste avec une telle morgue que ça en devient gênant. Le Sud ne se préoccupe que de ses franchises et de ses équipes nationales. Jusqu’à quand l’Europe doit-elle se laisser dicter les règles ? La France et l’Angleterre disposent des meilleurs championnats domestiques et, surtout, d’une puissance financière capable d’infléchir quelques décisions. Comment ces deux nations vont-elles réagir à l’entrée de l’Argentine dans le tournoi du Sud, ex Tri Nations, aux côtés de la Nouvelle-Zélande, l’Australie et l’Afrique du Sud ? Elles emploient 90% de l’effectif international argentin qui s’absentera, du coup, pendant quatre mois et jouera 12 mois sur 12 pour assurer à la fois avec les clubs et la sélection nationale. Bien sûr, il était urgent d’inscrire les formidables Argentins dans un tournoi d’envergure, mais encore eut-il fallu le faire en tenant compte de la localisation de ses joueurs. Guy Novès et tous les entraîneurs peuvent bien pester après l’absence de leurs internationaux, français et étrangers, peu importe à l’IRB. Qu’ils les paient et se taisent. A moins que l’IRB cherchent à nous pousser vers la solution des franchises. Une totale aberration de ce côté ci de l’Hémisphère. Tous les Brumbies – Bulls, les Crusaders – Sharks ne valent pas un pet de lapin devant une affiche à Mayol, une soirée à Jean-Dauger ou une fin d’après midi à Pierre-Antoine. Enfin, pour l’anecdote, l’Australie a écrasé les Barbarians 60 à 11, ce qui constitue à la fois la plus lourde défaite jamais encaissées par les Baa-Baa’s et un match sans le moindre enseignement. Sauf pour le caissier de Twichenham évidemment.