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De Sacha à Macha, de Rachel Hausfater et Yaël Hassan

Par Liss
Après avoir passé la semaine dernière à faire l'apologie de l'épistolaire sur facebook, disant notamment que les courriels, les SMS et autres chats n'égaleront jamais en émotion, en beauté et en pureté la bonne vieille lettre papier, cela peut sembler un peu curieux que je vienne vous parler du bien que m'a fait la lecture d'un roman entièrement constitué d'échanges... électroniques.
Vous auriez espéré que je vous parle des Liaisons dangereuses de Laclos ? Une autre fois, peut-être. Pour l'instant je suis bien ancrée au XXIe siècle. En effet, on ne peut se voiler la face : les courriers que les amis, les connaissances s'envoient aujourd'hui se font presque exclusivement par le biais d'Internet. La poste ne sert plus que pour des envois de nature administrative, ou pour des cartes postales, lorsqu'on est loin des siens, mais là également le virtuel a pris le pas sur le réel, de nombreux sites proposant des cartes postales électroniques. Mon ami Cunctator a fait (ci-dessous) une mise au point intéressante sur les divers moyens de communiquer aujourd'hui, je n'y reviens donc pas.
Je dis simplement que Internet a des aspects pratiques non négligeables : la rapidité, le fait de ne pas avoir besoin de se déplacer, de faire la queue pour acheter un timbre etc... Cependant le courriel perd-il totalement en émotion, en chaleur ? En lisant ce court roman écrit à quatre mains, on retrouve le plaisir de la correspondance, sa vivacité, mais aussi le voile et le dévoilement qui caractérisent la communication par l'écrit.
De Sacha à Macha, de Rachel Hausfater et Yaël Hassan
Sacha est un adolescent plutôt solitaire. Il est en classe de troisième et vit avec son père. Il décide d'envoyer des mails à des destinaires inconnus, des filles au prénom à consonnance russe. Il a ses raisons. Il essaie des pseudo comme "Natacha", puis "Anouchka", avec le message suivant : "Il y a quelqu'un ?" Mais les mails lui reviennent : les adresses sont invalides. Il essaie avec Macha. Là, contre toute attente, il obtient une réponse : "Bien sûr qu'il y a quelqu'un, puisque je suis là, moi ! Quelqu'un ou plutôt quelqu'une. Ou même ni quelqu'un ni quelqu'une mais moi, Macha..."
C'est ainsi que commence la relation épistolaire entre ces deux adolescents, car la jeune fille, Macha, est à peu près du même âge que Sacha, elle est en quatrième. Les deux correspondants, ainsi que le lecteur, apprennent des éléments l'un sur l'autre mail après mail. Ils s'accordent pour ne pas se livrer en "en vrac", préférant se deviner, approcher la vérité à tâtons :
"Je suis d'accord pour avancer à tout petits pas, à tout petits mots. ça ferait trop peur, sinon. Et puis quand on dit tout, on ne dit souvent rien. Parce qu'il y a des choses qu'on ne peut pas dire d'un coup, et ce sont justement celles-là qui sont importantes. Et vraiment vraies."(page 20)C'est ce que déclare Sacha à Macha. Et celle-ci comprendra, au fil des jours et des échanges, qu'il y a un sujet que celui se refuse à aborder. Elle comprendra qu'un drame a dû se produire qui explique le comportement de son correspondant.
Humour, profondeur, humanité, sincérité... Rachel Hausfater-Douieb et Yaël Hassan ont toutes deux mis dans leur livre les ingrédients qui feront que vous trouverez celui-ci captivant, même si vous n'êtes plus ado.
Rachel Hausfater-Douieb et Yaël Hassan, De Sacha à Macha, Flammarion jeunesse, 160 pages, première édition : 2001.

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