Adolphe de Benjamin CONSTANT

Publié le 28 novembre 2011 par Melisende

Adolphe
de
Benjamin CONSTANT

Editions de l'Eventail SA,
?, p. 149
Première Publication : 1816

Benjamin Constant de Rebecque, né à Lausanne le 25octobre1767, décédé à Paris le 8décembre1830, inhumé au cimetière du Père-Lachaise, est un romancier, homme politique, et intellectuel engagé franco-suisseL’étude de la genèse du roman fait apparaître une correspondance évidente entre l’intrigue et les vicissitudes de la relation amoureuse qu’entretenait Constant avec Madame de Staël. La présence du « je » narratif nous conduit à privilégier la seconde piste. Ainsi a-t-on parlé d’Adolphe comme du « parapluie de Benjamin Constant », allusion aux orages de sa relation avec la talentueuse et rugueuse fille de Neker. Toutefois, comme le souligne T. Todorov, l’hypothèse selon laquelle le bref roman Adolphe (...) a été « longtemps considéré comme une autobiographie à peine déguisée » est une interprétation « devenue aujourd’hui intenable ».
Wikipédia
dolphe vient tout juste de terminer ses études à l’université. A 22 ans à peine, il cherche à expérimenter les choses de la vie et se pose de grandes questions au sujet de l’Amour… Par orgueil, ou peut-être simplement par goût du défi, il croit se prendre de passion pour Ellénore - une femme de trente ans installée avec son bienfaiteur et leurs enfants - qu’il s’évertue à séduire.
Malheureusement, il se rend compte bien vite qu’il s’est lancé dans une relation étouffante. Ellénore est très amoureuse et prête à tout quitter - famille et réputation - pour lui mais lui s’enlise, n’osant pas lui avouer qu’il doit la quitter…


Cette lecture remonte à pas mal de temps maintenant (presqu’un mois en fait), je vais peut-être peiner à mettre mes idées en place (avec ma mémoire de poisson rouge) mais je vais tenter de faire de mon mieux.
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epuis plusieurs mois, mes lectures sont surtout tournées vers l’Imaginaire (le grand groupe de la SFFF and Co’), ayant laissé les classiques et autres joyeusetés de côté (alors que j’en lisais encore beaucoup il y a un an ou deux… comme quoi, chaque période de la vie d’une lectrice est propice à un genre !). Me replonger dans un texte du début du XIXème siècle n’a pas été dénué d’appréhensions mais j’ai finalement passé un très bon moment avec ce très court « roman ».
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L’intérêt de ce court texte (à peine 150 pages dans l’édition que l’on m’a prêtée), c’est le point de vue adopté. Adolphe est l’unique narrateur, tout passe par son ressenti. « Mémoires » ou « journal intime », peu importe le nom que l’on peut donner à ce texte, retenez surtout qu’avec le « je » le lecteur n’a que le point de vue d’Adolphe, jamais celui des autres personnages (Ellénore par exemple). On suit donc les pensées du personnage, ses interrogations et on découvre petit à petit sa souffrance. Aimé passionnément d’une femme qu’il n’aime pas, il ne sait comment se sortir de cette situation, trop lâche pour prendre une décision qui ferait souffrir son amante. Voilà une citation (celle que je retiens surtout de cette lecture) qui résume assez bien les évènements : « C’est un affreux malheur de n’être pas aimé quand on aime ; mais c’en est un bien plus grand d’être aimé avec passion quand on n’aime plus. » (Chapitre V). De son côté, Ellénore semble prendre plaisir à culpabiliser l’homme qu’elle aime, profitant à outrance de l’emprise qu’elle a sur lui.
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Sans vouloir spoiler (même si le dénouement n’est pas une surprise en soi et n’est pas ce qui est le plus important à mon sens, l’intérêt étant plutôt dans le cheminement qui conduit à cette fin), sachez que ces 150 pages se terminent tragiquement (évitez cette lecture si vous avez déjà le moral dans les chaussettes…). On peut alors se demander qui est le coupable… Adolphe pour sa lâcheté pendant toutes ces années (il aurait pu les libérer tous les deux de cette relation destructrice) ? Ou Ellénore pour son emprise sur le jeune homme (comprenant la souffrance de son amant, elle aurait pu cesser son emprise sur lui) ?
On m’a demandé si j’étais touchée par l’un des deux personnages (ou les deux) et en y réfléchissant… non, je ne crois pas. Je peux les comprendre, chacun de leur côté, mais je ne peux pas m’empêcher de les trouver agaçants ; à mon sens, ils sont toutes les deux responsables de ce qui leur arrive. Je ne suis pas touchée par Adolphe ou Ellénore aujourd’hui, mais j’aurais pu l’être il y a quelques années tant leur histoire se rapproche de celle que j’ai pu vivre. Et si leur façon d’agir m’agace autant aujourd’hui, c’est peut-être parce que j’y reconnais ce que j’ai pu être à une époque et que je me suis jurée de ne jamais plus être ! Alors, touchée dans le sens « j’ai de la sympathie pour eux » non, touchée dans le sens « leur histoire m’a fait réagir d’une façon ou d’une autre » oui ; et c’est sans doute le principal.
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Si l’intrigue n’est pas des plus passionnantes et le dénouement sans surprise, le cheminement jusque là et les interrogations avancées par Adolphe méritent de se pencher sur ce court texte, qui plus est relativement bien écrit et abordable (pas de tournures trop désuètes).
Petite précision supplémentaire : ce titre m’a été prêté et donc conseillé par un jeune homme qui avait beaucoup aimé sa lecture ; Adolphe n’est donc pas un titre féminin et peut interroger la gent masculine quelques points…
Les Petits [ + ] :  Quelques questionnements sur l’Amour (la responsabilité de nos actes). Adolphe est le narrateur unique, l’utilisation du je donne ce côté « journal intime » ou « mémoires » qui permet aux lecteurs de suivre au plus près les pensées du personnage. Le texte est court (150 pages à peine) et relativement abordable (évidemment, il date du début du XIXème donc propose un vocabulaire et des tournures de phrases d’époque, mais rien d’alarmant ; c’est même très agréable !).
Les Petits [ - ] :Les deux protagonistes m’ont paru agaçants (mais c’est un avis très personnel). Le dénouement est sans surprise, mais ce n’est pas ce qui importe.